Wall Street ne parvient toujours pas à confirmer son rebond. Les indices new-yorkais ont nettement reculé ce jeudi, pour la deuxième séance consécutive, après les chiffres hebdomadaires des demandes d'allocation chômage, au plus haut depuis 1982. De plus, les incertitudes liées au vote au Sénat du plan d'aide au secteur automobile et les déclarations alarmistes du PDG de JPMorgan ont plombé le moral des investisseurs.

Le Dow Jones perd 2,24% à 8.565 points, le Nasdaq recule de 3,68% à 1.508 points et le S&P 500 cède 2,85% à 874 points.

La situation du marché de l'emploi ne s'améliore pas, alors que 533.000 emplois ont été détruits en novembre, portant le taux de chômage à 6,7% de la population active, son plus haut niveau depuis 1993. La semaine dernière, 573.000 nouvelles demandes d'allocations chômage ont été effectuées outre-atlantique, du jamais vu depuis novembre 1982. Les économistes attendaient en moyenne 525.000 inscriptions.

En moyenne sur quatre semaines, chiffre considéré comme plus représentatif d'une tendance, le nombre des nouvelles inscriptions a continué d'avancer par rapport à la semaine précédente, passant de 526.250 à 540.500. Le chômage indemnisé a aussi fortement progressé, de 0,2 point, pour atteindre 3,3% de la population active. Le nombre de chômeurs indemnisé est désormais de 4,4 millions.

Du côté des valeurs, General Motors et Ford plongent respectivement de 10,43% à 4,12 dollars et de 10,77% à 2,90 dollars. Les mances d'un bloclage du plan de sauvetage des constructeurs automobiles américains au Sénat se précisent. Les sénateurs républicains se sont montrés hostiles au projet et pourraient faire obstacle au vote. La Chambre des représentants a largement adopté mercredi soir ce plan qui prévoit l'octroi d'un prêt de 14 milliards de dollars aux trois groupes de Detroit.

Les valeurs bancaires sont également en forte chute alors que le patron de JPMorgan Chase a prévenu que les mois de novembre et de décembre ont été encore plus "terribles" que prévu. Le titre de la banque perd 10,68% à 29,94 dollars. Bank of America cède 10,67% à 14,91 dollars, Citigroup recule de 8,80% à 7,57 dollars et Wells Fargo abandonne 11,27% à 25,90 dollars. Les marchés s'inquiètent par ailleurs des répercutions sur les banques d'une possible faillite de l'un des trois constructeurs automobiles américains.

Sprint Nextel plonge de 14,05% à 2,08 dollars. L'agence d'évaluation financière Moody's a annoncé ce mercredi qu'elle abaissait de deux crans la note de l'opérateur téléphonique américain. Avec une note à "Ba2", le titre rejoint les valeurs spéculatives.

Procter & Gamble cède 0,91% à 58,58 dollars. Le fabricant de produits de grande consommation a confirmé ce jeudi ses prévisions de résultats, tablant sur un bénéfice par action (BPA) compris entre 1,58 et 1,63 dollar au titre de son deuxième trimestre et entre 4,28 et 4,38 dollars pour l'ensemble de l'exercice. Des chiffres supérieurs aux attentes des analystes. Le groupe a cependant précisé que son chiffre d'affaires serait mois élevé que prévu ce trimestre en raison du ralentissement de la demande dans les pays développés.

Le numéro un américain des magasins-entrepôts Costco Wholesale chute de 3,04% à 52,06 dollars. Pourtant, le groupe a dégagé un bénéfice net de 263 millions de dollars au titre de son premier trimestre. Hors exceptionnels, il ressort à 65 cents par action, là où le consensus du marché s'établissait à 62 cents. Mais comme l'ensemble du secteur de la distribution, Costco est pénalisé ce jeudi par les chiffres du chômage et par leurs répercutions sur la consommation des ménages.

Boeing recule de 3,38% à 40,27 dollars. L'avionneur américain a confirmé ce jeudi de nouveaux retards dans les premières livraisons du 787 Dreamliner, son futur long courrier. Elles n'auront lieu qu'au premier trimestre 2010, soit six mois après le dernier calendrier officiel. Le premier appareil devrait ainsi être livré à la compagnie japonaise All Nippon Airways avec deux de retard sur la date initiale. Le premier vol d'essai a lui aussi été repoussé de six mois.

Le fort rebond des cours du pétrole, qui ont gagné plus de quatre dollars dans l'attente de la réunion de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) la semaine prochaine, n'a pas vraiment profité aux valeurs pétrolières. Chevron gagne 1,30% à 79,46 dollars mais Exxon Mobil perd 0,06% à 80,02 dollars et ConocoPhillips cède 0,94%% à 52,81 dollars.

American International Group recule de 1,14% à 1,73 dollar. L'ancien premier assureur mondial a indiqué ce jeudi que ses cessions d'actifs devraient prendre du temps en raison de la situation économique. Le groupe doit rembourser un prêt de 152 milliards de dollars accordé par les autorités américaines pour lui éviter la faillite. Selon le Financial Times, AIG envisagerait de céder pour 15 milliards de dollars d'actifs avant la fin de l'année.

Visa abandonne 2,01% à 52,09 dollars. Le premier réseau mondial de cartes de crédit a indiqué qu'il devrait atteindre ses objectifs de résultats l'an prochain. Le groupe prévoit une croissance de son chiffre d'affaires dans le haut de sa fourchette initiale de prévisions allant de 11 à 15% au premier semestre. Son bénéfice net par action devrait progresser de 20%.

Enfin, Eli Lilly progresse de 1,74% à 35,62 dollars. Le groupe pharmaceutique s'attend à perdre entre 1,56 et 2,06 dollars par action en 2008 alors que les coûts d'intégration de son concurrent d'ImClone Systems, racheté le mois dernier pour 6,5 milliards de dollars, s'avèrent plus important que prévu. Pour 2009, Eli Lilly table sur un BPA allant de 4 à 4,25 dollars, contre 4,27 dollars attendus par les marchés.