Vent de panique à Wall Street, à qui la faute ?

Le Dow Jones a plongé jeudi de 3,20% (après avoir chuté de plus de 8% quelques minutes plus tôt) à 10.520 points, le Standard & Poor's 500 de 3,24% à 1.128 points et le Nasdaq de 3,44% à 2.320 points. L'euro est passé sous la barre de 1,26 dollar, pour la première fois depuis mars 2009 tandis que le pétrole a encore dévissé.

Wall Street  a connu un véritable vent de panique jeudi, toujours du fait des craintes concernant la zone euro et de la baisse de l'euro et du dollar face au yen, avant de se reprendre en partie. Le Dow Jones plonge in fine de 3,20% (après avoir chuté de plus de 8% quelques minutes plus tôt comme on le voit ci-dessous dans le graphique de Google Finance) et 348 points à 10.520 points, le Standard & Poor's 500 de 3,24% et 38 points à 1128 points et le Nasdaq de 3,44% et 83 points à 2320 points.

L'euro est passé par ailleurs sous la barre de 1,26 dollar, pour la première fois depuis mars 2009. Le pétrole a encore dévissé, pour la troisième séance consécutive et finit en baisse de 2,86 dollars à 77,11 dollars le baril sur le marché américain.

 

Que s'est-il passé?

Tous les gérants interviewés sur ce vent de panique, le plus spectaculaire en variation"intraday" depuis le krach de 1987, racontent la même chose : quelques minutes de folie où chacun voulait tout vendre : obligations d'Etat européennes - les inquiétudes jeudi sur l'Italie après la Grèce, le Portugal et l'Espagne ont alimenté les craintes - , obligations américaines (!), pourtant considérées comme les plus sûres du monde, pétrole... Avant de retrouver un peu de sérénité et de constater les dégâts.

Mais quelques minutes après ce coup de folie, les experts commençaient à pointer du doigt de possibles erreurs dans les transactions, notamment sur le titre du géant des produits de grande consommation Procter & Gamble qui a perdu un moment 37% (!) avant de finir en baisse de 2,27% à 60,75 dollars. Le groupe 3M (créateur notamment du Scotch et du Post-it) a plongé de quelque 15% durant quelques secondes. La société de conseil et services informatiques Accenture a connu pire avec un passage de 40 dollars l'action à moins d'un dollar...

Le Nasdaq aurait également identifié des problèmes techniques qui pourraient avoir alimenté la tempête. Du coup, la Bourse électronique américaine a annoncé l'annulation de transactions résultant en un changement trop important du prix de certaines actions. "Il n'y a aucune indication à l'heure actuelle qu'un opérateur du Nasdaq ait subi un problème technique en relation avec cet événement", écrit la plateforme boursière dans un communiqué.

Pour autant, le groupe "va annuler toutes les transactions effectuées entre 14H40 et 15H00 (18H40 et 19H00 GMT) à des prix plus élevés, ou moins élevés de 60% du dernier cours enregistré pour ce titre à 14H40 ou immédiatement avant", annonce-t-elle.

La journée aura donc été maudite pour la technologie boursière, la Bourse de Paris étant, elle, restée deux heures sans cotation de l'indice CAC40.

Un possible "gros doigt"

Les télévisions américaines ont avancé l'hypothèse selon laquelle un trader de Citigroup aurait tapé par erreur "milliards" au lieu de "millions" - un "gros doigt" en jargon technique - concernant une transaction qu'il voulait passer sur l'indice Standard & Poor's 500 et qu'il a passé...sur des actions Procter and Gamble.

Mais sur CNBC, le patron de l'opérateur boursier transatlantique NYSE Euronext, Duncan Niederauer, ne valide pas forcément la thèse de l'erreur humaine. Il a indiqué que face à la panique, le NYSE avait décidé de suspendre la cotation de certains titres pendant 30 à 90 secondes. Les ordinateurs des maisons de courtage qui opéraient sur ces titres auraient été trompés par cette interruption et généré en retour des ordres massifs de vente. "C'est la structure de marché que nous avons tous choisie aux Etats-Unis", a-t-il commenté. "Nous devons accepter de telles choses surviennent en périodes de volatilité exacerbée".

Les régulateurs boursiers américains,  la SEC (Securities and Exchange Commission), et celui des marchés des produits dérivés, la CFTC, Commodity Futures Trading Commission, promettent d'étudier de près les raisons de ce brusque plongeon et de "prendre des mesures pour protéger les investisseurs". Pour cela, ils indiquent  dans un communiqué commun qu'ils "travaillent étroitement avec les autres régulateurs financiers, ainsi qu'avec les plateformes d'échanges, pour étudier l'activité inhabituelle observée brièvement cet après-midi. "Nous rendrons nos conclusions publiques ainsi que des recommandations en vue d'une action appropriée".

Nouveaux indicateurs macroéconomiques positifs

Le marché américain n'a du coup pas profité des bons chiffres de la productivité aux Etats-Unis. Cet indice, qui mesure la production horaire par salarié, a augmenté de 3,6% par rapport au quatrième trimestre, alors que les analystes interrogés par Reuters s'attendaient à une hausse de 2,5%. Les chiffres du quatrième trimestre ont à nouveau été révisés et la hausse de la productivité a finalement été de 6,3% en fin d'année dernière (contre +6,9% annoncé précédemment).

Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont par ailleurs diminué aux Etats-Unis lors de la semaine au 1er mai, à 444.000 contre 451.000 (révisé) la semaine précédente, a annoncé jeudi le département du Travail. Les économistes attendaient en moyenne 440.000 inscriptions au chômage. Les inscriptions de la semaine au 24 avril ont été révisées en hausse par rapport à une estimation initiale de 448.000. La moyenne mobile sur quatre semaines s'établit à 458.500 contre 463.250 (révisé) la semaine précédente. Le nombre de personnes percevant régulièrement des indemnités s'est élevé à 4,594 millions lors de la semaine au 24 avril contre 4,653 millions la semaine précédente.

Les investisseurs n'ont pas été rassurés non plus par l'annonce de Freddie Mac, le numéro deux américain du refinancement de crédits hypothécaires derrière Fannie Mae qui a perdu 8 milliards de dollars au premier trimestre et a demandé une aide fédérale supplémentaire de 10,6 milliards de dollars en raison de la fragilité persistante du marché immobilier. Le titre Freddie Mac perd 5,59% à 1,35 dollar.

A noter dans le secteur financier que le président de la banque centrale américaine, la Fed, Ben Bernanke, a souligné jeudi lors d'un discours à Chicago que de nombreux défis attendaient encore le système bancaire, américain, plus d'un an et demi après le plus fort de la crise financière. A ses yeux, si les 19 plus grandes banques du pays, soumises à des tests de résistance  ("stress tests") "ont fortement amélioré leur situation financière, les petites banques, régionales et de proximité, "pourraient avoir besoin de capital supplémentaire dans les quelques années à venir". Certaines sont en situation de faiblesse.

Le titre Citigroup réagit mal et perd 3,35% à 4,04 dollars, Goldman Sachs cède 3,96% à 142,32 dollars, JPMorgan Chase abandonne 4,27% à 40,81 dollars.

Par ailleurs, Manulife, le plus grand assureur vie nord-américain, affiche un résultat net de 1,14 milliard de dollars canadiens au premier trimestre contre une perte de 1,07 milliard un an plus tôt.

Les distributeurs Costco Wholesale Corp et Gap ont notamment fait état de ventes difficiles le mois dernier, en hausse de seulement 0,5% pour le premier et en repli de 3% pour le second à périmètre comparable. Conséquence: leurs titres respectifs chutent de 3,28% à 58,38 dollars et de 4,01% à 23,69 dollars.

Le groupe de casino MGM Mirage n'a pas touché le jackpot. Il a plongé de 8,17% à 13,72 dollars après l'annonce d'une perte plus importante que prévu de 22 cents par action au premier trimestre contre un bénéfice de 38 cents un an plus tôt.

Magna plébiscité

A l'inverse, Warner Music, le numéro trois mondial de la musique, qui a annoncé ce jeudi une réduction de ses pertes au premier trimestre de 68 à 25 millions de dollars et un chiffre d'affaires en recul de 1,3% de 662 millions de dollars, bondit de 4,39% à 6,89 dollars.

L'une des hausses du jour concerne l'équipementier automobile Magna dont le titre (action de classe A) bondit de 11,85% à 69,94 dollars, sa plus forte progression depuis 1991, dopé par l'annonce d'un prochain vote soumis aux actionnaires sur la fin du contrôle sur la société de l'actionnaire fondateur Frank Stronach qui durait depuis la fin des années 70. Lui et sa famille détiennent 66% des droits de vote. Ils devraient recevoir en échange 863 millions de dollars en liquide et en actions de classe B.

L'autre forte progression profite à la société Fidelity National Information Services, spécialisée dans le traitement des données financières. Selon le Wall Street Journal, elle pourrait être rachetée par le fonds d'investissement Blackstone. Du coup, l'action de Fidelity National Informations Services bondit de 10,31% à 28,68 dollars alors que celle de Blackstone recule de 5,19% à 12,761 dollars.

Après la clôture a été annonce le projet de rachat de la société de services pharmaceutiques InVentiv par la société de capital-investissement Thomas H. Lee Partners pour 1,1 milliard de dollars. Cette dernière a reculé jeudi en Bourse de 4,29% à 12,06 dollars alors qu'InVntiv a cédé 1,4% à 23,91 dollars.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 3
à écrit le 07/05/2010 à 18:33
Signaler
Vous nous prenez vraiment pour des imbéciles. 1/ Tout spécialiste SAIT que ce genre d'erreur technique est désormais impossible à la bourse de NY. 2/ La seule chose qui soit surprenante est la remontée spectaculaire des cours en...1h30. De quoi se p...

à écrit le 07/05/2010 à 4:37
Signaler
eh oui!

à écrit le 06/05/2010 à 19:04
Signaler
La chute de trop. J'espère que les autorités boursières et politiques se seront aperçu, à l'occasion de cette chute anormale du marché, que rien n'a changé dans les pratiques des principaux "intervenants" des marchés financiers. La baisse met probabl...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.