Le patron de Nyse Euronext dévoile sa stratégie

Duncan L. Niederauer explique dans un entretien à "La Tribune" les motifs qui ont présidé au choix de Dominique Cerruti pour remplacer Jean-François Théodore à la direction générale adjointe de l'opérateur boursier transatlantique. Ce dirigeant d'IBM a été recruté hors du sérail de la finance pour gagner la bataille contre les plates-formes alternatives concurrentes des Bourses traditionnelles.
Duncan L. Niederauer, Directeur Général de NYSE-Euronext

La Tribune -  Vous avez annoncé hier la nomination de Dominique Cerruti pour succéder à  Jean-François Théodore. Quels critères ont présidé à votre choix ?

Ducan L. Niederauer - Nous avons recherché un candidat de nationalité française ayant une expérience significative à l?international et bénéficiant de solides connaissances dans les domaines de la technologie et de l?innovation. Le successeur de Jean-François Théodore sera non seulement directeur général adjoint du groupe, responsable des activités européennes, mais il aura aussi en charge nos activités technologiques à l?échelle mondiale. Tant en matière de rayonnement, en supervisant les accords de fourniture comme ceux avec le Brésil, la Malaisie ou le Qatar, mais aussi en jouant un rôle moteur dans la définition de notre organisation et de notre stratégie en matière de technologie au niveau du Groupe. D?une manière générale, les bourses mondiales ont beaucoup évolué récemment et ressemblent aujourd?hui davantage à des sociétés technologiques offrant des services au monde financier. D?ailleurs, la plupart des acquisitions réalisées par Nyse Euronext depuis que je suis arrivé à la direction générale ont été des actifs technologiques. Notre management est d?ores et déjà bien doté de compétences en ce qui concerne les marchés des capitaux, ce qui explique que nous n?étions pas forcément à la recherche d?un candidat ayant grandi sur les marchés.

- Avec la migration des centres informatiques de Nyse Euronext à Londres, la place de Paris s?inquiète de son devenir. Quelle est votre vision pour Paris dans la constellation Nyse Euronext ?

- Pour moi, il ne fait aucun doute : Paris reste le c?ur, le centre de nos activités en Europe. Pour tout dire, je ne pensais pas que notre décision de transférer notre serveur primaire à Londres susciterait une telle émotion. Nous avons pris cette initiative pour nous rapprocher de nos clients et parce qu?une bonne part de nos volumes d?activités en Europe est réalisée outre-Manche. Mais Paris n?est pas pour autant appelée à perdre de son influence au sein du groupe. Le directeur général adjoint de NYSE Euronext en charge de la technologie y sera installé, la personne en charge de notre plate-forme de négociation UTP est un français et l?équipe responsable de son développement est localisée à Paris, tout comme le centre de contrôle de nos marchés actions européens. Des conseils de direction se tiennent régulièrement à Paris. Nous y réunissons les principaux cadres du groupe début décembre. Christine Lagarde, la ministre de l?Economie, a également entrepris plusieurs réformes majeures qui auront des conséquences positives pour la place de Paris en tant que centre de cotation international. Nous soutenons bien entendu ses initiatives et partageons sa vision de faire de Paris un centre financier international.

- Paris souhaite également devenir une place de choix sur le marché obligataire?

- Il n?y a rien que nous souhaitons davantage que de voir progresser les marchés actions au comptant et le marché obligataire en Europe. Tout ce que le gouvernement français pourra faire en ce sens recevra notre soutien. Et s?il faut mettre de l?argent sur la table pour développer une plate-forme, nous le ferons.

- Bercy et l?AMF se sont prononcés en faveur d?une révision de la directive européenne Marchés d?Instruments Financiers. Quelles sont vos attentes ?

- Euronext a mieux résisté que les Bourses américaines, qui ont été confrontées à la concurrence des réseaux électroniques quelques années plus tôt. Grâce notamment à des efforts au niveau de la tarification, Euronext est parvenue à maintenir sa part de marché dans un environnement très concurrentiel. Mais alors que nous nous apprêtons à fêter le deuxième anniversaire de la directive, il est temps de faire un premier bilan et de remettre les choses à plat. Il ne s?agit pas de stopper net la concurrence. Mais nous devons placer l?ensemble des acteurs sur un terrain d?égalité. Les plates-formes alternatives ne sont pas soumises aujourd?hui au même niveau d?exigences que les bourses réglementées, qui doivent remplir un certain nombre de responsabilités, comme la surveillance des marchés. Pourtant, à partir d?un certain volume d?activité, elles le devraient. C?est, pour moi, la contrepartie à payer pour démarrer son activité face aux marchés régulés. Et dans un contexte d?après-crise, il est probablement plus acceptable de demander un relèvement des exigences pour les marchés alternatifs que de réclamer une baisse des obligations réglementaires pour les bourses traditionnelles.

- Qu?en est-il outre-Atlantique ?

- Il y a beaucoup de similitudes. La SEC a créé dans le passé un univers de forte concurrence. De nouvelles plates-formes ont fait leur entrée sur le marché américain en se voyant imposer que très peu de responsabilités. Elles n?ont ainsi aucune obligation de transparence pre-trade et un minimum d?exigences en matière de surveillance. Mary Schapiro, la présidente de la SEC a indiqué procéder à un passage en revue des marchés, et nous soutenons cette démarche.

- Avez-vous quelques inquiétudes quant au calendrier de ces réformes ?

- En tant que Bourse, nous aurions tout intérêt à ce que cela aille très vite. Mais nous souhaitons aussi que la réflexion aboutisse à un cadre juste, constructif, ce qui pourrait prendre un certain temps. Le risque est effectivement qu?à mesure que le temps nous éloigne de la crise, la ferveur à réformer ne s?étiole. Mais nous restons optimistes.

- Quel sera les principal défi pour Nyse Euronext en Europe l?an prochain ?

- Notre principal défi sera de maintenir, voire d?accroître, notre part de marché, et de continuer à étendre nos activités dans de nouveaux domaines, comme le carbone sur lequel nous sommes présents à travers notre filiale avec la Caisse des Dépôts, BlueNext. Ce n?est pas seulement vrai pour l?Europe. Chercher aujourd?hui à se renforcer sur les seules actions est dangereux à long terme. Nous nous devons d?être proactifs sur de nouveaux marchés.

- Y-a-t-il un intérêt aujourd?hui pour une Bourse telle que Nyse Euronext à racheter une plate-forme alternative ?

- Par le passé, cela aurait pu être une bonne stratégie. Aux Etats-Unis, les Bourses traditionnelles ont racheté des réseaux électroniques de négociation pour leur apport en technologie. On ne peut l?exclure pour l?avenir. Mais aujourd?hui, cela ne fait pas partie de notre stratégie. Seules deux ou trois plates-formes alternatives ont réussi à se faire une place en Europe. Et nous pensons aujourd?hui que le mieux est de les concurrencer. Nous avons une avance suffisante en technologie.

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Commentaires 7
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Les acteurs de marchés ont plus confiance dans la place de Londres que celle de Paris car la présence de l'Etat omnipotent est une menace inacceptable.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Le titre ne correspond pas au texte. DLN n'est pas convaincant.

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Merci aux anglosaxons pour les dark pools

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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NYSE Euronext est une société de droit du Delaware, un paradis fiscal!! L'actionnariat est trés mal identifié, les plus gros actionnaires connus sont James Ford et une obscure société de conseil Australienne dont on se demande un peu ce qu'elle fait ...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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@Peter, Non ce n'est pas la présence de l'Etat qui pose problème mais la médiocre qualité des prestations, les coûts de cotation exhorbitants et la politique du régulateur, l'AMF qui a des exigences variables d'une semaine sur l'autre et une façon d...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Il faut tout simplement recommencer à zéro et et créer une nouvelle société des bourses françaises. Ca pose un problème que les données ne soient pas traitées en France. Ca crée un risque au niveau de la confidentialité. C'est un peu comme si un part...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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@daryl: Une loi Francaise impose l'hébergement des serveurs d'emails et de compta en France et pourtant la plupart des boites ne respectent pas cette obligation et envoient tout aux US. Notre pays n'a plus aucun secret pour les US depuis quelques ann...

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