Eurazeo ou comment réduire sa décote en Bourse

L'action Eurazeo présente une décote de 31% par rapport à l'actif net réévalué de la société d'investissement. Pour réduire cette décote, le groupe doit procéder à des cessions.
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Rares sont les dirigeants d'entreprises satisfaits de leur cours de Bourse. A les entendre, leur action est toujours trop bon marché. Dans le cas d'Eurazeo, qui a présenté ses résultats annuels vendredi, une telle plainte est légitime. Malgré une hausse de 2,7% vendredi, en début d'après-midi, l'action de la société d'investissement française ne vaut que 39,370 euros, soit une décote de 31% par rapport à son actif net réévalué - l'indicateur utilisé pour mesurer la solidité des holdings -, chiffré à 57,2 euros par action au 8 mars. Pourquoi Eurazeo, qui bénéficie pourtant d'un portefeuilles de participations équilibré sur le plan sectoriel, se paie-t-elle si peu chère en Bourse?

Un cours de Bourse en chute de 47% l'an dernier

Si les investisseurs ont boudé la société tout au long de l'année 2011, avec un cours en chute de 47%, c'est notamment en raison des prix payés pour les quatre acquisitions réalisées l'an dernier (Moncler, Foncia, OFI Private Equite et 3S Photonics), jugés trop élevés, et qui ont ramené la trésorerie de la société dirigée par Patrick Sayer à 138 millions d'euros au 31 décembre. Parallèlement, Eurazeo a procédé à peu de cessions en 2011, alors que les ventes d'actifs constituent un facteur de réduction de la décote. A sa décharge, le groupe n'a pas été aidé par l'environnement économique et financier, exécrable au second semestre, ce qui a gelé le marché des introductions en Bourse et donné un sérieux coup de frein aux fusions et acquisitions, limitant du même coup les possibilités de sorties pour les sociétés d'investissement. Au total, Eurazeo n'a pas récolté plus de 36,5 millions d'euros de produits de cession, l'an dernier, contre 370,8 millions un an aupravant. Si bien que la société est passée dans le rouge en 2011, avec une perte nette de 97,5 millions d'euros, contre un bénéfice de 134,6 millions un an auparavant.

Europcar, Elis et Apcoa pas encore à vendre

L'année 2012 s'annonce-t-elle plus prolifique sur le front des cessions, à des industriels ou au moyen d'introductions en Bourse? Début mars, Eurazeo a profité de la remontée des marchés actions pour céder - avec d'autres investisseurs - 11,2% du capital du distributeur de matériel électrique Rexel, une opération qui lui a rapporté quelque 140 millions d'euros. Mais, depuis des mois, le marché spécule sur une vente des participations d'Eurazeo dans Europcar (location de véhicules), Apcoa (gestion de parkings) et Elis (blanchisserie industrielle). De fait, ces actifs ayant été achetés en 2006 et en 2007, le temps de leur cession semble venu. Mais "il y a encore du travail à faire", estime Philippe Audouin, directeur financier d'Eurazeo. Une allusion à peine voilée à Europcar, qui, avec une marge opérationnelle tombée à 11,9% contre 12,3% en 2010, "n'a pas réalisé en 2001 la performance que nous attendions", reconnaît Patrick Sayer. Le mois dernier, Eurazeo a donc nommé à la tête du loueur de voitures Roland Keppler, artisan du redressement d'Europcar en Allemagne, afin de remettre le groupe sur les rails de la croissance.

Des cessions d'ici à 2015

Une tâche à laquelle Eurazeo s'est attelé l'an dernier pour une autre de ses participations, Apcoa, en difficultés depuis trois ans. Avec succès : au prix d'une politique commerciale plus sélective et d'un strict contrôle des coûts, le bénéfice opérationnel du gestionnaire de parkings a bondi de 19% en 2011, à 60,7 millions d'euros. "Donnons-nous rendez-vous dans 12 à 18 mois pour faire un point sur nos perspectives de sorties de certaines participations via des introductions en Bourse", a souri Patrick Sayer, pressé de questions sur ce sujet par les analystes financiers. Une certitude : ces derniers peuvent espérer des cessions d'ici à 2015, année qui devrait voir l'actif net réévalué grimper à 100 euros par action, selon l'objectif que s'est fixé le président d'Eurazeo. "Cette création de valeur suppose un certain nombre de sorties, totales ou partielles", indique Patrick Sayer. Avec, à la clé, une possible réduction de la décote d'Eurazeo.

 

 

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