Quand les entreprises préfèrent s'endetter sur les marchés

En septembre, les levées de dette des entreprises européennes ont atteint des sommets. Avec près de 35,5 milliards d'obligations émises sur un mois, les levées de dettes se sont rapprochées du record historique de janvier 2009, où près de 48,5 milliards avaient été levés. Mais, à cette période, les taux d'intérêts étaient deux à trois fois supérieurs à ceux d'aujourd'hui.

Plusieurs raisons expliquent ce succès incroyable pour les émissions d'obligations. Tout d'abord, si les banques affirment ne pas avoir fermé le robinet à liquidité, force est de constater qu'elles sont beaucoup plus sélectives dans l'octroi de leur prêt et font payer plus cher le risque. Preuve en est, depuis la crise des subprimes, le volume des crédits a chuté de deux tiers, privant les entreprises de taille intermédiaire d'un accès facile et peu onéreux au crédit. Les entreprises, en quête de financement se sont donc tournées vers le marché obligataire plutôt de devoir montrer patte blanche pour obtenir un crédit classique auprès d'une banque.

Regain d'optimisme

Mais la raison la plus évidente de ce succès tient aux annonces de Mario Draghi, le président de la BCE, qui a ouvert une fenêtre d'opportunité dans laquelle beaucoup d'entreprises se sont très vite engouffrées. En effet, depuis le 6 septembre, date de l'annonce d'un programme de rachats d'obligations souveraines en quantité illimitée destiné à faire baisser les coûts d'emprunts des pays en difficultés, le marché obligataire profite d'un regain d'optimisme. La conséquence la plus visible de ce regain de l'appétit pour le risque est la chute des rendements des obligations périphériques. Ainsi, le taux espagnol qui culminait à 7,2% au début de l 'été, a chuté de 152 points de base pour revenir sous la ligne des 6%, à 5,68%.

Bienveillance temporaire

Par ricochet, les obligations d'entreprises ont profité du sursaut d'optimisme des marchés. Mais la fenêtre de tir pourrait rapidement se refermer alors que l'Espagne s'obstine à repousser un plan de sauvetage de son économie. C'est pourquoi les entreprises se sont précipités en septembre pour emprunter sur les marchés, car nul ne sait pendant combien de temps encore les marchés seront bienveillants à l'égard des entreprises mal notées par les agences de notation. Ce sont surtout les entreprises jugées en situation délicate et dont la note est placée en catégorie spéculative qui ont saisit l'occasion pour s'endetter sur les marchés à moindre cout. Certaines en ont profité pour prendre de l'avance sur leur refinancement, à l'image d'une compagnie allemande, Unity Media, mal notée par les agences de notation, qui a remboursé par anticipation une ligne obligataire à 10 ans à taux variable, pour placer du papier à 10 ans à taux fixe.

Retour en grâce des convertibles

Autre fait marquant, le retour des émissions d'obligations de groupes d'Europe du Sud qui ont représenté au bas mot 30% des émissions européennes en septembre. En Espagne par exemple, six sociétés ont fait appel aux marchés pour lever 4,2 milliards d'euros au total alors qu'elles n'étaient pas venues se financer sur les marchés depuis le mois d'avril. Même constat pour les sociétés italiennes. Enel et Atlantia ont par exemple levé des titres à 8 ans quand la SNAM levait 2,5 milliards d'euros d'obligations sur le seul mois de septembre.

Quant aux émissions d'obligations convertibles, elles connaissent elles aussi, après plusieurs mois de creux, un retour en grâce. En Europe, 4 milliards d'euros ont été levé en septembre : le meilleur millésime depuis 3 ans. Ce type de financement profite en effet d'un contexte porteur, marqué par des cours d'actions qui s'orientent à la hausse alors que parallèlement les couts de financement restent très attractifs. Les sociétés non financières comptent bien en profiter : 40 à 50 milliards d'obligations devraient être émises d'ici la fin de l'année.

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