Emissions obligataires : les entreprises se ruent sur le marché de la dette

Les entreprises se bousculent pour émettre de la dette. Même des banques espagnoles et italiennes ont eu leur chance ces derniers jours ! Mais attention, la porte pourrait bientôt se refermer.
Copyright Reuters

Profitant du regain d'optimisme entraîné par l'annonce du nouveau programme de la BCE, les entreprises européennes se précipitent sur le marché pour émettre de la dette. La semaine dernière, « semaine la plus active depuis septembre 2009 », selon les stratèges crédit de la Société Générale, quatorze émetteurs « corporate » (hors institutions financières) avaient déjà placé 10,25 milliards d'euros de dette auprès d'investisseurs heureux de trouver des titres un peu plus rémunérateurs que la dette souveraine. Lundi, le rythme s'est accéléré : les entreprises européennes ont émis plus de 7 milliards d'euros de dette en une seule journée. C'est presque un record ! Les émetteurs étaient un peu moins nombreux aujourd'hui mais ils ont tout de même emprunté plus de 2 milliards d'euros.

Retour en grâce des entreprises espagnoles et italiennes...

Les entreprises des pays « périphériques » de la zone ont particulièrement profité de cet environnement favorable. Lundi, l'italien Snam a levé 2,5 milliards d'euros à 5 ans et demi et 10 ans. Aujourd'hui c'était au tour de FGA Capital, le bras financier de Fiat (500 millions à 2 ans). Sans difficulté : les banques dirigeant l'opération pour Snam avaient rassemblé plus de 12 milliards d'euros d'ordres ! Les espagnols Iberdrola et Gas Natural ont quant à eux émis pour 750 et 800 millions euros de dette.

...et même des banques

Même les banques ont retrouvé les faveurs des investisseurs. En Espagne, Banesto et BBVA ont placé de la dette. Banesto l'a fait via des obligations foncières. BBVA, quant à elle, a réussi pour la première fois de l'année à trouver preneur pour des titres à 3 ans. En Italie, c'est Intesa Sanpaolo qui a émis 1,25 milliard d'euros d'obligations lundi. Aujourd'hui, Monte dei Paschi a émis 500 millions d'euros de dette à 2 ans.

Super Mario a aussi débloqué le marché du High Yield

Les émetteurs notés en catégorie « spéculative » profitent aussi de cet engouement. Lundi, Renault a levé 600 millions d'euros mais le constructeur avait attiré plus de 2 milliards d'euros d'ordres. La semaine dernière, trois opérations avaient animé ce segment de marché, parmi lesquelles une de Wendel. La société d'investissement avait alors émis 400 millions d'euros de dette à 7 ans (coupon de 5,75 %).

Du côté des entreprises françaises : EDF, France Telecom-Orange, RTE, Total, Klepierre... mais pas Société Foncière Lyonnaise

Les entreprises françaises bénéficient de l'appétit des investisseurs et du bas niveau des taux de marché. Après les opérations d'EDF (2 milliards à 10 ans et demi offrant aux investisseurs un rendement de 2,8 %) et de France Telecom-Orange (500 millions à 12 ans à un rendement de 2,6 %) la semaine dernière, ce sont Klepierre et RTE qui se sont présentés dans le marché pour 500 et 600 millions d'euros ce lundi, suivis par Total aujourd'hui pour 500 millions d'euros à 10 ans. En revanche, Société Foncière Lyonnaise a dû renoncer à son opération.

Pourquoi un tel empressement ?

Si les émetteurs se précipitent sur le marché, c'est surtout qu'ils craignent que la fenêtre de tir ne se referme. Deux événements seront particulièrement déterminants ces prochains jours : la décision de la cour de Karlsruhe et la demande (ou l'absence de demande) d'activation du mécanisme d'aide par l'Espagne.

Des rendements extrêmement bas

Les rendements offerts sont pourtant particulièrement maigres. La semaine dernière, les obligations à 10 ans émises par Nestlé présentaient un coupon de 1,75%, « le plus bas jamais vu pour une telle maturité », indiquent les stratèges de la Société Générale. Dans une note, ces derniers dénoncent le comportement moutonnier et le manque de discernement des investisseurs. "Il y a une très forte probabilité que la situation se retourne", écrivent-ils. Pour eux "cela sera particulièrement sensible sur les entreprises des pays périphériques. Aucune solution n'a encore été trouvé à la crise de la zone euro".

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 11/09/2012 à 22:04
Signaler
et voilà les rapaces en tous genres qui ressortent de leurs trous !! Tous de bons européens, tous de bons citoyens, affligeant.....

à écrit le 11/09/2012 à 20:48
Signaler
"Dans une note, ces derniers dénoncent le comportement moutonnier et le manque de discernement des investisseurs. " ... Ca .. le monde entier avait remarqué !

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.