Jean-Pierre Jouyet à la Caisse des Dépôts : une nomination sous haute surveillance

Le difficile et contesté rapprochement d'Icade avec Silic, sous le coup d'un recours, va-t-il mettre en péril la nomination de Jean-Pierre Jouyet à la CDC ? Beaucoup de ses proches ne veulent pas y croire, estimant que cet argument un rien polémique est développé par d'autres candidats au poste très convoité de l'institution de la rue de Lille. On devrait en tout cas être vite fixé après le deuxième tour des élections législatives.
Copyright Reuters

La troisième fois sera-t-elle la bonne ? Après avoir par deux fois échoué à obtenir le poste en 2002 et 2007, Jean-Pierre Jouyet parviendra-t-il enfin à faire l'unanimité autour de sa candidature à la tête de la Caisse des Dépots, le principal bras financier de l'Etat ? La partie ne s'annonce pas facile. On dit cet ami de François Hollande, issu de la même promotion de l'ENA, toujours bien placé pour l' emporter. L'homme a toutes les compétences requises pour ce poste d'exception. Ancien directeur-adjoint de cabinet de Jacques Delors à Bruxelles et de Lionel Jospin à Matignon, il a été directeur du Trésor jusqu'à l'arrivée de Nicolas Sarkozy dont il a été le secrétaire d'état aux Affaires européennes. Depuis 2008, il est président de l'Autorité des marchés financiers (AMF). Et c'est là où les choses se compliquent. Car le règlement de l'organe de régulation française est précis : Il est interdit à tout collaborateur de rejoindre un groupe ou une entité que l'AMF aurait contrôlée, surveillée ou sanctionnée et ce, au cours des trois années précédant le départ.

Le rapprochement de Silic avec Icade en question

Or, l'AMF a tout récemment eu son mot à dire dans le cadre du rapprochement de la foncière Silic avec la filiale immobilière de la CDC, Icade. Rapprochement qui fait actuellement l'objet d'un recours de la part de Colette Neuville, la présidente de l'Adam (association de défense des actionnaires minoritaires), laquelle reproche une inégalité de traitement entre les actionnaires de Silic et ceux de Groupama (qui a vendu des titres Silic à une nouvelle structure dans laquelle se retrouvent Icade et Silic). L'issue de l'opération est d'ailleurs repoussée du fait du recours. A plusieurs reprises, Colette Neuville a envoyé des courriers à l'AMF lui demandant de ne pas juger recevable ce projet de rapprochement et en argumentant ses griefs. Le gendarme de la Bourse avait finalement donné son quitus au projet, d'où le recours de la présidente de l'Adam.

Pas de polémique

Jean-Pierre Jouyet refuse de se prononcer personnellement sur ce sujet, s'en référant aux instances décisionnelles de l'Etat. La balle est dorénavant dans le camp du Conseil d'Etat et de la Commission de déontologie qui décideront après les législatives. Plusieurs jurisprudences démontrent qu'il y a bien un sujet. Récemment, l'ancien secrétaire général de l'AMF, Gérard Rameix n'a effectivement pu intégrer l'établissement de la rue de Lille, comme il le souhaitait, en raison de ses responsabilités au sein de l'autorité de régulation. Certains spécialistes font toutefois remarquer que son cas est différent puisque Jean-Pierre Jouyet est président et, paradoxalement, moins en lien direct avec les affaires traitées que son secrétaire général (ce poste est occupé par Thierry Francq), à la tête de tous les services et des personnels de l'entreprise. Situation qui n'a d'ailleurs jamais cessé d'agacer l'actuel président de l'AMF, lequel a milité pour une réforme des pouvoirs au sein de l'autorité, réforme que Nicolas Sarkozy n'a jamais voulu valider.

Le poste fait beaucoup d'envieux

Jean-Pierre Jouyet peut-il donc valablement prétendre qu'il n'était pas directement au courant de se qui se passait au sein de son établissement ?
Si l'on en juge par tous les courriers adressés par Colette Neuville à l'AMF dans l'affaire Icade/Silic et que La Tribune s'est procurés, il est un fait qu'ils sont tous adressés à Jean-Pierre Jouyet. En outre, ses concurrents sont nombreux, le fauteuil jusqu'à présent occupé pendant cinq ans par Augustin de Romanet faisant plus d'un envieux. Ils pourraient d'ailleurs bien être à l'origine de toutes les rumeurs circulant en ce moment à son sujet. Enfin, si Jean-Pierre Jouyet devait aller rue de Lille, il faudrait lui trouver un remplaçant à l'AMF. On sait déjà que l'ex numéro deux de l'Elysée, Xavier Musca, qui lorgnait la Caisse, n'est pas intéressé par le poste. Une seule chose est sûre : on devrait être vite fixé après le deuxième tour des élections législatives.


 
 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 01/06/2012 à 12:52
Signaler
Il n'aura pas fallu longtemps pour que Hollande piétine ses promesses de campagne.. Je place les copains.. Un président comme les autres, c'est après tout la définition du président "normal"..

à écrit le 01/06/2012 à 11:50
Signaler
Ce sera un test, Jouyet ne s'est pas beaucoup différencié de ses prédécesseurs à l"AMF, hélas mille fois hélas, il n'a réformé qu'à la marge mais il appartenait aussi à l'Etat de lui conférer davantage de pouvoirs, ce que l'Etat n'a pas fait, et main...

à écrit le 01/06/2012 à 10:02
Signaler
Avec une expérience impressionnante au service de l'Etat,J.P Jouyet est tout simplement l'homme de la situation.Le reste n'est que du vent aggravé par la mauvaise foi et la jalousie.

à écrit le 01/06/2012 à 9:33
Signaler
Les français sont plus que fatigués devoir toujours les mêmes têtes passer d'un poste à l'autre. Qu'a fait Jouyet à l'AMF si ce n'est prendre des postures allant dans le sens des politiques? Le risque est de continuer de mettre des institutions à ris...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.