Etats-Unis, pétrole et dollar : les liaisons dangereuses

On connaît de réputation la soif américaine pour l?or noir. Il n?y a qu?à voir le nombre de ces formidables engins consommateurs de carburant qui servent de voitures "familiales" dans les banlieues chics des grandes villes. En 2010, les Etats-Unis comptaient 627 voitures pour 1000 habitants contre 481 pour le France et 517 pour l?Allemagne. En 2012, l?économie américaine consommait en moyenne plus de 20 millions de barils par jours. Les intrigues américaines autour du pétrole ont des racines économiques, politiques et industrielles. Quel genre de liens entretiennent les Etats-Unis avec la ressource pétrolière?

Il faut rappeler que les lobbys sont au c?ur de l?administration américaine. La liaison du président Bush avec l?industrie pétrolière n?est plus à démontrer: lui-même, son vice-président et sa secrétaire d?Etat en provenait. Beaucoup déclarent même que la guerre en Irak avait pour fond les ressources pétrolières du territoire. Pour autant, on ne peut pas considérer que les Etats-Unis disposent d?une influence directe sur le pétrole du Moyen-Orient: ce sont les pétroliers qui s?adressent aux Etats-Unis et non l?inverse. Ainsi, selon Pierre Noël, chercheur à l?Ifri, la guerre en Irak n?aurait été motivé que dans l?optique de sécuriser les flux d?approvisionnement.

Si l?on voit les Etats-Unis aussi concernés par le pétrole, c?est aussi parce qu?il doit couler. En effet, le pétrole WTI est une référence sur le marché à terme. Or, il est exprimé en dollar. Ce fait explique qu?il existe une relation inverse entre les évolutions du cours du dollar et celui du pétrole. Pour faire simple, lorsque le dollar baisse, les recettes pétrolières diminuent. Afin de compenser les pertes, les producteurs ferment le robinet, provoquant ainsi une montée des prix selon la loi de l?offre et de la demande. La hausse du prix du pétrole génère davantage de pétrodollar qui seront investis aux Etats-Unis. Le dollar est donc acheté ce qui fait monter mécaniquement son cours. Ces dernières années, le mécanisme a montré certaines limites: les exportateurs de pétrole ont eu tendance à investir ailleurs qu?aux Etats-Unis. On connait par exemple l?engouement qatari pour la France. De cette façon, l?euro s?apprécie face au dollar.

Or, il est essentiel pour les Etats-Unis de maintenir un dollar relativement fort: en 2012, ils importaient près de 20% du PIB. Un dollar fort permet d?acheter à un prix dérisoire dans les pays étrangers. Bien évidemment, on pourrait craindre une chute du dollar à cause des politiques accommodantes. Le dollar américain est toutefois loin de chuter autant qu?il le devrait comme les fonds nationaux étrangers achètent ses bons. Pour la Chine, laisser le dollar baisser reviendrait à voir fondre 1 200 milliards de dollars de bon du Trésors.

On le voit bien, le pétrole tient un rôle majeur dans la politique intérieure et monétaire des Etats-Unis. Ayant longtemps refusé d?exploiter ses propres réserves, le pétrole de schiste est aujourd?hui la source miraculeuse du renouveau américain. D?une part, l?extraction abîme les sols, épuisant ainsi le "capital environnemental" des territoires, et d?autre part, même si les réserves sont importantes, on sait qu?elles ne sont pas infinies. Le dollar a, et aura, de plus en plus de mal à tenir le rôle de monnaie mondiale face à l?euro et au yuan, même s?il n?en est pas encore question pour ces dernières.
 

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