L'euphorie se poursuit à Wall Street, le Dow Jones explose les 25.000 points

Par Delphine Cuny  |   |  646  mots
L'envolée quasi ininterrompue depuis un an de l'indice des vedettes de la Bourse de New York, le Dow Jones, qui comprend notamment Apple, Boeing, Exxon Mobil, McDo, Microsoft et JP Morgan. (Crédits : ChartIQ)
L'indice vedette de la Bourse de New York, qui avait déjà gagné 25% l'an dernier, enchaîne les records. Les marchés sont haussiers depuis près de neuf ans et les valorisations sont élevées, vulnérables à la moindre déception.

[Article mis à jour à 18h15]

Le New York Stock Exchange lui-même en est ébahi. Jeudi soir, le compte officiel de la Bourse de New York sur Twitter rappelait l'envolée de l'indice Dow Jones en un an et les jalons dépassés : 20.000 points le 17 janvier 2017, 21.000 le 1er mars, 22.000 le 1er août, 23.000 le 17 octobre, 24.000 le 20 novembre, 25.000 le 4 janvier 2018. Un nouveau gain de 1.000 points engrangé en à peine six semaines, soit le plus rapide à ce jour, et un nouveau record historique de l'indice des 30 plus grandes valeurs américaines, qui comprend notamment Apple, Boeing, Exxon Mobil, McDo, Microsoft et JP Morgan, après une progression déjà échevelée de 25% l'an passé. L'envolée fait le bonheur des traders et des investisseurs, sans oublier les vendeurs de casquettes brodées « Dow 25k » dans le quartier de Wall Street.

C'est le 73e record de suite depuis l'élection de Donald Trump s'enthousiasme Fox Business, la déclinaison financière de la chaîne préférée du président américain qui ne manque pas une occasion de s'attribuer le mérite de ces exploits boursiers.

Marché haussier depuis plus de 8 ans

Les statistiques sur l'emploi dans le secteur privé ont donné jeudi un coup de fouet au Dow, également dopé par le vote des réductions d'impôts, qui devraient augmenter les bénéfices des entreprises (à quelques exceptions près : plusieurs grandes banques dont Goldman Sachs, ont annoncé des provisions de plusieurs milliards sur leurs crédits d'impôt différés). Ce vendredi, la publication d'autres chiffres sur les créations d'emploi un peu moins bons que prévu n'a pas pesé sur les marchés d'actions : le Dow est resté calé au-dessus de ce nouveau palier, à 25.172 points (+0,39% vers 18h), le S&P 500 s'adjuge 0,38% à 2.734 points et le Nasdaq 0,66% à 7.124 points, tous deux également à des niveaux proches de leur record historique. L'optimisme des investisseurs confine à l'euphorie.

L'an dernier, les indices boursiers américains ont signé leur meilleure performance depuis 2013. Les valeurs technologiques, Apple, Google/Alphabet, Amazon, etc, ont largement contribué à cette hausse, mais la plus forte hausse du Dow a été réalisée par Boeing (+89%), suivi de Caterpillar (+70%) et de Visa (+46%).

Les marchés sont haussiers depuis plus de huit ans, 3.322 jours exactement selon les statistiques du S&P 500 compilées par le New York Times. Ce n'est pas la cavalcade boursière la plus longue de l'histoire : celle qui s'est terminée par l'explosion de la bulle Internet à l'été 2000 avait démarré en 1987. Ce "bull market" a-t-il encore du carburant pour se poursuivre ? Les avis sont partagés. Les stratégistes de JP Morgan anticipent un S&P 500 à 3.000 points en fin d'année, soit un potentiel de hausse d'environ 10% par rapport à son cours actuel.

Les niveaux de valorisation (rapport cours sur bénéfices) sont élevés, donc vulnérables à la moindre déception, mais les perspectives de profit des entreprises sont bonnes et les taux bas favorisent les investissements en actions.

« Des valorisations élevées ne sont pas nécessairement le signe d'une correction imminente », relèvent ainsi les experts de Schroders dans leur note sur les perspectives 2018.

Le stratégiste de marchés de Natixis IM, David Lafferty, partage cette vision en ajoutant :

« En général, un catalyseur est nécessaire pour déclencher une correction. Mais si la marge de sécurité d'un investissement est l'inverse de la valorisation, le niveau élevé des prix reste une source de risque potentiel. »

Il décrit même 2018 comme « l'année de tous les dangers », citant la réduction des soutiens monétaires des banques centrales et les risques géopolitiques.