Privatisation de la FDJ : comment appâter le petit épargnant et le convaincre de revenir en Bourse

Gouvernement et financiers souhaitent que la privatisation de la Française des Jeux soit un succès populaire mais aussi un moteur pour relancer l'intérêt pour la Bourse. Mais comment effacer les plaies encore vives laissées dans l'esprit des petits épargnants français après les déconvenues boursières qui ont suivi les privatisations depuis les années 2000?
(Crédits : Benoit Tessier)

L'arrivée en Bourse de la Française des Jeux peut-elle redonner au grand public le goût des actions? La popularité de cette société plaide pour, mais la méconnaissance et le scepticisme des particuliers envers les marchés restent des freins.

Aiguiser l'appétit du petit épargnant avec des actions gratuites

Soucieux de relancer l'actionnariat populaire, le gouvernement a prévu des mesures spécifiques pour la souscription des actions qui débutera le 7 novembre avant un début de cotation à la Bourse de Paris le 21 novembre.

Pour la première fois depuis 2005 et l'introduction en Bourse d'EDF, 1 action gratuite sera ainsi accordée pour 10 actions achetées par les petits épargnants. Par ailleurs, si ces actions sont conservées 18 mois, une décote de 2% sur le prix du titre sera appliquée.

La FDJ a une activité "facile à comprendre" et offre des "revenus sûrs et réguliers"

La France est l'un des seuls pays, avec la Belgique, à proposer ce type de dispositif, alors qu'au Royaume-Uni par exemple, les particuliers ne peuvent acheter des titres que lors des premiers échanges en Bourse, en concurrence directe avec les professionnels. Stéphane Boujnah, le directeur général et président du directoire d'Euronext, société privée qui gère plusieurs Bourses, dont celle de Paris, explique en ces termes à l'AFP la démarche  :

"La Française des Jeux constitue une bonne accroche" pour faire revenir les particuliers vers la Bourse, "car son activité est facile à comprendre et assez prévisible", ce qui est "important pour réamorcer le lien avec les épargnants".

Un diagnostic partagé par Jean-Pierre Pinatton, président du conseil de surveillance du courtier Oddo BHF, pour qui "dans une période où les revenus à taux fixes ne rapportent plus rien, le particulier a plus que jamais sa place en Bourse", en particulier avec "une entreprise, facile à comprendre, aux revenus sûrs et réguliers".

Privatisations en France: des plaies toujours vives pour des millions de Français

Les crises financières ou les mauvais souvenirs laissés par les privatisations de France Telecom, (devenu Orange) et EDF, expliquent une bonne part de la défiance. Les cours d'EDF, entré en Bourse en novembre 2005 à 32 euros et de France Telecom, introduit en octobre 1997 à 27,75 euros, sont toujours très en dessous de ces niveaux.

"Les particuliers présents en Bourse étaient quelque 9 millions dans les années 2000. Mais entre les krachs et la volatilité, les gens sont partis" et il n'en reste plus qu'un peu plus de 3 millions, évalue Charles-Henri d'Auvigny, président de la Fédération des Investisseurs Individuels et des Clubs (F2iC) qui compte 120.000 membres.

Les Français préfèrent l'épargne sécurisée même peu ou pas rémunérée

Le culte des Français pour le livret A et les contrats d'assurance-vie a aussi joué.

"Les Français ont un taux d'épargne plus élevé que la moyenne européenne (14,1% contre 12,5%)", mais ces économies sont essentiellement placées sur des livrets d'épargne et des assurances-vie, ou restent sur le compte en banque; elles ne sont donc que "faiblement, voire pas du tout rémunérées", analyse Florence Barjou, responsable de la gestion diversifiée chez Lyxor AM.

De nouveaux argumentaires pour tenter de convaincre les Français

Pour M. Boujnah, patron des Bourses d'Amsterdam, Oslo, Bruxelles, Lisbonne, Dublin et Paris, trois éléments ont toutefois changé:

"La fiscalité punitive a évolué, les taux d'intérêt se sont effondrés - celui qui veut un peu de rendement est donc obligé de regarder les actions - et avec la FdJ, nous avons une opération emblématique susceptible de capter l'intérêt des particuliers".

Mais si la Française des Jeux fournit un moteur, peut-il relancer seul la machine?

Pour ranimer durablement la flamme, "il faut d'autres opérations susceptibles de capter l'intérêt des Français", et il faut "casser les réflexes naturels qui conduisent à conseiller des obligations ou des assurances-vie", remarque M. Boujnah.

"Il ne faut pas inciter les épargnants à investir sur une seule valeur", juge également le président de la F2iC, en rappelant un adage primordial en Bourse: ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

Il faudrait apprendre aux particuliers à jouer en Bourse

L'ensemble des experts met en outre en avant un besoin de pédagogie.

"Si la Bourse a mauvaise presse, c'est parce que les Français ont une connaissance des marchés qui n'est pas très poussée", note Mme Barjou.

Il y a un manque d'éducation, à l'école, au niveau des réseaux de distribution et des pouvoirs publics, relève également M. Pinatton.

"Quand les marchés montent, c'est l'euphorie, les gens reviennent vers les actions", développe-t-il, "quand les indices baissent, ils sont déçus, ils s'enfuient et ont l'impression que les dés sont pipés, mais le problème est qu'ils ne connaissent pas les règles, tout simplement parce que personne ne leur a expliqué".

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Commentaires 30
à écrit le 06/11/2019 à 19:22
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Ouaip prendre du fdj ? Pour quel rendement ? Les bourses sont au plus haut... fdj ou pas l action sera sûrement chère donc max de risque... Eurotunnel était un placement formidable... qui vaut 0. Fdj c'est bien pour s s'amuser à perdre 200 eur...

à écrit le 06/11/2019 à 18:51
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Cet article est assez absurde. Par définition, un bon portefeuille doit comporter plusieurs lignes. Une dizaine si possible. Si l'épargnant n'a que le ligne FDJ, il est certain d'avoir tôt ou tard une déconvenue. D'autre part, le refus des épargnant...

à écrit le 06/11/2019 à 13:22
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Le gouvernement veut s'attaquer aux fonds en euros dans l'assurance vie en dirigeant les épargnants vers les actions. Malins les investisseurs "les banksters" sont à l'affut. Ils engrangent les actions du Cac 40 qui montent et deviennent une denrée ...

à écrit le 06/11/2019 à 9:15
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certainement pas en obligeant les épargnants à transformer les AV et autres placements ''retraites'', actuellement en euros, en unités de comptes à un moment ou la bourse est au plus haut depuis 12 ans…. pour voir son épargne fondre comme neige au s...

à écrit le 06/11/2019 à 9:11
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le pigeon vous salue bien bas et va rester bien sage

à écrit le 06/11/2019 à 4:13
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En bons macroniens, les journalistes de La Tribune incitent les gogos à aller se faire plumer. Ceux qui gagnent en bourse, ce sont les gros, qui ont des informations privilégiées. Les petits porteurs se font toujours plumer, ce sont eux qui engraisse...

le 06/11/2019 à 9:38
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Quand Bill Gates perd un milliard en un week-end, c'est à cause de ces fichues actions dont le cours a baissé, mais tant que pas vendu pas perdu.

à écrit le 06/11/2019 à 3:25
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Qui placera pas un euro dans cette transaction ?. Le futur s'annonce chaotique et les ecos, meme si elle ne rapportent rien met l'esprit au repos. Les gens se souviennent d'euro tunnel et de bien d'autres avanies boursieres "a la francaise"...

à écrit le 05/11/2019 à 22:47
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Si c'est si juteux pourquoi ils s'en défont ?

le 06/11/2019 à 0:51
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Parce que les taxes sur les jeux continueront d'aller dans les caisses de l'Etat. Les bénéfices de FDJ ne sont pas la même chose; ils représentent la difference entre chiffre d'affaires et couts (salaires, systeme informatique, impression des tickets...

le 06/11/2019 à 8:46
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En effet, pourquoi organiser contre la France la perte des bénéfices et en faire cadeau à qui ? des amis de la LaREMequipe ?

à écrit le 05/11/2019 à 22:38
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C'est bizarre que certains se focalisent sur les impôts et taxes alors que ces prélèvements n'ont aucune importance face aux manipulations continuent des cours source de moins values récurrentes... (manipulations dues aux algorithmes des banques : le...

à écrit le 05/11/2019 à 18:14
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Ben oui stratégie bien connue... On élargi la base. Puis une fois qu 'ils ont investi, on augmente csg, taxes, impots sur ces placements... Les seuls gagnants sont les banques et sociétés de courtage qui prennent commissions à l' achat et à la ven...

à écrit le 05/11/2019 à 15:13
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Ce n'est qu'hypocrisie de toucher des dividendes en jouant pour toucher le pactole! C'est pour la mafia ce genre de tripot!

à écrit le 05/11/2019 à 13:43
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comment appater le gogo l'etat va privatiser la fdj puis va changer la regle du jeu, en augmentant taxes et prelevements, car c'est immoral donc de droite ultra neo de gagner de l'argent via le jeu qui est un vice, surtout si l'etat socialiste ne ...

à écrit le 05/11/2019 à 13:05
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Article qui confirme bien l'orientation et la façon de penser très "droite-libérale-anglo-saxonne" de notre Président et de son Gouvernement actuels !! Aux USA, le seul moyen pour les entreprises d'obtenir de l'argent, c'est la Bourse. C'est aussi l...

à écrit le 05/11/2019 à 13:04
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leur nouveau slogan : 100% des perdants auront tenté leur chance. Les français ont payé cher les mirages de l'actionnariat particulier cher à Balladur. Sans remonter aux emprunts russes, Ils se sont fait ratiboiser avec France Telecom ou le tunne...

à écrit le 05/11/2019 à 12:24
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En même temps les précédentes privatisation (année 2000) n'ont pas été de bonne affaires pour les petits porteurs souhaitant investir sur le long terme. Par exemple edf, cours de l'action divisé par 3, France telecom divisé par 2, Thomson (technicol...

le 05/11/2019 à 13:43
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Oui tout à fait, wait and see. Il peut y avoir une grosse correction du cours après l'entrée en bourse. Pour investir il y a des produits beaucoup beacoup plus diversifiés qui présentent moins de risque que FDJ.

à écrit le 05/11/2019 à 11:39
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Les chinois aiment "jouer" en bourse et investir dans les jeux et autres casse têtes. Il y a une belle synchronicité entre l'introduction en bourse de FDJ et le voyage du président. Quand au goût des français pour la bourse, il est plombé par trois ...

à écrit le 05/11/2019 à 11:22
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Le morcellement de l'actionnariat permet une chose : le PDG et le CA sont libres d'action, c'est une peu comme les organismes de type mutuelles, qui n'ont que les statuts comme faire-valoir. Dans le cas de la FDJ, seuls les gros investisseurs ayant u...

à écrit le 05/11/2019 à 10:54
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La privatisation de la FDJ est incompréhensible ; ll faut être idiot malade pour accepter de perdre au jeux dans 99 % des cas et remplir les poches d'opportunistes privés cupides !

le 05/11/2019 à 11:37
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investissez, ça vous permettra peut être de regagner ce que vous perdez en jouant....:-))))

à écrit le 05/11/2019 à 10:47
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La bourse n'est pas conçue pour les petits porteurs. Dans le cas présent, les frais de courtage + droits de garde + impôts sur les bénéfices dépasseront probablement les éventuels gains que le citoyen lambda peut espérer récupérer.

le 05/11/2019 à 11:02
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Dans le cadre d'un PEA, cela reste intéressant. Les frais de garde sont souvent à 0 et les frais de courtage sont par exemple chez certains à 0,2% pour un investissement de 1000 euros soit 1,90 euros. Pas d'impôt sur les bénéfices non plus, unique...

le 05/11/2019 à 18:22
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@ Eric: même un PEA sur plusieurs années est très illusoire Expérience vécue. La bourse n'est effectivement pas faite pour les petits

à écrit le 05/11/2019 à 10:47
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"mais le problème est qu'ils ne connaissent pas les règles" la Bourse ça monte ça baisse, comme ça lui plait. C'est ça ? Mon PEA avait perdu 18% en 9 ans, m'en étais débarrassé, pas envie de patienter encore plus, mais c'est censé monter sur la duré...

à écrit le 05/11/2019 à 10:40
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FDJ ! l impot des pauvres ou attrape nigauts

à écrit le 05/11/2019 à 10:39
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FDJ ! l impot des pauvres ou attrape nigauts

à écrit le 05/11/2019 à 9:45
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C'est surtout que les privatisations ça eu payé mais avant internet or le peuple français ne comprendra jamais que l'on vende une entreprise publique bénéficiaire, de ce fait, comem d'habitude les LREM aveuglés par leur croyance idéologique, mettent ...

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