Un canular provoque... la flambée de Avon à Wall Street

Le groupe de cosmétiques Avon Products a flambé à la Bourse de New-York jeudi après l'annonce d'une offre de rachat pour le moins mystérieuse.
Sarah Belhadi
L'action Avon Products a gagné jusqu'à 20% pour atteindre 8 dollars ce jeudi suite à une OPA probablement fausse.

Et si le gendarme de la Bourse de New-York avait été dupé ? Dans une lettre adressée auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC), une mystérieuse société propose de racheter le groupe de cosmétiques, spécialisé dans la vente à domicile, pour près de trois fois sa valeur de marché.

Un document imprécis et incohérent

La société se présente sous le nom de PTG Capital Partners et propose 18,75 dollars par action. Une proposition très alléchante, et surtout très au dessus du cours de l'action Avon qui clôturait mercredi 13 mai à 6,67 dollars. Le scénario a de quoi faire tourner la tête : une telle offre valoriserait Avon à 8,15 milliards de dollars, soit presque 3 fois plus que sa valeur de mercredi soir, à 2,9 milliards de dollars.

Si la proposition est alléchante, elle est peut-être trop belle pour être vraie : le document comporte de multiples fautes d'orthographe, et les appels aux numéros de téléphone mentionnés sur le document restent désespérément sans réponse. Autre doute : PTG disposerait d'un bureau à Londres, vacant, et donne dans le même temps une adresse similaire à celle de TPG à Fort Worth... qui n'est autre que le fonds de capital investissement qui avait racheté Avon Japan en 2010. Le vrai TPG a pour sa part démenti tout lien avec cette drôle d'affaire.

Et pourtant, l'action flambe

De nombreux observateurs commencent à douter sérieusement de la validité de ce document. Et pourtant Wall Street s'emballe : l'action a fini en hausse de 6% à 7,07 dollars, après avoir grimpé jusqu'à 8 dollars. Et quelque 69,5 millions de titres ont changé de mains. Malgré cet emballement, la SEC est directement mise en cause sur le contrôle des avis financiers.

Vives critiques à l'encontre du gendarme de la Bourse

"Il y a eu une fausse information et j'ignore pourquoi on n'annule pas toutes les transactions, c'est une erreur des autorités de régulation", s'inquiète Stephen Massocca, directeur des investissements chez Wedbush Equity Management à San Francisco, comme le rapporte l'agence Reuters.

L'avis financier a été diffusé par le système informatique de la SEC, nommé Edgar, et ne nécessitant pas d'intervention humaine. Il suffit de remplir un formulaire en ligne, d'obtenir un mot de passe et d'accéder à une base de données. Autrement dit tout peut passer comme une lettre à la poste, excepté des erreurs "dans des situations rares et inhabituelles". Comme l'indique Scott Kimpel, associé du cabinet d'avocats Hunton et Williams, un ancien de l'autorité des marchés :

"A moins d'écrire, je m'appelle Mickey Mouse et j'habite sur la Lune, ils avalisent. Il n'y a pas de contrôle".

 Le régulateur du marché boursier américain n'a pas fait de commentaire.

Une situation financière dans l'impasse

Impliqué depuis 2011 dans une affaire de corruption, le groupe de cosmétiques peine à se relever. Déficitaire depuis trois ans, ses pertes ont fortement augmenté en 2014 pour atteindre 388,6 millions de dollars sur des ventes totales de 8,8 milliards de dollars. La  directrice générale Sherilyn McCoy doit présenter un plan de restructuration à l'automne, initialement prévu en mai.

Sarah Belhadi

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