Les facs Paris 2, 4 et 6 se rêvent en première université française

Constitué cet été, le pôle regroupant les universités Paris II, Paris IV et Paris VI rapproche ses écoles doctorales et compte multiplier les doubles diplômes.
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Depuis que les universités parisiennes ont été contraintes par le gouvernement de se regrouper pour pouvoir prétendre aux 700 millions de l'opération campus (sur un total de 5 milliards), après de longs mois de pagaille, l'heure est désormais à la mise en ?uvre de véritables stratégies communes en matière de recherche. Ce jeudi, l'un des quatre pôles parisiens, "Sorbonne Universités", fondé par Assas (Paris 2), Paris-Sorbonne (Paris 4) et Pierre et Marie Curie (UPMC, Paris 6) a affiché ses ambitions à l'issue de la première réunion plénière de son conseil d'administration, 6 mois après sa constitution.

"Nous n'avons pas fait de bruit depuis, mais nous avons travaillé", a lancé Louis Vogel, président de Sorbonne Universités et d'Assas, exposant les avantages du pôles : des disciplines complémentaires ne se recoupant pas (droit, sciences dures, médecine, lettres, sciences humaines) et des membres associés venant compléter les spécificités de chaque université (Insead, Ecole nationale de la magistrature, école nationale supérieure de la police, université technologie de Compiègne, Ecole des Chartes, Institut national de l'histoire de l'art). Un atout plus qu'une faiblesse pour ce paquebot de 60.000 étudiants et de 680 millions d'euros de budget cumulé, selon Louis Vogel : "Nous n'avons ainsi pas de problèmes de frontières et pouvons agir vite."

Sept doubles licences


Dès la rentrée dernière, les écoles doctorales se sont rapprochées au sein d'un collège doctoral et sept doubles licences ont vu le jour (droit et histoire, sciences et musicologie, sciences et philosophie, histoire de l'art et droit, etc). Devraient suivre dans 3 ans des doubles masters à même de répondre à des besoins professionnels précis (administrateurs de musée, juristes en propriété intellectuelle...). Surtout, ce regroupement représente une force de frappe pour répondre aux appels à projets du grand emprunt. Le pôle a ainsi déposé pas moins de 20 dossiers (sur 239) pour les laboratoires d'excellence, 3 pour les instituts hospitalo-universitaires (sur 19) auxquels s'ajoute un projet d'institut de recherche technologique (IRT) et un projet de société de transfert technologique (SATT). Et il est bien sûr candidat au graal, l'appel à projet "initiatives d'excellences", qui sélectionnera cinq grands campus à même de porter les couleurs de l'enseignement supérieur français à l'international. Louis Vogel compte sur les laboratoires d'excellence pour accroître la mobilité et la visibilité des magistrats français avec la création d'une école internationale qui vise à rattrapper le retard français en matière de recherche en négociation, de droit comparé ou encore d'économie du droit. "L'Institut de pratique professionnelle délivrera aussi des doctorats. Les magistrats français ne font jamais de thèse, ce qui nuit à leur mobilité internationale", constate Louis Vogel. Un observatoire de la vie littéraire et un collège d'ingénierie sont aussi en gestation.
 

Poupées russes

Plus floue est la ligne directrice du projet initiative d'excellence, qui compte capitaliser sur l'interdisciplinarité du pôle. "Notre projet ira de la première année au doctorat et sera porté par le pôle. Il servira à structurer nos établissements afin de devenir la première université française", anticipe Louis Vogel. "Nous voulons créer des licences pluridisciplinaires . Nous nous mettons en ordre de marche", explique Jean-Charles Pomerol, le président de l'UPMC, reconnaissant que "la situation est compliquée". De fait, les appels à projets du grand emprunt s'imbriquent les uns dans les autres suivant une logique de poupées russes, l'ultime étape étant l'initiative d'excellence. Par ailleurs, certains dossiers "dépassent les frontières de notre pôle", indique Jean-Charles Pomerol, citant l'IRT, conduit avec le pôle Paris Cité (Sciences Po, Paris 5, Paris 7...). Sans compter que chacune des trois universités entretient, hors du PRES, d'autres coopérations telle l'UPMC, qui délivre des doubles licences avec Sciences Po. De quoi brouiller encore un peu plus les pistes.
En attendant les résultats des appels à projet, les membres de Sorbonne Universités attendent  l'argent de l'opération campus. Pour l'heure, sur les 700 millions promis pour les pôles parisiens, seuls 200 millions ont été annoncés pour le regroupement Paris Cité. Restent donc 500 millions pour les trois autres pôles... Valérie Pécresse, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, a récemment attribué une dotation d'amorçage de 2 millions d'euros à Sorbonne Universités, après que ce dernier en a fait la demande expresse.

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