Le droti à la colère

Chaque semaine, découvrez les chroniques sur la vie au bureau réalisée par Sophie Peters. Anecdotes, conseils, expériences : pour sourire mais aussi mieux se sentir dans son job.

 

Que disent les séquestrations de cadres dirigeants?? Nouvelle expression de la souffrance au travail, elles signent par leur violence le signe d'une colère. La question n'est pas de savoir si celle-ci est légitime ou non. Elle « est ». Par son existence et sa répétition, elle inquiète certes, mais surtout interroge. Car cette colère c'est aussi la nôtre. Tous, nous en sommes pétris. Sans bien savoir quoi en faire. Notamment dans l'univers du bureau. Or à l'instar des quatre grandes émotions (peur, colère, tristesse, joie) elle a des fonctions spécifiques.

 

Ainsi la colère sert à mobiliser notre énergie pour faire changer les choses, les comportements des autres ou nos propres comportements qui ne nous conviennent pas. Notre besoin dans ce cas-là est d'être respecté. À l'origine, la colère est donc plutôt une bonne chose. Puisqu'elle signale un problème, une tension. Et vise à le résoudre. À ne pas confondre avec le défoulement ou la violence inutile, qui ont un effet strictement inverse.

 

D'où l'importance de l'exprimer. Mais comment?? Le hic c'est qu'elle est rarement autorisée. Et nous n'avons pour la plupart d'entre nous pas appris à la gérer. Réprimée chez le petit enfant avec des adages comme « la colère est mauvaise conseillère », « tu es en colère, tu es méchant, pas beau, » etc., chez l'adulte elle se transforme vite en peur. Peur d'être rejeté, de déplaire ou d'être destructif. Or « tout ce qui ne s'exprime pas s'imprime. Tout ce qui est imprimé cherche à s'exprimer », expliquent Simone Mortera et Olivier Nunge dans un petit livre pratique des Éditions Jouvence, « Gérer ses émotions ».

 

 

 

 

frustration

 

 

 

 

Les deux psychothérapeutes expliquent ainsi comment la colère accumulée tente de ressortir sous un mélange de sentiments tels que l'angoisse, l'anxiété, la dépression? la culpabilisation aussi, forme de colère intrapsychique. « Nous apprenons à l'enfant à ne pas uriner n'importe où mais nous ne l'empêchons pas d'uriner. Pourtant, nous lui apprenons à refouler sa colère mais nous ne lui indiquons pas où il peut l'exprimer. Ce faisant, il bloque ses émotions dès l'âge de 5 ans au risque de se fabriquer un infarctus à 45 »? ou de casser la figure à son voisin. Ou encore de séquestrer son patron. Bien souvent, ces actions ne surgissent pas d'un coup mais après plusieurs mois de négociations. Cette colère-là ne conteste pas les plans sociaux mais exprime un désespoir, une frustration devant des promesses non tenues, un dû non versé, une dépossession, une entrave à la liberté. Colère aussi face au manque de transparence du monde des affaires, ce sentiment que certains s'enrichissent sur le dos des autres. Une bonne façon de l'exprimer?? L'extérioriser pour nous-mêmes mais pas forcément contre les autres. Crier, vociférer pour libérer les tensions mais seul de préférence ou avec quelqu'un de bienveillant, voire tous ensemble comme dans les manifestations. Faire un footing en tapant des pieds ou donner du poing dans un punching-ball. Plutôt que de pratiquer le « boss-snapping », je suggère d'adopter la gestion de la colère à la japonaise?: pousser une bonne gueulante sur la photo de son patron. Jubilatoire et surtout libérateur?!
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