Voir le verre plein plutôt que vide : voici en quelque sorte ce que le psychanalyste britannique Adam Phillips nous invite à faire, mais avec une intelligence redoutable. Sorte d'éloge de l'impuissance, l'auteur s'est intéressé aux trois « capacités négatives », fondement du travail psychanalytique : « être un embarras », « être impuissant » et « perdre et être perdu ». Il en résulte un petit livre brillant et réjouissant, voire jouissif. Ainsi en va-t-il de l'embarras, bien utile puisqu'il nous permet d'enclencher le changement. C'est parce que nous nous sentons gênés que nous cherchons une solution avec toutes les résistances sous-jacentes à cet embarras auquel nous préférerions nettement échapper. Donc, chaque fois que nous sommes embarrassés, c'est le signe qu'un de nos besoins n'est ni écouté ni satisfait. Pour l'auteur, l'opportunité d'un nouveau départ. Quant à l'impuissance, la voici analysée comme condition préalable à notre satisfaction. La nier ou la refouler nous ferme définitivement la possibilité d'être satisfait. Or elle nous fait plus souvent rechercher la sécurité que le bonheur. Et Adam Phillips de conclure qu'avec notre idéalisation très contemporaine d'une personne qui sait ce qu'elle veut et comment l'obtenir, nous exprimons « la terreur aujourd'hui largement répandue de la frustration ». Perfectionnistes de tous horizons, voilà un ouvrage propre à vous faire « lâcher prise ».

« Trois Capacités négatives », d'Adam Phillips, éditions de l'Olivier, 117 pages, 15 euros.