Je suis une optimiste de nature

Présidente fondatrice, en 1990, du groupe Affine, spécialisé dans l'investissement immobilier, Maryse Aulagnon, titulaire d'une maîtrise d'économétrie, d'un DESS d'économie et diplômée de l'IEP Paris, est entrée au Conseil d'Etat à sa sortie de l'ENA en 1975 (promotion Léon Blum). Attaché financier à l'ambassade de France à Washington de 1979 à 1981, puis conseiller juridique au SGCI (Coordination interministérielle auprès du Premier ministre pour les questions européennes), elle devient en 1982 conseiller technique auprès de Laurent Fabius aux ministères du Budget puis de l'Industrie. En 1984, elle rejoint la Compagnie générale d'électricité (CGE) comme directeur des affaires internationales du groupe. Trois ans plus tard, Jean-Charles Naouri la nomme directeur général d'Euris, qu'il vient de créer. Puis elle crée Affine, au départ filiale d'Euris.

J'ai toujours aimé faire deux choses en même temps. Quand j?ai commencé mes études de sciences économiques, je me suis inscrite en licence d?anglais. Puis est venu mai 68, je me suis dit : « Je veux comprendre ». J?ai alors fait une licence de sociologie tout en continuant l?économétrie et un DESS en sciences économiques, avec Bertrand de Jouvenel comme directeur de recherche : la prospective m?intéresse énormément. En même temps, je faisais Sciences po. A la sortie de l?ENA, je suis entrée au Conseil d?Etat, mais en réalité, dès le départ, j?avais la fibre économique assez marquée.

En 1979, je suis partie à l?ambassade de France à Washington comme attaché financier, sur un poste du CNRS. J?étais en charge de la veille sur la recherche universitaire et la pratique gouvernementale en matière de politique économique. Je continue d?aller aux Etats- Unis, on s?y sent tout de suite chez soi. Je contribue autant que possible aux relations France-Etats-Unis, notamment dans le cadre de la French American Foundation et du German Marshall Fund.

Puis j?ai été en charge des budgets économiques de Laurent Fabius, alors ministre chargé du budget, et auprès de Louis Schweitzer, son directeur de cabinet. J?ai suivi Laurent Fabius au ministère de l?Industrie. Quand il a été nommé Premier ministre, je suis partie à la Compagnie générale d?électricité (CGE) comme directeur des affaires internationales. J?y ai connu trois présidences en trois ans, et des événements importants : en 1986, la CGE a pris le contrôle de la branche communication d?ITT. C?était la première fois qu?une entreprise française achetait une entreprise américaine. Georges Pébereau, alors patron de la CGE, était très visionnaire. La prospective m?intéresse énormément. La CGE a aussi créé sa filiale japonaise. J?aime beaucoup la culture japonaise, au départ pour l?esthétique, et depuis que je la connais un peu mieux grâce à la Fondation Sasakawa, pour le rapport des Japonais à la nature, que nous avons du mal à imaginer : leur niveau d?abstraction atteint un raffinement considérable et nous n?appréhendons pas tout.

En 1987, Jean-Charles Naouri, qui était associé chez Rothschild, m?a proposé de le rejoindre au moment de la création d?Euris, en qualité de directeur général. J?ai appris l?organisation d?un tour de table et le métier d?investisseur. Puis j?ai eu envie de créer une société d?investissement dans l?immobilier. Jean-Charles Naouri était d?abord réticent, puis a accepté qu?Affine soit créée en 1990, comme filiale d?Euris, avec un capital initial de 100 millions de francs. Le nom d?Affine vient à la fois de la notion mathématique de fonction affine (qui existait au départ entre Euris et sa filiale), que du mot «affinité ». L?ingénierie financière m?a toujours passionnée, et chez Affine, nous avons d?abord fait de l?ingénierie financière appliquée à l?immobilier en le traitant comme une classe d?actif parmi d?autres. En 1998, j?ai organisé la sortie de certains actionnaires par le biais d?un LMBO. C?était le début de la deuxième vie d?Affine.

On est au carrefour du financier, du juridique, du technique, et de la prospective sociologique. Quand on achète un immeuble aujourd?hui, il faut qu?il soit encore dans son marché dans vingt ans. Il faut bien sûr tenir compte aussi de l?esthétique, des aspects architecturaux et artistiques. La dimension internationale est fondamentale pour moi, tant pour l?accès aux financements que pour le dialogue avec nos actionnaires, très souvent étrangers et qui ont une vision mondiale de l?investissement immobilier. Je ne vois pas d?autre métier faisant aussi bien la synthèse de mon parcours et de mes goûts.

JARDINS SECRETS

Son objet fétiche. Un tableau représentant un village fou qui me suit dans tous mes bureaux.
Sa devise. « If you don?t have a dream you die ! »
Sa gourmandise favorite. Le chocolat noir à plus de 70 % de cacao.
Son refuge. Mon home cinema.
Son défouloir. Descendre une belle piste de ski à bonne allure.

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