Déception en Thaïlande : le gisement de lithium XXL découvert contient en fait... des ressources minérales

Par latribune.fr  |   |  645  mots
La Thaïlande voyait dans ce gisement une « opportunité de devenir autonome dans la production de batteries pour les véhicules électriques ». (Crédits : WASHINGTON ALVES)
La réserve de lithium récemment découverte en Thaïlande n'est pas aussi importante que prévu. Une représentante du gouvernement est revenue sur l'annonce faite en fin de semaine dernière sur ce gisement un temps espéré comme l'un des plus importants du monde. Il contient bien près de 15 millions de tonnes mais de ressources minérales, dont tout de même des traces de lithium.

Ascenseur émotionnel pour le gouvernement thaïlandais. Ce dernier a annoncé vendredi 19 janvier la découverte d'une réserve XXL de lithium, composant qui attise les convoitises puisque indispensable à la fabrication de batteries pour voitures électriques. 14,8 millions de tonnes... qui s'avèrent en fait contenir des ressources minérales et non du lithium pure. S'y trouve toutefois de la lépidolite contenant des traces de lithium, comme l'a précisé Rudklao Intawong Suwankiri, la porte-parole adjointe du gouvernement le lendemain.

« Cette quantité de lithium peut servir à produire des batteries de 50 kWh pour environ un million de véhicules électriques », a-t-elle indiqué.

Ce qui n'est pas négligeable mais très loin des espoirs suscités par l'annonce initiale, qui aurait fait de la Thaïlande le troisième pays au monde avec les plus importantes réserves de ce minerai clé dans la transition énergétique.

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Le pays voyait dans ce gisement, situé dans la province de Phang Nga (Sud) non loin de l'île touristique de Phuket, une « opportunité de devenir autonome dans la production de batteries pour les véhicules électriques ». Car le Premier ministre Srettha Thavisin, en poste depuis août dernier, a pour objectif d'accélérer la transition de la Thaïlande, un important centre de production automobile, vers l'électrique.

Un minerai ultra convoité...

Identifié comme métal « critique » par la Commission européenne en 2020, le lithium est un composant essentiel des batteries de voitures électriques. Les plus importantes réserves mondiales se trouvent en Bolivie (23 millions de tonnes) et en Argentine (20 millions). Ces deux pays forment, avec le Chili, le « Triangle du lithium » : ils en recensent plus de la moitié des ressources totales de la planète selon les experts. L'Argentine a en plus la particularité d'avoir « les deuxièmes plus grandes ressources de lithium, les troisièmes plus grandes réserves et la quatrième plus grande production au monde », selon l'Inde, qui a conclu la semaine dernière avec ce pays son premier contrat de prospection-exploitation de lithium à l'étranger.

Avec l'accélération de l'électrification des parcs automobiles à travers le monde, la demande en lithium a bondi et devrait encore augmenter à l'avenir. La seule électrification des transports à l'horizon 2040 engendrera une multiplication de la demande de plus de 40 au niveau mondial, selon l'Agence internationale de l'Énergie (AIE). Elle aura aussi des conséquences sur la demande d'autres métaux critiques, tels le cobalt et le nickel - leur demande sera multipliée par 20 - et dans une moindre mesure le cuivre (x3), dans des scénarios de décarbonation compatibles avec l'accord de Paris sur le climat.

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... mais la production ne suit pas

Le problème est, qu'actuellement, la production n'est pas suffisante. Même si elle a augmenté « d'environ 80% entre 2020 et 2022 », selon la mise à jour du rapport « Net Zero Roadmap » de l'agence internationale de l'énergie (AIE) publiée en septembre.

Plusieurs projets miniers sont en cours de développement ou d'exploration un peu partout dans le monde. L'Institut d'études géologiques des États-Unis en a répertorié en Australie, Autriche, Brésil, Canada, Chine, en République démocratique du Congo (RDC), République Tchèque, Éthiopie, Finlande, Allemagne, Ghana, Kazakhstan, Mali, Namibie, Nigeria, Pérou, Portugal, Russie, Serbie, Espagne, Thaïlande, États-Unis et Zimbabwe. Une longue liste à laquelle à laquelle s'ajoutent d'ailleurs la France et l'Inde.

Reste que, dans le scénario actualisé de l'AIE, l'offre prévue en fonction de ces projets d'extraction annoncés ne permettrait pas de répondre à l'ensemble de la demande de lithium mais à environ 65% en 2030. Idem, bien que dans des proportions supérieures, pour le cuivre (90%), le cobalt (85%) ou le nickel (80%).

(Avec AFP)