États et banques centrales tentent désespérément de reprendre la main

À l'issue de 48 heures de consultations frénétiques, les ministres des Finances du G7 devaient se réunir dimanche soir pour trouver une issue à la crise. Les marchés espèrent que la Banque centrale européenne achètera dès lundi matin des obligations d'État italiennes et espagnoles.
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Si la dégradation de la note souveraine des États-Unis par Standard & Poor's a eu un mérite, c'est d'avoir accéléré les discussions au sein du G20 et de l'Union européenne visant à trouver une sortie à la crise de la dette. Au cours du week-end, les membres du G7 (France, États-Unis, Allemagne, Japon, Royaume-Uni, Italie et Canada) et du G20, le club regroupant les principales économies mondiales, ont multiplié contacts et conférences téléphoniques pour tenter d'éviter que la chute des marchés financiers - sur lesquels 2.500 milliards de dollars ont été perdus la semaine dernière - se prolonge, voire s'amplifie.

Semaine désastreuse

Au menu des discussions très secrètes entre conseillers, ministres et parfois chefs d'État : la situation américaine, bien sûr, mais aussi celle de l'Italie, le « maillon faible » pour les opérateurs de marché parmi les grandes économies européennes. Nicolas Sarkozy, qui préside actuellement le G20, se serait directement entretenu avec Barack Obama et Angela Merkel. D'après le vice-ministre sud-coréen des Finances, Choi Jong-Ku, les pays du G20 ont tenu une téléconférence dimanche matin, précédée par une autre réunissant les ministres des Finances du G7 et de leurs conseillers. Selon l'agence Reuters, ces derniers devaient à nouveau se réunir dimanche soir.

Parallèlement, le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) devait organiser une vidéoconférence afin de décider si l'institution allait entamer dès lundi matin l'achat d'obligations d'État italiennes et espagnoles. Objectif : stabiliser leur prix alors que les taux d'intérêt exigés par les marchés à ces pays se situent à leur plus haut niveau depuis quatorze ans.

Au terme d'une semaine boursière désastreuse, la question de la coordination et de la gouvernance mondiale se rappelle au bon souvenir des décideurs politiques et économiques. Les dénouements très provisoires des crises de la dette des deux côtés de l'Atlantique ont déçu les investisseurs. L'accord, voilà une semaine, visant à relever le plafond de la dette publique américaine n'a pas provoqué de rebond des valeurs à Wall Street, bien au contraire. Le compromis scellé à la dernière minute a posé en plus de questions qu'il n'a rassuré. Et l'annonce le 21 juillet de mesures pour préserver la zone euro par ses dirigeants rend impatients les marchés, attendant leur mise en oeuvre. C'est dans ce contexte fébrile que Silvio Berlusconi a annoncé vendredi soir la mise en oeuvre d'un plan d'austérité avec un an d'avance sur le calendrier initial.

Le rappel à l'ordre n'est pas venu seulement de la dégringolade des cours de Bourse et de la hausse des taux d'emprunt des États à risque. La Chine, premier créancier étranger des États-Unis et l'un des premiers des pays de l'euro, avait exhorté dès vendredi matin à une plus grande coordination. « Tous les pays doivent communiquer et se coordonner plus avant, faire avancer les réformes du système financier mondial et améliorer la gouvernance de l'économie mondiale », avait demandé le ministre des Affaires étrangères chinois, Yang Jiechi, évoquant les problèmes d'endettement aux États-Unis et en Europe.

À cette inquiétude entourant la capacité des États-Unis et de l'Europe à maîtriser leur endettement, s'ajoute le désordre monétaire alimenté notamment par les doutes sur la robustesse de la première économie mondiale, les États-Unis. Le Brésil s'est lancé par exemple dans un vaste plan de soutien à son industrie pour justement compenser sa perte de compétitivité induite par la hausse de sa monnaie, le real, face au dollar. La banque centrale helvète essaie de faire de même en intervenant pour faire baisser la valeur du franc suisse qui s'envole. Après que la Banque du Japon fut - à nouveau vainement - intervenue sur les marchés pour abaisser le cours du yen face au dollar, le ministre des Finances, Yoshihiko Noda, a indiqué que ces thèmes devaient être discutés au niveau mondial. Même son de cloche à Bruxelles, où le commissaire européen aux Affaires monétaires, Olli Rehn, a dû admettre que « les marchés n'avaient pas réagi comme nous l'espérions aux mesures décidées le 21 juillet ». La fin de la présidence du G20 de Nicolas Sarkozy promet d?être active.

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