Standard & Poor's s'invite désormais dans le débat politique des nations

Les divisions entre le Capitole et la Maison-Blanche justifient la dégradation de la note souveraine des États-Unis, estime l'agence.
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Alors que les régulateurs américains tardent à encadrer l'activité des agences de notation, décriées pour leur aveuglement lors de la crise des crédits subprimes, Standard & Poor's vient de briser un tabou. Vendredi, l'agence a souligné que sa baisse d'un cran de la note souveraine des États-Unis était pour beaucoup motivée par son appréciation du climat politique à Washington, pas seulement par les fondamentaux économiques du pays. « L'abaissement reflète notre opinion selon laquelle le plan de consolidation budgétaire, sur lequel le Congrès et l'administration (Obama) se sont récemment mis d'accord, sera insuffisant par rapport à ce qui, de notre point de vue, serait nécessaire pour stabiliser la dynamique de la dette à moyen terme », a indiqué Standard & Poor's.

Quadruple A

Les « progrès supplémentaires à court terme pour contenir la croissance des dépenses publiques, en particulier en matière de protection sociale, ou pour obtenir un accord sur une hausse des recettes sont moins probables que ce que nous présumions auparavant et ils resteront dans un processus conflictuel et par à-coups », a ajouté l'agence alors que la première économie mondiale conserve toujours sa note AAA auprès de ses concurrentes Fitch et Moody's.

Le Trésor s'est insurgé contre cette décision, indiquant que S&P avait commis une colossale erreur en « oubliant » 2.000 milliards d'économies budgétaires dans ses perspectives du déficit fédéral d'ici à 2021. Le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, a toutefois concédé que le récent accord de réduction du déficit et de relèvement du plafond de la dette fédérale avait « pris trop de temps et a parfois créé trop de divisions ». « La grande nouveauté, c'est que (S&P) tente de prédire l'environnement politique » à Washington, « ce qui est une approche très subjective », s'est indigné, auprès du « New York Times », Randy Neugebauer, l'un des leaders républicains de la commission des Services financiers de la Chambre des représentants. Le président milliardaire de Berkshire Hathaway, Warren Buffett, a pour sa part déclaré que s'il « existait une note quadruple A », il l'attribuerait aux États-Unis, dont l'économie a créé 117.000 emplois en juillet, contre 85.000 attendus par Wall Street.

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