La situation politique préoccupe les investisseurs en Russie

La forte érosion du parti soutenant la politique du Kremlin ne rassure pas les investisseurs alors que la crise économique devrait bientôt toucher la Russie.
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Malgré une chute de 15% par rapport à 2007, le parti Russie Unie  est parvenu à conserver la majorité des sièges (238 sur un total de 450) à la chambre basse du parlement, à l'issue du scrutin de dimanche 4 décembre.

Le parti du Premier ministre Vladimir Poutine et du président Dmitri Medvedev perd la majorité absolue, qui lui permettait d'amender la constitution sans former de coalition. Et la majorité conservée de justesse est entachée par une fraude massive au scrutin (jusqu'à 15% des votes, selon l'ONG "Golos").

La légitimité du scrutin est très relative, si l'on en croit un sondage de l'Institut Levada, puisque 50% des répondants estiment que "tout est joué à l'avance". Les observateurs de l'OSCE ont souligné "de sérieuses indications de bourrage d'urnes" et un accès inégal des partis aux médias contrôlés par l'Etat, c'est-à-dire la télévision. Le tout bien entendu en faveur du parti Russie Unie.

D'autre part, n'ont été autorisés à participer au scrutin que les partis d'opposition "dociles", c'est-à-dire ceux qui se gardent de critiquer Vladimir Poutine. Les partis militant pour une alternance du pouvoir sont systématiquement exclus des scrutins.

"Il faut que le gouvernement améliore rapidement et profondément le climat d'investissement" réagissait hier Alexandre Chokhine, président du RSPP, une organisation surnommée le "syndicat des oligarques" car elle défend les intérêts des grandes entreprises russes auprès du Kremlin

Lui-même encarté chez Russie Unie, Alexandre Chokhine est peu suspect de connivences avec l'opposition. Il espère pourtant que "le gouvernement va tenir compte du désaveu de l'opinion publique envers le parti majoritaire". Selon lui, l'une des principales menaces vient d'une "possible émulation démagogique entre les divers factions qui feront parti de la nouvelle assemblée dans la perspective de l'élection présidentielle [du 4 mars prochain], émulation qui conduirait à la catastrophe pour l'économie russe".

Il estime cependant que Vladimir Poutine, qui se présente pour un troisième mandat, "remportera très probablement l'élection dès le premier tour, car sa popularité dépasse celle du parti Russie Unie".

Néanmoins, la dynamique des votes n'est pas en faveur du pouvoir en place, ce qui fait dire à de nombreux commentateurs que l'issue de l'élection présidentielle n'est plus aussi garantie qu'elle le semblait, auparavant.

"L'échange de rôle entre Dmitri Medvedev et Vladimir Poutine a été mal perçu par l'opinion publique" reconnaît le patron du RSPP. "Le Kremlin va devoir tenir compte de l'existence d'un vote protestataire en progression". L'approche de la seconde vague de la crise, qui devrait frapper la population russe avant mars prochain, suggère que le mécontentement envers le pouvoir ne peut qu'augmenter.

Dmitri Peskov, le porte-parole de Vladimir Poutine a déjà mis sur le dos de la crise les résultats en baisse du parti Russie Unie.

Alexandre Chokhine attire également l'attention sur deux problèmes cruciaux que sont la fuite de capitaux (52 milliards d'euros pour 2011, estimation de la banque centrale de Russie) et l'assèchement des investissements. Selon la Haute Ecole d'Economie, ces investissements capitaux ont été divisés par deux ou trois depuis la crise de 2008. L'incertitude provoquée par une fragilisation du pouvoir ne fait qu'empirer ces tendances.

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