La zone euro va devoir sauver la Grèce sans Dominique Strauss-Kahn

Les ministres des finances de la zone euro doivent décider aujourd'hui de nouvelles modalités d'aide à la Grèce pour éviter un risque de contagion à l'ensemble des pays surendettés.
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«L'arrestation de Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI), aux États-Unis, n'influera en rien sur la détermination de la Grèce à mettre en plan les mesures d'austérité conditionnant le plan d'aide du FMI et de l'Union européenne ». Rassurer... Quelques heures à peine après la révélation du scandale qui implique le président du FMI, et juste avant un sommet de l'Eurogroupe qui doit ausculter aujourd'hui la crise des dettes souveraines en Europe, et rééchaffauder un plan d'aide à la Grèce, les autorités grecques n'avaient sans aucun doute pas d'autre choix. Mais cela suffira-t-il ? L'inculpation pour « agression sexuelle » de DSK complique encore un peu plus l'actualité grecque. Le patron du FMI a joué un rôle clé dans le sauvetage in extremis du pays en mai 2010. Et son absence au sein de l'Ecofin aujourd'hui, pourrait, comme le rappellait dimanche un haut responsable grec engendrer « des retards à court terme, dans la mise en oeuvre du plan de sauvetage mis au point par le FMI et l'Union européenne ».

Les racines du mal sont cependant bien plus profondes. En dépit des 110 milliards d'euros de prêts d'aide qui lui ont été octroyés en mai 2010 par le FMI et l'UE sur trois ans, Athènes n'a toujours pas atteint les objectifs de réduction de son déficit qui lui avait été fixés. Pis, l'endettement a été révisé en hausse, à plus de 166 % du PIB, selon les estimations de la Commission européenne. Et, malgré une hausse du PIB de 0,8 % au premier trimestre, par rapport à l'activité du dernier trimestre 2010, le pays s'apprête à connaître en 2011 sa troisième année consécutive de récession. Dans ce contexte, la Grèce pourrait se voir priver du versement le mois prochain de la tranche de 12 milliards d'euros prévu dans le cadre du plan décidé en mai 2010. Avec pareil bilan, Athènes ne parvient plus à convaincre les investisseurs. En témoigne les exorbitantes primes de riques qu'ils exigent (autour de 15 % ces derniers jours) pour détenir des obligations grecques. « Dans ces conditions il est difficile d'envisager un retour sur les marchés en 2012 », reconnaît Christine Lagarde, la ministre française de l'Économie.

Pour l'instant, la Troïka composée du FMI, de l'Union Européenne et de la Banque Centrale Européenne tente de gagner du temps et envisage, en contrepartie de nouveaux ajustements budgétaires, d'offrir une rallonge supplémentaire à Athènes. La restructuration de la dette grecque reste politiquement taboue. Nul responsable politique européen ne veut pour l'heure envisager cette solution de peur que l'Irlande et le Portugal - deux autres pays secourus entre temps, ne soient par contagion incités à relâcher leurs efforts de rigueur et de politiques de réformes structurelles.

Les financiers, eux, se sont cependant déjà fait une opinion sur cette question. « Cette nouvelle aide à la Grèce ne fera pas chuter les primes de risque » car les «niveaux d'endettement ont atteint des proportions qui ne seront plus jamais finançables sur les marchés », estiment les spécialistes de Commerzbank. La situation risque vite de devenir inextricable. Sans compter que les opinions publiques européennes se font plus réticentes qu'elles ne l'étaient en 2010 à venir en aide à la Grèce. En Allemagne, cette question pourrait même présenter un risque politique pour Angela Merkel. Le parti libéral avec qui sa formation, la CDU, forme une coalition, est contre toute nouvelle aide à Athènes.

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