L'Ethiopie va libérer des politiques emprisonnés, annonce son gouvernement

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L'ethiopie va liberer des politiques emprisonnes, dit son gouvernement[reuters.com]
(Crédits : Tiksa Negeri)

ADDIS-ABEBA (Reuters) - Des membres de l'opposition éthiopienne emprisonnés vont être libérés et graciés, a annoncé mercredi le gouvernement éthiopien, de façon totalement inattendue.

Les libérations permettront de "favoriser la réconciliation nationale", a déclaré le Premier ministre, Hailemariam Desalegn.

Le pays de la Corne de l'Afrique est secoué par des violences depuis près de trois ans. Les premières manifestations se sont déclenchées dans la province d'Oromia (sud-ouest), pour protester contre des expropriations.

Plusieurs responsables d'opposition ont été condamnés pour participation à une entreprise terroriste et collusion avec les autonomistes du Front de libération Oromo, et emprisonnées.

"Les hommes politiques actuellement visés par des poursuites et ceux précédemment condamnés verront leurs procès annulés ou seront amnistiés", a déclaré Hailemariam Desalegn lors d'une conférence de presse dans la capitale, Addis-Abeba.

Le Premier ministre a aussi annoncé que le centre de détention de "Makelawi", à Addis-Abeba, où les ONG accusent les autorités d'avoir torturé des détenus, serait fermé et transformé en musée.

Près de 700 personnes ont été tuées dans les violences en 2015 et 2016, selon une enquête commanditée par le Parlement, où l'opposition n'est pas représentée.

Les rassemblements sur les droits fonciers se sont mués au fil des mois en manifestations contre le gouvernement, notamment après l'arrestation de Merera Gudina et Bekele Gerba, deux chefs de file du groupe d'opposition Congrès fédéraliste Oromo.

Ces derniers mois, une série d'affrontements ethniques entre Oromos et Somalis ont fait en outre des dizaines de morts dans la région d'Oromia.

L'ONG Amnesty International a réagi prudemment à l'annonce des libérations.

"Un nouveau chapitre pour les droits de l'homme ne sera possible que si toutes les allégations de torture et autres mauvais traitements font l'objet d'enquêtes et si les responsables sont traduits en justice", a déclaré Fisseha Tekle, spécialiste de l'Ethiopie au sein de l'ONG.

(Aaron Maasho; Julie Carriat pour le service français, édité par Danielle Rouquié)