Macron annonce une loi contre les "fake news"

reuters.com  |   |  570  mots
Macron annonce une loi contre les fake news[reuters.com]
(Crédits : Pool New)

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron a annoncé mercredi un futur projet de loi visant à endiguer la propagation de fausses informations, en particulier en période électorale et sur internet.

Le chef de l'Etat a fait cette annonce lors de ses voeux à la presse, à L'Elysée, durant lesquels il a également confirmé son intention de réformer le service public de l'audiovisuel et, plus généralement, théorisé ses relations avec les journalistes.

"Si nous voulons protéger les démocraties libérales, nous devons savoir être forts et avoir des règles claires", a-t-il déclaré pour justifier sa volonté de lutter contre les "fake news", surtout pendant les campagnes électorales.

"Les plates-formes se verront ainsi imposer des obligations de transparence accrue sur tous les contenus sponsorisés, afin de rendre publique l'identité des annonceurs et de ceux qui les contrôlent, mais aussi de limiter les montants consacrés à ces contenus", a-t-il précisé.

"En cas de propagation d'une fausse nouvelle, il sera possible de saisir le juge à travers une nouvelle action en référé permettant le cas échéant de supprimer le contenu mis en cause, de déréférencer le site, de fermer le compte utilisateur concerné, voire de bloquer l'accès au site internet", a encore déclaré Emmanuel Macron.

Ces mesures seront contenues dans un projet de loi à venir "prochainement".

Le chef de l'Etat n'a donné aucun exemple mais, en mai dernier, il avait pris pour cible Russia Today et Sputnik, deux médias financés par le pouvoir russe, qu'il avait alors accusés d'agir en "organes d'influence" répandant des "contre-vérités infamantes".

Ces deux médias, qui possèdent chacun une version française, avaient auparavant été écartés de la campagne présidentielle d'Emmanuel Macron.

RÉFORME "DÉPASSIONNÉE" DE L'AUDIOVISUEL PUBLIC

Le chef de l'Etat est par ailleurs revenu sur son intention de réformer l'audiovisuel public dans le cadre d'un projet de loi qui sera présenté "avant la fin de l'année" 2018.

"Il importe de revoir en profondeur et de manière très dépassionnée la grammaire et les règles de l'audiovisuel public", a-t-il expliqué, avec pour objectif de "s'adresser à tous".

Il convient, selon lui, de repenser contenus, usages et organisation du service public de l'audiovisuel, mais aussi sa relation avec l'Etat, "par trop tatillonne et, de fait, inefficace".

Pour ce faire, l'exécutif s'appuiera sur les conclusions d'une mission ad hoc, qui doit rendre ses travaux à la fin du premier trimestre 2018, et sur une comparaison avec "les différents modèles européens et internationaux".

Le dossier est sensible, comme en témoigne la polémique déclenchée le mois dernier par des propos prêtés à Emmanuel Macron, qui aurait qualifié l'audiovisuel public de "honte", mais formellement démentis par l'Elysée.

Face aux journalistes, le chef de l'Etat a théorisé sa relation avec la presse et la nécessité, selon lui, de maintenir une "saine distance" entre les deux mondes.

"La proximité, à laquelle nous avions pu parfois nous habituer, je pense, n'était bonne ni pour le pouvoir politique ni pour l'exercice du métier de journaliste", a-t-il dit.

Ce rapprochement, a-t-il ajouté, "a consisté parfois à donner plus de place à des propos d'antichambre qu'aux propos tenus de manière officielle" et "c'est encore parfois le cas".

(Jean-Baptiste Vey, avec Simon Carraud, édité par Jean-Philippe Lefief)