(Reuters) - Johnson & Johnson a annoncé mardi une perte nette au quatrième trimestre due à une charge exceptionnelle de 13,6 milliards de dollars (11,1 milliards d'euros) liée à la réforme fiscale récemment adoptée aux Etats-Unis, qui l'a décidé à rapatrier immédiatement des milliards de dollars.

De nombreuses multinationales américaines ont dit vouloir profiter de la réforme qui abaisse la taxation sur les bénéfices et la trésorerie accumulés à l'étranger et rapatriés aux Etats-Unis.

Le laboratoire américain avait annoncé l'année dernière détenir à l'étranger 66 milliards de dollars de bénéfices non distribués et a il a dit mardi disposer d'une trésorerie de 16 milliards de dollars hors des Etats-Unis.

Le groupe du New Jersey veut rapatrier 12 de ces 16 milliards immédiatement, a déclaré son directeur financier Dominic Caruso lors d'une conférence téléphonique avec des analystes après la publication des résultats du quatrième trimestre.

Il a précisé que l'essentiel de ce montant serait dédié au remboursement de la dette et au financement des activités américaines de J&J.

La charge inscrite par J&J est à ce jour la plus élevée annoncée par les entreprises du secteur pharmaceutique. Amgen Inc a ainsi comptabilisé une charge de plus de 6 milliards de dollars, tandis que Pfizer n'a pas encore donné de détails sur ses projets fiscaux.

L'action J&J baisse de 2,71% à 144,33 dollars vers 16h50 GMT à Wall Street.

PRÉVISIONS SUPÉRIEURES AUX ATTENTES

J&J a accusé une perte au quatrième trimestre en raison de la charge, mais son bénéfice par action hors éléments exceptionnels a dépassé les attentes grâce à la forte demande pour ses nouveaux traitements anticancéreux et à l'acquisition de la biotech suisse Actelion.

La perte nette a atteint 10,71 milliards de dollars, soit 3,99 dollars par action, contre un bénéfice de 3,81 milliards de dollars (1,38 dollar/action) un an plus tôt.

Hors éléments exceptionnels, le bénéfice par action ressort à 1,74 dollar alors que les analystes l'attendaient en moyenne à 1,72 dollar, selon le consensus Thomson Reuters I/B/E/S.

Les activités internationales de J&J ont représenté près de la moitié des 20,20 milliards de dollars de son chiffre d'affaires global au quatrième trimestre, en hausse de 11,5% par rapport aux trois derniers mois de 2016.

Les analystes tablaient en moyenne sur un chiffre d'affaires de 20,07 milliards de dollars, selon Thomson Reuters I/B/E/S.

La hausse des ventes des traitements d'oncologie Darzalex et Imbruvica et de celles du Tremfya contre le psoriasis a permis au groupe américain d'accroître de 17,6% son chiffre d'affaires tiré des produits pharmaceutiques, à 9,68 milliards de dollars.

Les traitements à plus forte marge d'Actelion, acquis en 2016 par J&J pour 30 milliards de dollars, ont contribué à hauteur de 25% à la croissance des ventes de la division pharmaceutique.

Les ventes de la division de santé grand public, qui fabrique notamment les pansements Band-Aid, les crèmes et cosmétiques Neutrogena et l'anti-douleur Tylenol, ont progressé de 3,1% à 3,5 milliards de dollars.

J&J a publié des prévisions supérieures aux attentes pour 2018, avec un BPA ajusté attendu dans une fourchette de 8,00 à 8,20 dollars et un chiffre d'affaires qui devrait se situer entre 80,6 et 81,4 milliards de dollars. Les analystes anticipent actuellement un BPA de 7,87 dollars en 2018 sur un chiffre d'affaires de 80,70 milliards, selon Thomson Reuters I/B/E/S.

(Divya Grover à Bangalore; Bertrand Boucey et Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Véronique Tison)