Le fonds activiste Amber Capital défie Arnaud Lagardère

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Lagardere: le fonds activiste amber propose un nouveau conseil de surveillance[reuters.com]
(Crédits : Benoit Tessier)

PARIS (Reuters) - Amber Capital a annoncé jeudi qu'il demanderait un renouvellement total du conseil de surveillance de Lagardère lors de la prochaine assemblée générale du groupe, appelant à un "référendum" sur la gestion du groupe par Arnaud Lagardère le 5 mai.

Depuis plus de quatre ans, le fonds britannique, devenu premier actionnaire de Lagardère avec 16,4% du capital, dénonce la gestion et les performances boursières du groupe présent dans l'édition, les boutiques d'aéroport (travel retail) et les médias.

Le fonds activiste demande également l'abandon de la gestion en commandite, une simplification de la structure du groupe, la réduction des coûts de la holding ainsi qu'une révision de la politique de dividende.

Dirigée par Arnaud Lagardère depuis le décès brutal de son père Jean-Luc en 2003, la société a vu son périmètre nettement réduit par une vague de cessions tandis que ses investissements dans de nouveaux secteurs comme le sport ont eu des résultats jugés décevants.

Depuis le début de l'année, l'action Lagardère, qui souffre de la chute du trafic dans les boutiques d'aéroport, accuse un repli de 43% alors que le SBF120 a cédé 24% dans le même temps. Depuis l'arrivée aux commandes d'Arnaud Lagardère, le titre a sous-performé l'indice Stoxx 600 des médias de 157%.

"Ce vote pour le conseil de surveillance, c'est un référendum en fait", a déclaré à des journalistes Joseph Oughourlian, fondateur et dirigeant du fonds. "C'est un référendum sur la commandite, c'est un référendum sur la gestion des 17 dernières années".

Amber Capital avait déjà tenté en 2018 d'infléchir la composition du conseil, sans y parvenir. Il essaie également, sans résultat jusqu'à présent, d'obtenir la publication des comptes de Lagardère Capital & Management, holding personnelle d'Arnaud Lagardère, en vue de faire la lumière sur sa dette.

LE MAINTIEN DU DIVIDENDE POSE QUESTION

Deuxième actionnaire du groupe, le Qatar n'a pas précisé sa position dans la bataille qui oppose le fonds à Arnaud Lagardère, troisième actionnaire et gérant commandité, dont l'éviction est extrêmement difficile dans le cadre du statut de commandite de la société.

Ce statut, peu répandu en France, confère aux actionnaires un pouvoir d'influence limité sur la conduite de la société mais le conseil de surveillance a la faculté de s'opposer au renouvellement du mandat du gérant. Or celui d'Arnaud Lagardère arrive à échéance en mars 2021.

"La bataille ne fait que commencer", a déclaré Joseph Oughourlian, qui dit ne pas avoir eu de contact récent avec le Qatar.

S'il souhaite renouveler la totalité du conseil de surveillance, le fonds ne s'oppose pas en revanche à l'arrivée de l'ancien chef de l'Etat Nicolas Sarkozy, un fin connaisseur du Qatar, et de l'ex-président de la SNCF Guillaume Pepy, cooptés le mois dernier.

L'offensive du fonds intervient au lendemain de l'annonce par Lagardère de la suspension de ses prévisions face à l'impact de l'épidémie de coronavirus.

Le groupe maintient cependant son dividende, réduit à un euro par action (contre 1,30 euro prévu initialement), ce qui étonne certains investisseurs.

"La génération de 'free cash-flow' de Lagardère couvrait à peine son dividende avant l'impact du Covid-19. Cela signifie que le 'free cash-flow' de 2020 a peu de chances de couvrir le dividende révisé", estiment les analystes de Kepler Cheuvreux dans une note.

Au vu du niveau relativement élevé de sa dette, Lagardère aurait pu passer le dividende pour protéger sa trésorerie, fait valoir le broker.

(Jean-Michel Bélot et Gwénaëlle Barzic, avec Christopher Thompson, édité par Marc Angrand)