USA : Plus de trois millions d'inscriptions au chômage, un record

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(Crédits : Brian Snyder)

(Reuters) - Les inscriptions hebdomadaires au chômage ont explosé aux Etats-Unis la semaine dernière pour dépasser trois millions, un record absolu, les mesures adoptées pour contenir la pandémie de coronavirus ayant brusquement mis à l'arrêt l'activité d'une partie du pays et déclenché une vague de licenciements sans précédent.

Ces inscriptions ont atteint 3.283.000 lors de la semaine au 21 mars, dépassant de loin le précédent record de 695.000, qui datait de 1982, a annoncé jeudi le département du Travail.

Les économistes attendaient en moyenne un million d'inscriptions au chômage mais leurs estimations s'échelonnaient de 250.000 à 4,0 millions, une fourchette inhabituellement large.

Pour beaucoup d'économistes, les Etats-Unis sont déjà en récession et avec près de la moitié de la population américaine désormais soumise à des mesures de confinement, ils s'attendent à une nouvelle augmentation des demandes d'allocations chômage dans les semaines à venir.

"Avec des fermetures partielles à travers le pays entraînant l'arrêt soudain de l'activité, l'économie américaine connaîtra la plus forte contraction économique jamais enregistrée et la plus forte poussée de chômage de son histoire", a déclaré Gregory Daco, économiste en chef chez Oxford Economics à New York.

"Nous nous attendons à ce que le nombre de chômeurs continue de progresser tant que les arrêts d'activité se poursuivront."

Le département du Travail a attribué cette augmentation spectaculaire à la propagation du coronavirus, qui a entraîné la mort de plus de 1.000 personnes aux Etats-Unis selon le décompte de l'Université Johns Hopkins.

"Le secteur des services, en particulier l'hébergement et la restauration, sont ceux qui reviennent le plus comme étant les plus touchés par la hausse du chômage", a indiqué le département du Travail.

"Les autres industries citées par les Etats sont ceux de la santé et de l'aide sociale, les arts, le divertissement et les loisirs, les transports et la logistique, et l'industrie manufacturière."

La multiplication des licenciements et la chute de l'activité économique ont poussé Donald Trump à inciter les entreprises à rouvrir leurs portes d'ici Pâques, le 12 avril. Mais compte tenu de l'augmentation des cas et des décès, de nombreux experts en santé, économistes et politiciens s'y opposent.

LA FED PRÊTE A INTERVENIR

Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, a déclaré que les Etats-Unis "pourraient bien être en récession" mais il a ajouté que la priorité allait à la lutte contre la propagation de l'épidémie de coronavirus.

Le but des milliers de milliards de dollars de prêts et de rachats de titres que la Fed a annoncés ces dernières semaines est précisément de permettre à l'économie, jusqu'alors en bonne forme, de marquer une pause suffisamment longue pour assurer la sécurité sanitaire des Américains avant ce qui pourrait être un fort rebond économique plus tard dans l'année, a déclaré Jerome Powell.

Il a assuré que la banque centrale prêterait "de manière massive" pour atteindre cet objectif, expliquant que les engagements de plus de 440 milliards de dollars du Trésor permettraient à la Fed de libérer potentiellement jusqu'à 4.000 milliards de dollars de crédit aux acteurs économiques.

"Plus tôt nous traverserons cette période et maîtriserons le virus, plus tôt la reprise pourra arriver (...) Nous savons que l'activité économique diminuera probablement de manière importante au deuxième trimestre mais je crois que beaucoup - et j'en fais partie - s'attendent à ce que l'activité économique reprenne et remonte au second semestre de l'année", a-t-il dit.

La pandémie de coronavirus a incité les gouverneurs d'au moins 18 États à mettre en place des mesures de confinement. Des entreprises dites non essentielles ont été contraintes de fermer. Selon les économistes, un cinquième de la main-d'oeuvre est sous une forme ou une autre de confinement.

Il est désormais pratiquement inévitable que l'envolée sans précédent des inscriptions au chômage mette fin à la période record de 113 mois de croissance de l'emploi aux États-Unis, entamée en septembre 2010.

"Il y a de nombreux travailleurs licenciés qui n'ont pas pu déposer leur demande d'assurance-chômage en raison de l'affluence. Des millions de pertes d'emplois seront probablement comptabilisés dans les prochaines semaines," a déclaré Mark Zandi, économiste en chef chez Moody's Analytics.

La moyenne mobile sur quatre semaines des inscriptions, considérée comme plus représentative de la tendance de fond du marché du travail, a bondi pour inscrire un record à 2,90 millions.

Le nombre de personnes percevant régulièrement des indemnités s'est élevé à 1,803 million lors de la semaine au 14 mars (dernière semaine pour laquelle ces chiffres sont disponibles), au plus haut depuis avril 2018, contre 1,702 million la semaine précédente.

(Lucia Mutikani, Howard Schneider, Laetitia Volga pour le service français, édité par Patrick Vignal et Marc Angrand)