Un militant de Hong Kong exhorte le monde à tenir tête à Pékin

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Un militant de hong kong exhorte le monde a s'opposer a la chine[reuters.com]
(Crédits : Tyrone Siu)

LONDRES (Reuters) - Le sort réservé à Hong Kong par la Chine montre la véritable nature autoritaire du pouvoir chinois et le reste du monde devrait s'élever face au président Xi Jinping et placer la défense des droits humains au-dessus des intérêts financiers dans sa relation avec Pékin, a dit à Reuters le militant pro-démocratie Nathan Law.

La Chine a imposé cette semaine une loi de sécurité nationale à Hong Kong destinée, selon Pékin, à préserver la stabilité de la ville, théâtre en 2019 de vastes manifestations contre l'exécutif local et le pouvoir chinois.

Cette nouvelle loi est vue par les militants hongkongais pro-démocratie et par les puissances occidentales comme une violation du principe "un pays, deux systèmes" entériné par le traité sino-britannique encadrant la rétrocession de Hong Kong à la Chine en juillet 1997 et censé lui garantir un haut degré d'autonomie.

"Les manifestations à Hong Kong ont été une fenêtre pour permettre au monde de constater que la Chine devient de plus en plus autoritaire", a dit Nathan Law à Reuters par liaison vidéo. L'activiste, âgé de 26 ans, a quitté Hong Kong cette semaine. Il a refusé de dire où il se trouvait.

Il a exhorté la communauté internationale à placer les droits humains au-dessus des intérêts financiers dans ses relations avec la deuxième puissance économique mondiale et à "aborder de manière multilatérale la question chinoise avec plus d'assurance".

Le gouvernement britannique estime que le texte voté à Pékin est une violation manifeste des accords pris pour la rétrocession de Hong Kong, et que la Chine oppresse les libertés qui ont contribué à faire de l'ancienne colonie britannique l'un des principaux pôles financiers mondiaux.

A Hong Kong comme à Pékin, les autorités répètent que la loi vise uniquement quelques "fauteurs de troubles" et n'affectera pas les droits ni les libertés de la majorité, ni les intérêts des investisseurs. Elles l'estiment nécessaire pour répondre aux failles sécuritaires exposées par les manifestations.

Pékin a demandé à plusieurs reprises aux puissances occidentales d'arrêter d'interférer dans les affaires internes chinoises.

"La loi de sécurité nationale marque grosso modo la fin du principe 'un pays, deux systèmes' parce qu'il n'y a plus deux systèmes, il n'y a plus de pare-feux entre Hong Kong et la Chine - c'est quasiment une fusion", a dit Nathan Law.

"Il faut que la communauté internationale admette cela et mette en place les mécanismes appropriés pour que la Chine rende des comptes", a-t-il ajouté.

Selon lui, des commerces et professionnels envisagent sérieusement de quitter Hong Kong du fait de la répression de la Chine.

Law a aussi affirmé que Hong Kong et le mouvement pro-démocratie poursuivraient leur résistance, même si cela doit se faire sous d'"autres formes".

Interrogé sur le message qu'il souhaitait adresser au président chinois Xi Jinping, l'activiste a répondu: "Il est mieux pour vous de quitter le pouvoir".

(Natalie Thomas; version française Bertrand Boucey et Jean Terzian)