La BCE relèvera en décembre ses taux d'un demi-point malgré le risque de récession

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Le batiment de la bce, a francfort[reuters.com]
(Crédits : Wolfgang Rattay)

par Jonathan Cable

LONDRES (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE), soucieuse de juguler une inflation persistante, relèvera ses taux d'intérêt de 50 points de base la semaine prochaine malgré une entrée probable de l'économie du bloc en récession, montre une enquête Reuters publiée vendredi.

L'inflation dans la zone euro a ralenti en novembre à 10,0% en rythme annuel, selon la première estimation d'Eurostat, mais elle reste cinq fois supérieure à l'objectif fixé par la BCE, qui a augmenté depuis juillet ses taux d'intérêt de 200 poins de base, portant ainsi le taux de dépôt de -0,5% à 1,5%.

Ce taux devrait passer jeudi prochain à 2% à l'issue de la réunion de politique monétaire de l'institut de Francfort, ce qui serait son niveau le plus élevé depuis 2009, selon la médiane des estimations des économistes interrogés par Reuters du 5 au 8 décembre. Une hausse de cette ampleur est soutenue par 51 des 60 économistes sondés, tandis que deux jugent que la BCE pourrait se montrer plus prudente et sept plus agressive.

Le taux de refinancement devrait lui aussi progresser d'un demi-point, passant à 2,5%.

La Réserve fédérale américaine (Fed), qui se réunit les 13 et 14 décembre, devrait elle aussi, selon le consensus des marchés, relever ses taux de 50 points de base après quatre hausses consécutives de 75 points.

"La réunion de la BCE la semaine prochaine est l'une des rares réunions au cours desquelles la banque centrale prendra une décision après la Réserve fédérale et non avant. Un ralentissement du rythme de hausse des taux de la Fed pourrait également avoir un impact sur la BCE", a noté Carsten Brzeski d'ING.

RÉCESSION BRÈVE ET PEU PROFONDE

Les responsables de la BCE sont pris en étau entre la volonté de poursuivre le resserrement monétaire en cours et la perspective d'une récession économique dans le bloc.

Les économistes sondés estiment avec une probabilité de 80% l'entrée en récession de la zone euro d'ici un an, selon la médiane des prévisions.

Les estimations trimestrielles de prévisions du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro montrent une contraction de 0,3% pour le trimestre en cours et une baisse de 0,4% pour le premier trimestre 2023, ce qui correspond à la définition technique d'une récession. L'économie du bloc devrait ensuite stagner au deuxième trimestre avant de rebondir de 0,3% sur les deux derniers trimestres de 2023.

Une enquête auprès de 69 économistes montre que la croissance en zone euro devrait s'établir cette année à 3,2% avant une contraction à 0,1% en 2023 et une expansion à 1,3% en 2024.

La grande majorité des économistes sondés estiment que la récession attendue en zone euro sera brève et peu profonde. Vingt économistes sur 30 jugent en outre que les risques pesant sur leurs prévisions sont à la baisse.

"Nous prévoyons une courte récession liée au choc énergétique au quatrième trimestre 2022 et au premier trimestre 2023 qui sera atténuée par les mesures gouvernementales, elle sera suivie d'une reprise modérée à partir du deuxième trimestre", a déclaré Luca Mezzomo d'Intesa Sanpaolo.

Les coûts de l'énergie ont flambé depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, mais beaucoup de pays ont opté pour un plafonnement des prix, ainsi que des aides directes aux ménages.

(Reportage Jonathan Cable; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)