Grande-bretagne : La Banque d'Angleterre relève son taux directeur à 4%

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Photo d'archives montrant des gens qui marchent a cote de la banque d'angleterre (boe)[reuters.com]
(Crédits : Henry Nicholls)

par David Milliken et William Schomberg

LONDRES (Reuters) - La Banque d'Angleterre (BoE) a annoncé jeudi une hausse d'un demi-point de son taux directeur, sa dixième augmentation d'affilée, mais elle ne s'engage plus à poursuivre sa remontée "avec force" si nécessaire, estimant que l'inflation a probablement déjà atteint un pic.

Le taux de base britannique est relevé de 3,50% à 4,0%, son plus haut niveau depuis 2008, comme attendu par une majorité des économistes et analystes interrogés par Reuters.

Cette nouvelle hausse de taux a été votée par sept des neuf membres du Comité de politique monétaire (MPC), Silvana Tenreyro et Swati Dhingra s'étant prononcées pour un statu quo.

La BoE, qui tente de juguler les risques liés à une inflation supérieure à 10% sans accentuer la récession attendue, a déclaré que sa série de hausses de taux, lancée en décembre 2021, était susceptible d'avoir une plus grande influence sur l'économie.

Son action devrait permettre à l'inflation de revenir autour de 4% d'ici la fin de l'année, et non plus à 5% comme attendu précédemment.

"S'il devait y avoir des preuves de pressions (inflationnistes) plus persistantes, alors un nouveau resserrement de la politique monétaire serait nécessaire", a déclaré la BoE dans un communiqué.

Jusqu'à présent, l'institution britannique déclarait qu'elle "répondrait avec force", autant que nécessaire, si les perspectives venaient à suggérer davantage de tensions inflationnistes.

La banque centrale prévoit que l'inflation reculera sous son objectif de 2% au deuxième trimestre de 2024, mais des risques à la hausse pèsent sur cette prévision en raison d'un marché du travail tendu et d'une inflation de base plus importante que prévu.

Ces annonces ont conduit les investisseurs à revoir à la baisse leurs anticipations sur le taux, qui devrait culminer à 4,25% et non plus à 4,5%.

Les rendements des emprunts d'Etat britanniques ont creusé leurs pertes, le dix ans évoluant au plus bas depuis mi-décembre, et la livre sterling cédait 0,5% face au dollar

"L'inflation devant fortement diminuer, la hausse de 50 points de base de ce jeudi devrait être la dernière de cette ampleur. Si nous entrons en récession, les responsables pourraient être contraints d'inverser leur stratégie plus tôt que prévu", a déclaré Suren Thiru, directeur économique chez ICAEW.

UNE RÉCESSION MOINS FORTE ATTENDUE

La Grande-Bretagne est toujours en passe de tomber en récession mais celle-ci sera probablement "beaucoup moins profonde" qu'estimée en novembre, grâce en grande partie à une chute des prix énergétiques.

La BoE prévoit désormais une contraction de 0,5% du produit intérieur brut (PIB) cette année, contre -1,5% prévu précédemment, et la récession devrait courir sur cinq trimestres, et non plus huit.

L'économie devrait renouer avec la croissance en 2025 mais elle ne serait que de 0,25%, accentuant la pression sur le Premier ministre, Rishi Sunak, et son ministre des Finances, Jeremy Hunt, qui a promis de présenter des mesures de relance dans le budget de printemps le 15 mars.

Le pays, fortement dépendant du gaz pour la production d'électricité, a subi de plein fouet la flambée des prix de l'énergie après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Il a également souffert d'une baisse de la main d'oeuvre, qui serait liée à la pandémie de COVID-19 et aux restrictions en matière de visas pour les travailleurs de l'Union européenne.

La BoE a déclaré que ce manque de main d'oeuvre, combiné à la faiblesse des investissements des entreprises et à la faible croissance de la productivité, signifiait que l'économie ne pourrait probablement croître que d'environ 0,7% par an à court terme sans générer de pousser inflationniste.

La banque centrale estime que l'économie britannique resterait sous son niveau prépandémique au-delà de 2025, ce qui représente sept années de croissance perdues.

(Reportage David Milliken et William Schomberg, avec Andy Bruce, version française Laetitia Volga, édité par Bertrand Boucey et Blandine Hénault)