Poutine et Xi soulignent leur proximité, pas d'avancée sur l'Ukraine

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Le president russe poutine s'entretient avec le president chinois xi a moscou[reuters.com]
(Crédits : Sputnik)

MOSCOU (Reuters) -Le président russe Vladimir Poutine a dit mardi à l'issue de discussions supplémentaires à Moscou avec son homologue chinois Xi Jinping que le plan proposé par Pékin pour l'Ukraine pourrait servir de base à un accord de paix, mais que Kyiv et les Occidentaux n'étaient pour l'heure pas disposés à cela.

Russie et Chine sont convenues de renforcer la coopération et la confiance entre leurs armées, notamment avec des manoeuvres aériennes et maritimes régulières, selon un communiqué conjoint relayé par les agences de presse officielles russes, précisant que cela ne constituait toutefois en rien une alliance politico-militaire.

Les Etats-Unis ont condamné la visite de Xi Jinping à Moscou, estimant qu'elle offrait une "couverture diplomatique" à la Russie, quelques jours seulement après que la Cour pénale internationale (CPI) a émis un mandat d'arrêt contre Vladimir Poutine pour crimes de guerre en Ukraine.

S'exprimant après une nouvelle réunion au Kremlin avec Xi Jinping, le président russe a mis en exergue le renforcement des relations commerciales, énergétiques et politiques entre Moscou et Pékin.

Il a reproché aux puissances occidentales de vouloir se battre "jusqu'au dernier Ukrainien" et de ne pas être prêtes pour l'heure à sceller un accord de paix.

"Nous pensons que nombre de recommandations dans le plan de paix proposé par la Chine sont en ligne avec l'approche russe et peuvent servir de base pour un règlement pacifique quand l'Occident et Kyiv seront prêts pour cela", a déclaré Vladimir Poutine. "Cependant, jusqu'à présent, nous n'avons rien constaté de tel de leur part", a-t-il ajouté.

Dévoilé le mois dernier, le plan chinois vise à obtenir une désescalade puis potentiellement un cessez-le-feu en Ukraine, sans toutefois proposer de mesures claires.

Aucune avancée majeure n'est ressortie des discussions entre Vladimir Poutine et Xi Jinping.

LA CHINE MET EN AVANT SA "NEUTRALITÉ"

Washington, qui a dit craindre que la Chine décide de fournir des armes à la Russie, a affiché son scepticisme à l'égard de la volonté de Pékin de jouer un rôle de médiateur, du fait de son refus de condamner l'offensive en Ukraine.

Si la Chine veut jouer un rôle constructif, a dit mardi un porte-parole de la Maison blanche, elle doit exhorter la Russie à mettre fin à l'invasion de l'Ukraine.

Les Etats-Unis estiment qu'un cessez-le-feu aurait désormais pour effet de valider les gains territoriaux de Moscou et lui permettrait de disposer de davantage de temps pour préparer une nouvelle phase de son offensive.

Kyiv a salué l'implication diplomatique de Pékin mais a souligné que la Russie devait retirer ses troupes d'Ukraine et respecter sa souveraineté et son intégrité territoriale.

Décrivant ses discussions avec Vladimir Poutine comme "ouvertes et amicales", Xi Jinping a de nouveau mis en avant la "neutralité" de la Chine et appelé au dialogue, lors de ce qui constituait son premier déplacement à l'étranger depuis qu'il a été investi le 10 mars pour un troisième mandat inédit.

Le moment choisi pour cette visite donne une nouvelle dimension au soutien affiché par le président chinois à Vladimir Poutine, après que la CPI a émis vendredi un mandat d'arrêt faisant du dirigeant russe un homme virtuellement recherché dans 123 pays.

Le Kremlin a indiqué que les discussions entre les dirigeants étaient destinées à renforcer le partenariat "sans limite" scellé l'an dernier, peu avant le début de l'offensive russe en Ukraine le 24 février 2022.

Ont été signés une série de documents sur une "coopération stratégique", après ce que Vladimir Poutine a présenté comme des échanges "fructueux et constructifs" montrant que la Chine était désormais le principal partenaire économique de la Russie.

COOPÉRATION À UN NIVEAU "INÉDIT"

Dans une déclaration conjointe relayée par la presse officielle russe, Moscou et Pékin ont indiqué que leurs relations bilatérales avaient atteint un niveau inédit mais n'étaient pas dirigées contre un quelconque pays tiers et ne constituaient pas une alliance politico-militaire.

"Les parties notent que les relations entre la Russie et la Chine, sans constituer une alliance militaire et politique similaire à celle mise en place durant la Guerre froide, sont supérieures à ce type de coopération entre Etats", est-il dit.

Ces relations "ne constituent pas un bloc, ne sont pas de nature conflictuelle et ne sont pas dirigées contre des pays tiers", est-il ajouté dans la déclaration conjointe, dans laquelle Moscou et Pékin disent s'inquiéter des activités des Etats-Unis et notamment de l'alliance "AUKUS" avec l'Australie et la Grande-Bretagne pour la construction de sous-marins nucléaires.

Vladimir Poutine a indiqué que Russie, Chine et Mongolie avaient finalisé des accords sur un projet de gazoduc - "Power of Siberia 2" - destiné à effectuer des livraisons vers la Chine et que Moscou était par ailleurs disposé à accroître les exportations de pétrole vers la Chine.

Il a fait savoir que Moscou était prêt à aider les entreprises chinoises à s'installer en Russie pour remplacer les firmes occidentales ayant quitté le pays du fait du conflit en Ukraine.

En parallèle à cette seconde journée de discussions au Kremlin entre Vladimir Poutine et Xi Jinping, le Premier ministre japonais Fumio Kishida a effectué mardi une visite surprise à Kyiv pour y rencontrer le président ukrainien Volodimir Zelensky.

Ce déplacement est destiné à souligner l'engagement de Tokyo auprès de Kyiv face à l'invasion russe, a fait savoir le gouvernement japonais.

Dans ce qui pourrait être une réaction à cette visite, le ministère russe de la Défense a déclaré que deux bombardiers stratégiques russes avaient survolé la mer du Japon pendant plus de sept heures.

(Reportage des bureaux de Reuters; version française Jean Terzian et Kate Entringer, édité par Tangi Salaün)