La BCE va surveiller les taux bancaires pour détecter des signes de stress, dit Lagarde

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La presidente de la banque centrale europeenne christine lagarde a francfort[reuters.com]
(Crédits : Heiko Becker)

FRANCFORT (Reuters) - Les hausses des taux d'intérêt de la Banque centrale européenne (BCE) commencent à peine à produire leurs effets sur l'économie, mais ces effets pourraient s'intensifier sur fond de turbulences dans le secteur bancaire, a déclaré mercredi Christine Lagarde, la présidente de l'institution.

Alors que les investisseurs se demandent si la BCE sera en mesure de continuer à relever le coût du crédit pour lutter contre l'inflation après la fermeture de deux banques américaines et le sauvetage d'urgence de Credit Suisse, Christine Lagarde a également souligné que la BCE pourrait se montrer plus agressive si les banques deviennent plus réticentes à prendre des risques et commencent à imposer des taux plus élevés pour des emprunts.

"Si, par exemple, les banques commencent à appliquer un 'écart d'intermédiation' plus important alors la riposte (de la BCE) deviendra plus forte", a-t-elle déclaré faisant référence à l'écart entre ses taux et ceux exigés par les banques sur un emprunt de n'importe quel montant ou durée.

Christine Lagarde a par ailleurs réaffirmé la détermination de la BCE à ramener l'inflation en zone euro, ressortie le mois dernier à 8,5% en rythme annuel, autour de 2%, et a noté que les hausses du coût du crédit décidées jusqu'ici commençaient à peine à se répercuter sur l'économie.

"Pour que les pressions inflationnistes s'atténuent, il est important que notre politique monétaire fonctionne de manière robuste dans le sens d'une restriction", a-t-elle dit. "Et ce processus commence seulement à prendre effet aujourd'hui", a-t-elle ajouté.

Depuis juillet, la BCE a relevé son taux de dépôt de 350 points de base, à 3%, ce qui représente un rythme inédit depuis la création de la zone euro. Une nouvelle hausse, qui pourrait culminer à 3,5%, est attendue par les marchés financiers dans le courant de l'année, après celle décidée ce mois-ci de 50 points de base.

L'inflation dans la région, qui a touché un pic à 10,6 % en octobre dernier, ralentit mais, hors énergie, elle continue d'afficher une croissance soutenue.

S'exprimant après Christine Lagarde au cours du même événement à Francfort, Philip Lane, chef économiste de la BCE, a dit cependant anticiper une baisse des prix sous-jacents au fil du temps, le repli des coûts du carburant étant susceptible de se répercuter sur d'autres secteurs.

"Il y a des raisons de croire, en examinant l'effet indirect de l'énergie sur l'indice de référence (...) que des données suggèrent que les mesures de l'inflation sous-jacente vont s'atténuer avec le temps", a-t-il déclaré.

Il a cependant souligné que cette prévision reposait sur une croissance des salaires qui atteindrait son pic cette année.

(Reportage Francesco Canepa et Balazs Koranyi; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)