USA : Les démocrates demandent accès au rapport Mueller d'ici le 2 avril

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(Crédits : Jim Bourg)

par Jeff Mason et Susan Heavey

WASHINGTON (Reuters) - Des représentants démocrates ont demandé lundi que soit remis au Congrès d'ici le 2 avril le rapport Mueller sur l'"enquête russe", alors que le Sénat, contrôlé par les républicains, s'est opposé à une résolution destinée à presser le département de la Justice de publier le rapport dans son intégralité.

Les présidents de six commissions de la Chambre des représentants, où les démocrates sont majoritaires, ont écrit à l'Attorney General (ministre fédéral de la Justice), William Barr, pour lui demander de transmettre au Congrès dans un délai de huit jours les conclusions du rapport du procureur spécial Robert Mueller, selon une lettre que Reuters a pu consulter.

Robert Mueller a mis fin vendredi dernier à près de deux années d'investigations sur les soupçons de collusion entre l'équipe de campagne de Donald Trump et la Russie en 2016 et présenté ses conclusions à l'Attorney General William Barr.

Dans une note de synthèse de quatre pages, le patron du département de la Justice écrit que le procureur Mueller n'a pas trouvé de preuve de collusion délictueuse entre l'équipe Trump et le Kremlin lors de l'élection présidentielle de 2016. Le rapport laisse sans réponse la question de savoir si l'actuel président des Etats-Unis s'est rendu coupable d'entrave à la justice.

Personne en dehors du département de la Justice, pas même la Maison blanche, a pu avoir accès au rapport de Mueller pour le moment. Le département de la Justice n'a pas dit s'il publierait ou non les conclusions du procureur spécial dans leur intégralité, mais William Barr a déclaré par le passé vouloir être le plus transparent possible.

Selon un porte-parole du sénateur républicain Lindsey Graham, qui préside la puissante commission judiciaire du Sénat, Barr a confié lors d'un entretien téléphonique avec Graham qu'il était disposé à être auditionné par la commission sur l'enquête menée par le procureur Mueller.

Donald Trump a convenu lundi que le procureur spécial Robert Mueller avait travaillé honorablement sur l'"enquête russe", mais le président américain s'est plaint d'un "faux récit" et de personnes qu'il a accusées de "traîtrise".

Il a déclaré qu'il ne serait pas gêné du tout si le rapport Mueller venait à être diffusé, précisant que la décision appartenait à Barr.

OFFENSIVE DE LA MAISON BLANCHE

Le chef de file de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, soulignant qu'il avait fallu près de deux ans à Robert Mueller pour mener son enquête, a justifié la décision du Sénat de bloquer une résolution démocrate visant à accélérer la publication du rapport. "Il n'est pas déraisonnable de donner un peu de temps au procureur spécial et au département de la Justice pour finaliser leur analyse de manière responsable et professionnelle", a-t-il dit.

L'un des avocats personnels du président Trump, Jay Sekulow, a déclaré qu'il serait très "malvenu" de publier les réponses écrites de Donald Trump au procureur spécial, affirmant qu'elles sont confidentielles. Malgré ses demandes, Robert Mueller n'a pas pu obtenir d'interroger le président en personne.

"Nous sommes contents que cela soit terminé. A 100% dans le sens qu'il fallait", a déclaré Donald Trump à des journalistes à la Maison blanche.

"J'aurais aimé que cela aille un peu plus vite. Beaucoup de gens ont fait des choses très mauvaises, ont commis des trahisons contre notre pays", a-t-il ajouté en prônant l'ouverture de nouvelles enquêtes, sans donner le nom des personnes ciblées par ces propos.

La porte-parole de la Maison blanche a demandé au Congrès de mener des auditions de plusieurs détracteurs de premier plan de Donald Trump, parmi lesquels l'ancien directeur de la CIA John Brennan et l'ancien directeur du FBI James Comey.

Interrogée lundi sur NBC, Sarah Sanders a déclaré: "La presse et les démocrates ont qualifié le président d'agent d'un gouvernement étranger. Il s'agit d'un acte équivalent à la trahison, qui est passible de la peine de mort dans ce pays".

Elle n'a pas dit si Trump comptait invoquer son privilège présidentiel pour taire certaines informations.

(Avec Mark Hosenball, Sarah N. Lynch, Doina Chiacu, Makini Brice et David Morgan; Jean-Stéphane Brosse et Jean Terzian pour le service français)