Edito : La Chimie au défi de l'innovation

Pour faire face à la montée en puissance des pays émergents, la chimie française est aujourd'hui obligée de se réinventer, en misant sur l'innovation.
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L?année internationale de la chimie, qui sera officiellement clôturée le 1er décembre prochain, a été l?occasion pour les entreprises du secteur de communiquer sur leurs activités, dans un contexte particulièrement exigeant. Confrontée à une mauvaise image dans l?esprit du grand public et à une situation économique difficile, cette industrie est en effet contrainte de se réinventer. « Les années internationales ont surtout une vocation scientifique », reconnaît Hélène Méjean, la porte-parole de l?union des industries chimiques (UIC), qui représente les industriels du secteur. « Mais la chimie étant à la fois une science et une industrie, l?UIC a saisi cette opportunité pour aller à la rencontre du public, afin d?expliquer l?importance de notre secteur ».
D?autant qu?avec ses 77,1 milliards d?euros de chiffre d?affaires en 2010 et ses 171 500 salariés, l?industrie de la chimie en France est un secteur qui compte. Pour autant, elle n?a toujours pas retrouvé son niveau d?avant la crise (82,4 milliards d?euros de chiffre d?affaire en 2008) et elle est de plus en plus confrontée à la montée en puissance des pays émergents. Pour Jean-Louis Brayer, PDG de la société Diverchim, spécialiste de la prestation de services de recherche pour le compte de groupes industriels, ce phénomène est très net. « Jusqu?à il y a sept ou huit ans, seuls quelques-uns de nos concurrents étaient indiens ou chinois? Aujourd?hui, il y a trois fois plus de chinois que d?européens », constate-t-il. La crainte ? Que ces géants asiatiques ne laissent plus de place aux acteurs européens sur leurs propres marchés. Ou même qu?à moyen ou long terme, ils fassent main basse sur les sociétés européennes. « Les besoins sur les marchés intérieurs de ces grands groupes représentent des volumes tellement importants qu?il est possible que l?innovation passe au second plan. Le maintien des budgets de R&D ne serait alors pas assuré », décrypte Pierre Gadrat, directeur de l?activité chimie chez Alcimed, une société de conseil et d?aide à la décision en marketing stratégique. Mais cette dernière menace est surtout réelle sur le marché des matières premières de la chimie de base. « Les gros acteurs répondent avant tout à des besoins de commodités. Ils n?entrent donc pas en concurrence avec les professionnels positionnés sur le créneau de la chimie de spécialités », explique Pierre Gadrat. Et c?est sur cette chimie dite fine et de spécialité, dont les applications vont de la pharmacie à l?agroalimentaire en passant par la cosmétique, que les industriels français ont encore de nombreux atouts. Y compris pour proposer des produits innovants, adaptés aux marchés émergents.
« L?avenir de ce secteur résidera dans sa capacité à être créatif sur des marchés de niches », prévient encore le directeur de l?activité chimie chez Alcimed. Les besoins en efficacité énergétique, que ce soit pour améliorer l?isolation des bâtiments ou la consommation de carburant pour les véhicules, la substitution des matières venant du pétrole par d?autres issues du végétal, le développement de matériaux intégrant différentes fonctionnalités ou encore la prise en compte du cycle de vie des produits sont autant de pistes à explorer par les industriels. Pour Pierre Gadrat, « la course à l?innovation ne doit pas s?arrêter. »

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