"La crise a montré la pertinence des entreprises sociales"

Un entretien avec Gérard Andreck, président du Ceges (*) et président de la Macif.
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Dans les affectations du grand emprunt (35 milliards d'euros), il est prévu 100 millions d'euros pour le développement des entreprises sociales. Cela vous semble-t-il suffisant ?

Ce volet du grand emprunt constitue un complément utile pour renforcer l'action des organismes dédiés au financement de l'émergence d'entreprises de l'économie sociale et solidaire. En outre, une démarche a été engagée pour qu'Oséo, qui bénéficie de 1,5 milliard d'euros du grand emprunt, finance non seulement l'innovation technologique dans les PME mais également l'innovation sociale. Pour être plus efficace, il faut adapter les modalités d'intervention du grand emprunt. On ne finance pas le développement d'une association de services à la personne, d'une mutuelle de santé ou d'une coopérative, dont la propriété est détenue collectivement par ses membres et qui réinvestit ses excédents, comme celui d'une PME classique qui a pour but de rémunérer des actionnaires individuels. C'est pourquoi, au nom du Ceges, j'ai proposé par exemple que le grand emprunt apporte des fonds propres, non seulement en complément de financements en fonds propres, mais également en complément de financements sous forme de subventions.

Quelles actions concrètes mène ?le Ceges pour développer l'entrepreneuriat social ? Ne pensez-vous pas que cet entrepreneuriat souffre d'une image obsolète ?en France ?

Le Ceges fédère la plupart des organisations regroupant les entreprises de l'économie sociale et solidaire. Ces entreprises sociales représentent près de 10 % du PIB et plus de 2,3 millions d'emplois. À l'instar des positions prises sur la réforme de la dépendance, le Ceges fait entendre leurs positions sur les grands enjeux de société. Il porte également la voix commune de leurs organisations d'employeurs dans le dialogue social. La crise a montré la meilleure résistance et la pertinence de ces entreprises fondées sur une solidarité collective, une lucrativité limitée, une gouvernance démocratique et la réponse à des besoins sociaux. La diversité des initiatives brouille peut-être un peu l'image mais depuis trente ans, les entreprises sociales ont évolué : des grandes associations, mutuelles et coopératives se sont développées et modernisées et une multitude de petites entreprises sont porteuses d'innovation et de cohésion sociales. Elles sont aujourd'hui plus créatrices d'emplois que les entreprises classiques et attirent ceux qui cherchent à donner un sens à leur travail, notamment les jeunes.

Quelle mesure phare pourrait constituer une politique ambitieuse de développement de l'économie sociale et de l'entrepreneuriat social ?

Une meilleure reconnaissance des organisations d'employeurs dans le dialogue avec les pouvoirs publics et dans le dialogue social est nécessaire pour construire une politique de développement. Il existe une multitude de bonnes pratiques développées au niveau local dans les territoires par les entreprises de l'économie sociale et solidaire ; l'adoption d'une loi-cadre pourrait favoriser l'essaimage de ces initiatives et promouvoir le développement d'une diversité d'entreprises.

(*) Conseil des entreprises, employeurs et groupements de l'économie sociale.

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