La Chine rassemble les Brics face aux pays industrialisés

Lors de leur sommet annuel les cinq principaux pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) ont souligné leur entente à la veille des réunions du G20 et du FMI ce week-end.
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À quelques heures des assemblées de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale ainsi que d'une réunion du G20 Finance sous présidence française à Washington, la Chine a mobilisé ses pairs pays émergents pour peser sur les discussions. Ce n'est en effet pas un hasard si Pékin avait fixé à jeudi le sommet annuel des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et désormais aussi l'Afrique du Sud) se tenant à Hainan, une île dans le sud de la Chine. Tirant avantage de son rôle d'hôte et de primus inter pares économique des cinq pays membres (le Produit Intérieur Brut chinois est à lui seul supérieur à ceux de ses quatre partenaires réunis...), Pékin a à la fois cherché à dégager des positions communes des émergents face aux pays industrialiés du G7 et à éviter d'aborder les nombreux désaccords existants entre les cinq poids lourds émergents. Ainsi la monnaie chinoise - le yuan - qui mine quelque peu les relations sino-brésiliennes n'a pas été abordée.

À la place, les Brics soulignent dans leur communiqué final « les déficiences du système monétaire et financier international existant », fondé sur la domination du dollar. Les présidents chinois, russe, sud-africain, brésilien et le Premier minsitre indien en appellent « à réformer et améliorer le système monétaire international (SMI) », notamment par une révision de la composition des Droits de Tirage Spéciaux (DTS) du FMI. Le yuan ou le real brésilien pourraient en effet à terme y être inclus, sous certaines conditions.

Rejet de « l'usage de la force »

Cela va, en partie, dans le sens de la réforme du SMI poussée par la présidence française du G20. Mais l'exclusion du yuan de la discussion est un chiffon rouge pour les États-Unis qui se plaignent de sa sous-évaluation face au dollar. Partagés entre grands consommateurs (la Chine, l'Inde) et grands exportateurs de matières premières (Russie, Brésil et Afrique du Sud), les Brics se prononcent par ailleurs pour moins de « volatilité des prix des matières premières ». Des initiatives en ce sens seront discutées ce week-end à Washington : comme la mise en place de limites de position des opérateurs dans le cadre des marchés dérivés de matières premières. L'Europe, à l'exception du Royaume-Uni, y est favorable. Si les positions des Brics sur ces sujets sont plutôt conciliantes envers les pays industrialisés, leur attitude sur les interventions armées dans les pays du Moyen-orient et d'Afrique, à l'instar de la Libye et la Côte d'Ivoire, est en revanche celle d'un rejet de « l'usage de la force ». Les cinq Brics actuellement membres du Conseil de sécurité de l'ONU s'étaient d'ailleurs tous abstenus de voter la résolution d'intervention militaire contre le colonel Kadhafi. En général les Brics se replient sur leurs propres problèmes internes : de la poussée inflationniste aux tensions sociales alimentées par un fort chômage comme en Afrique du Sud. Dans ce contexte, les Brics, un cinquième de l'économie mondiale, sont réticents à une vaste coordination internationale.

« En pensant que la crise est derrière nous, les politiques se concentrent sur des problèmes locaux. Mais des problèmes globaux subsistent et on ne les résoudra pas en apportant des réponses nationales » mettait en garde jeudi le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn.

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