14 juillet : que faut-il retenir de l'interview de François Hollande ?

Par Sarah Belhadi  |   |  965  mots
François Hollande a évoqué mardi, lors de la traditionnelle interview du 14 juillet, l'idée de créer à terme un parlement de la zone euro afin de renforcer encore l'intégration de la zone monétaire après la crise de la dette grecque.
Après avoir présidé les cérémonies du 14 juillet, François Hollande s'est soumis à l'exercice de la traditionnelle interview télévisée, interrogé par Claire Chazal (TF1) et David Pujadas (France 2). Un entretien de 45 minutes très largement consacré à la crise grecque.

Pour la quatrième fois de son mandat, François Hollande s'est plié à l'exercice de la traditionnelle interview du 14 juillet. Crise grecque, accord sur le nucléaire iranien, ou encore croissance et chômage en France, voici ce qu'il faut retenir de cette intervention télévisée :

Non, la Grèce n'est pas humiliée par l'accord européen

Sans surprise, le président a réagi à l'accord trouvé sur la Grèce lundi. « La France, quel était son rôle ? Pour cette négociation c'était de faire en sorte que l'Europe en sorte victorieuse", a-t-il rappelé, droit dans les yeux, à ses interlocuteurs. Il a salué cette sortie de crise, martelant que "c'est l'Europe qui a gagné", tout en rappelant que "si la Grèce sortait de la zone euro c'était la moitié de ce qui avait été prêté par la France qui était perdu".  Et alors que de nombreuses voix se sont fait entendre ces dernières heures sur la façon dont la Grèce a été malmenée par l'Europe, le président a balayé la question d'une éventuelle "humiliation" :

"C'était un risque que la Grèce puisse être humiliée si elle avait été sortie, abandonnée, lâchée, par la zone euro".

"Je n'accepte pas qu'un peuple puisse être humilié surtout dans l'Europe", a assuré le président de la République, ajoutant que "l'Europe n'est pas faite contre les Nations. Il n'était pas question d'humilier un peuple". Pour faire taire les éventuelles critiques sur l'attitude européenne, le président a avancé l'argument de l'aide financière :

Vous en connaissez beaucoup des pays qui vont recevoir 85 milliards d'euros ? », faisant référence à l'obtention d'un troisième prêt d'aide en 5 ans.

Hollande plaide pour "un gouvernement économique européen"

Et alors que des divergences s'étaient laissées entendre entre Paris et Berlin il y a quelques jours, Hollande a assuré que le couple franco-allemand n'était pas affaibli. "Il y a un lien entre Mme Merkel et moi-même qui s'est établi, et il est fondé sur le choix de l'Europe". Il a par ailleurs ajouté que la France, "en cohérence" avec son partenaire allemand, souhaite faire des "propositions" pour la création d'un "gouvernement économique européen" :

"Je proposerai que l'on puisse aller plus loin sur le gouvernement économique" pour endiguer les crises successives dans l'Union européenne.

Ainsi, la France devrait établir un "document", partagé avec ses "amis allemands", pour poser les bases d'un "gouvernement économique européen". Aucune date n'a en revanche été avancée. La zone euro pourrait également être dotée d'un "budget" pour "pouvoir agir en terme d'investissement" et "donner à l'Europe des bases plus solides, plus fortes, dans l'intérêt des peuples", a-t-il défendu ce mardi.

Iran, "tous nos objectifs atteints" pour Hollande

C'est un autre type d'accord, cette fois attendu depuis 12 ans, qui a été abordé lors de cette interview. Ce matin, à Vienne, les puissances mondiales et l'Iran ont trouvé un accord "historique"sur le nucléaire iranien. Sur ce dossier, défendu par son ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, Hollande a souligné que "sa préoccupation" était "d'éviter la prolifération nucléaire". Il a par ailleurs rappelé que cet accord donne la possibilité de savoir si Téhéran respecte oui ou non ses engagements : « il fallait que nous pussions vérifier, il y aura des vérifications ».

Vigilance post-attentats maintenue

Et si la notion de "vérification" a constitué le fondement de l'accord international avec l'Iran, c'est la vigilance qui est le maître-mot en terme de sécurité dans l'Hexagone. Il faut dire que la question de la sécurité est devenue majeure depuis les attentats du mois de janvier. "Rien ne sera relâché" en matière de sécurité a martelé François Hollande. "Ça peut durer et ça va durer", tout au long de l'année 2015.

"Nous sommes mobilisés et je ne veux pas que les Français puissent avoir le moindre doute sur le dispositif que nous avons mis en place. Actuellement il y a 30.000 policiers, gendarmes, militaires qui surveillent des sites", a-t-il souligné.

En France, l'activation de tous "les facteurs de croissance"

Enfin, la dernière partie de l'entretien a été très largement consacrée aux questions économiques en France. Sans pour autant que de nouvelles annonces soient faites.

La croissance "est là" en France mais elle est encore "trop faible", avec la prévision Insee d'une progression de 1,2% du Produit intérieur brut (PIB) en 2015, a jugé mardi François Hollande, faisant vœu d'activer tous les "facteurs de croissance". Le président a par ailleurs rappelé que les décrets de la loi Macron -que le gouvernement veut décisive pour relancer l'économie-  seront "pris pour l'été". Ce qui va permettre de "libérer un certain nombre d'activités", a-t-il indiqué lors de cette interview.

En sus de la loi Macron, François Hollande a tenu à rappeler qu'une loi sur le numérique, attendue à l'Assemblée nationale à l'automne, devrait doper l'activité :

"Je vais faire préparer une loi sur le numérique, tout ce qui est activités nouvelles, tout ce qui peut provoquer plus d'emplois".

Valls, Premier ministre jusqu'en 2017

Et si la courbe du chômage ne s'inverse pas, François Hollande persiste. Il a ainsi réaffirmé qu'il "ne serait pas candidat" à un deuxième mandat en 2017. Une manière de répondre à David Pujadas de France 2 qui l'interrogeait sur une éventuelle candidature à la présidentielle. Le président a par ailleurs assuré que Manuel Valls resterait Premier ministre jusqu'en 2017 : "nous avons un bon Premier ministre qui a pris des engagements", a-t-il conclu, histoire de mettre un terme à d'éventuelles rumeurs.