Baisse de la fiscalité : le flou des mesures de financement persiste

Par Grégoire Normand  |   |  684  mots
"Au total, les impôts des ménages baisseront de près de 27 milliards d’euros durant ce quinquennat", a assuré Édouard Philippe lors de son discours de politique générale. (Crédits : Benoit Tessier)
Lors de ses deux grands oraux à l'Assemblée et au Sénat, Edouard Philippe a détaillé les diminutions de la fiscalité prévues par l'exécutif pour les classes moyennes sans apporter de décision tranchée sur les mesures de financement.

L'acte II tant annoncé est enfin lancé. Lors de son discours de politique générale mercredi 12 juin à l'Assemblée nationale, Édouard Philippe a déclaré que « avec le président de la République, nous avons reçu 5 sur 5 le message d'exaspération fiscale que les Français nous ont adressé » faisant référence aux résultats du Grand débat national. Au total, le chef du gouvernement a annoncé que la fiscalité sur les ménages baissera durant ce quinquennat de 27 milliards d'euros.

Si le locataire de Matignon a détaillé les mesures d'allègement de la fiscalité sur les foyers, il est en revanche resté beaucoup plus flou sur les pistes de financement pour compenser cette baisse.

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Baisse de la pression fiscale sur les classes moyennes

Suite aux annonces du président de la République relatives à la baisse d'impôts de 5 milliards d'euros au mois d'avril, le gouvernement a principalement ciblé les classes moyennes qui expriment régulièrement un sentiment de déclassement ces dernières années. « Nous avons choisi de concentrer l'intégralité de la baisse de l'impôt sur le revenu annoncée par le président de la République sur les classes moyennes qui travaillent », a expliqué l'ancien maire du Havre.

Ainsi, le taux d'imposition de la première tranche de l'impôt sur le revenu qui représente environ 12 millions de foyers sera diminué de trois points.

« Cela représente un gain moyen par foyer de 350 euros, soit, à ce niveau, un tiers de l'impôt en moyenne ; c'est massif, c'est clair, c'est net », a argué le chef du gouvernement.

Pour la seconde tranche, les cinq millions de foyers concernés devraient bénéficier d'un gain moyen de 180 euros. Actuellement, cinq tranches progressives existent pour l'impôt sur le revenu : 0%, 14%, 30%, 41% et 45% pour les revenus supérieurs à 153.783 euros.

Au niveau de la taxe d'habitation, Édouard Philippe a confirmé qu'elle sera supprimée pour toutes les résidences principales. « Les 80% de Français les plus modestes bénéficieront dès ce mois de septembre de la suppression du deuxième tiers de la taxe d'habitation et leur taxe sera intégralement supprimée en 2020. » En revanche, la suppression pour les derniers 20% a été reportée de 2022 à 2023Toutes ces mesures devraient être inscrites dans le projet de loi de finances pour 2020.

Un flou persistant sur les mesures du financement

Le Premier ministre a expliqué que cette baisse de la fiscalité va obliger le gouvernement « à faire des choix pour contenir nos dépenses publiques » sans vraiment apporter de détails. Devant le Sénat, il a ajouté ce jeudi matin :

« Vous mesurez, autant que moi, le coût de ces mesures. Rien n'est jamais gratuit. Je transigerai malaisément avec l'idée de transmettre à mes enfants mes dettes, y compris si elles me viennent de mes parents. C'est pourquoi l'annonce de ces baisses d'impôts exige une discipline. Il n'y a pas d'autres solutions pour financer les baisses d'impôts que de trouver des économies et de travailler plus ».

Il a simplement confirmé que certaines niches fiscales et sociales étaient dans le viseur de l'exécutif, notamment « les niches anti-écologiques, les niches concentrées sur les très grandes entreprises, ou encore les niches qui en fait réduisent les droits sociaux des salariés, comme la déduction forfaitaire spécifique ».

Lors de son discours à l'Élysée au mois d'avril, le président de la République avait déjà évoqué la pistes des niches fiscales qui font régulièrement l'objet de débats et controverses. Il y a quelques semaines, la Cour des comptes avait pointé le manque d'évaluation et de pilotage de ces outils qui représentaient tout de même près de 100 milliards d'euros de dépenses fiscales en 2018. En attendant, les ministres de Bercy, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, devraient rendre leurs copies dans quelques jours.

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