Budget 2020 : les gagnants et les perdants

Par Grégoire Normand  |   |  849  mots
Entre 2018 et 2020, un quart des 17 milliards d'euros de gains cumulés de pouvoir d'achat ont profité aux 5% des ménages les plus aisés, selon une étude de l'OFCE publiée ce mercredi.

Baisse de l'impôt sur le revenu, diminution de la taxe d'habitation, réforme de l'assurance-chômage, modification des aides au logement... les mesures socio-fiscales décidées par le gouvernement d'Édouard Philippe pour 2020 vont surtout bénéficier aux ménages les plus aisés et la population active occupée selon une évaluation publiée par l'observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Contacté par La Tribune, l'entourage du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, explique que "certaines mesures n'ont pas été prises en compte dans les travaux de l'OFCE comme la hausse du taux de recours de la prime d'activité ou certaines mesures du plan pauvreté. Les approches sont différentes. L'OFCE n'intègre pas certaines mesures du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) alors qu'elles participent à la hausse du pouvoir d'achat des plus modestes. En outre, la hausse de la fiscalité sur le tabac a fait baisser la consommation et a permis de redonner du pouvoir d'achat à certains ménages".

Les classes moyennes et actifs occupés, grands gagnants pour 2020

Du côté des ménages, les foyers classés au centre de la distribution devraient être les principaux bénéficiaires des mesures socio-fiscales décidées par la majorité. Pour les familles dont le niveau de vie est compris entre 1.960 euros et 2.570 euros par unité de consommation, la proportion de gagnants est supérieure à 90%. Les gains calculés par les chercheurs oscillent entre 5 euros pour le cinquième décile et 610 euros pour le quinzième décile.

À l'opposé, les ménages faisant partie des catégories inférieures apparaissent comme les grands perdants de la politique économique du gouvernement. Ainsi, 80% des ménages appartenant aux 5% les plus pauvres devraient subir des pertes. Les répercussions s'atténuent pour les vingtiles supérieurs. Ces pertes s'expliquent en grande partie par la diminution des APL et la réforme de l'assurance-chômage qui vise notamment à augmenter la durée de cotisation pour pouvoir bénéficier des indemnités et à inciter au "retour au travail" selon le gouvernement. Dans leurs travaux, les économistes estiment que les pertes pour les 5% les plus pauvre s'élèvent à environ 45 euros pour l'année 2020. Ce phénomène de perte concerne les quatre premiers vingtiles.

Parmi les catégories supérieures, 42% des ménages appartenant aux 5% les plus riches seraient perdants. Ce phénomène s'expliquerait en partie par le quasi gel des pensions de retraites supérieures à 2.000 euros. Malgré tout, les dispositifs sociaux-fiscaux engagés par l'exécutif permettent aux cinq derniers déciles d'être amplement bénéficiaires. Leurs gains sont compris entre 425 euros et 115 euros.

Les plus aisés, grands bénéficiaires de la politique économique de Macron

Sans surprise, les ménages les plus aisés sont les principaux bénéficiaires des choix économiques du gouvernement depuis le début du quinquennat. D'après les simulations opérées pas statisticiens du laboratoire de recherche rattaché à Sciences-Po Paris, sur les 17 milliards d'euros distribués aux ménages français, "plus du quart sont ainsi allés soutenir le revenu disponible des 5 % de ménages les plus aisés" affirment les auteurs de la note. La baisse de la fiscalité du capital avec la suppression de l'impôt sur la fortune, la mise en oeuvre du prélèvement forfaitaire unique (PFU) ont clairement favorisé les ménages situés dans les déciles supérieurs.  Selon les chiffres dévoilés par l'organisation, les 5% plus riches auraient bénéficié d'un gain de 2.905 euros en prenant en compte les effets cumulés des mesures socio-fiscales depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron.

 À l'inverse, les ménages faisant partie des deux premiers déciles perdent du revenu disponible. "Sur les 11,5 millions de ménages « perdants » sur la période 2018-2020, 1,9 million figurent parmi les 10 % de ménages les plus modestes" précisent les économistes.

Baisse de la fiscalité pour les entreprises

La fiscalité sur les entreprises devrait poursuivre sa baisse avec la diminution de l'impôt sur les sociétés estimée à 2,3 milliards d'euros pour 2020, la suspension de la taxe Gafa et la réduction de certaines niches fiscales. Pour la fin du quinquennat, de nombreuses incertitudes demeurent sur les impôts de production. Si le gouvernement s'est montré à maintes reprises favorable à la réduction de cette fiscalité, les collectivités locales, dépendantes de ces recettes fiscales, restent très méfiantes.

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Le déficit en baisse

Pour l'année 2020, les économistes de l'OFCE anticipent une amélioration du déficit public. En dépit d'un coup de frein prévu de l'activité en 2020 et une politique budgétaire légèrement expansionniste, le solde public devrait passer de 3,1% en 2019 à 2,4% en 2020 contre 2,5% en 2018. C'est son niveau le plus bas depuis 2001. La diminution du déficit a marqué une pause l'année dernière en raison notamment de la transformation du CICE en baisse de cotisations patronales pérenne.