Jean Castex a dévoilé jeudi une nouvelle série de mesures destinées à freiner l'épidémie de coronavirus en France. Mais, comme une source l'avait dévoilé un peu plus tôt dans la journée, l'extension du couvre-feu le week-end n'a pas été étendue à des villes comme Paris ou Marseille, voire à toute l'Île-de-France comme cela avait été un temps évoqué, malgré les tensions persistantes dans le système hospitalier.
"Nous ne sommes pas confrontés à une hausse exponentielle de l'épidémie comme nous l'avions connue pendant les deux premières vagues", a déclaré ce soir Jean Castex, alors que la France a enregistré jeudi un peu plus de 25.000 cas de contamination au coronavirus.
Confronté à la lente progression de l'épidémie depuis des semaines, à la menace des variants et à de fortes disparités entre territoires, le gouvernement reste fidèle à sa stratégie visant à "gagner du temps" pour éviter un nouveau confinement généralisé, dans l'espoir d'un retour progressif à la normale à partir du mois d'avril grâce à l'accélération de la campagne de vaccination.
Un seul nouveau département en confinement le week-end
Sur les 20 départements placés sous surveillance il y a une semaine, seul le Pas-de-Calais connaîtra par conséquent un confinement le week-end dès ce samedi, comme c'est déjà le cas dans les métropoles de Dunkerque (Nord) et Nice (Alpes-Maritimes), en raison d'une flambée du variant anglais qui représente désormais 60% des cas en France, selon Jean Castex.
Si l'Île-de-France et les autres départements à risques, portés au nombre de 23, échappent "pour le moment" à un confinement le week-end, les autorités locales pourront interdire l'accès aux zones très fréquentées pour éviter des regroupements de population, a indiqué le Premier ministre.
Fermeture de certains centres commerciaux
D'autres mesures, comme la fermeture de certains centres commerciaux, seront également mises en place. Ainsi, les centres commerciaux non alimentaires de plus de 10.000 m2, et plus seulement ceux de plus de 20.000 m2 comme jusqu'à présent, seront fermés dans les "départements à risque" face à la progression du Covid-19, a annoncé jeudi le Premier ministre Jean Castex.
"Les grands centres commerciaux ou grandes surfaces commerciales de plus de 10.000 m2 seront fermés", à compter de vendredi soir, a-t-il précisé.
Dans ces départements, l'évolution sanitaire "appelle des dispositions supplémentaires pour limiter les risques de regroupement et de brassage dans l'espace public ou dans les grands magasins", selon lui.
Vingt-deux départements sont concernés. Dans un 23e département, le Pas-de-Calais, où la saturation des services de réanimation se situe au plus haut, la fermeture concernera même les surfaces commerciales non alimentaires de plus de 5.000 m2.
La fermeture des surfaces de plus de 20.000 m2 avait été mise en place fin janvier, concernant selon le gouvernement quelque 400 sites.
Limiter les déplacements hors des départements sous surveillance
Jean Castex a "invité" jeudi les habitants des 23 départements placés sous surveillance renforcée, en raison de la progression de l'épidémie de Covid-19, à ne pas quitter ces territoires, et recommandé à tous les Français de ne pas dépasser la jauge des 6 personnes lors des moments conviviaux.
"J'invite les habitants des 23 départements concernés à ne pas sortir, autant que possible, de leur département ou de leur région s'agissant des départements franciliens", a déclaré le Premier ministre lors d'une conférence de presse.
"Le virus frappe de manière encore inégale les différentes parties de notre territoire, évitons de le diffuser là où il demeure encore de moindre intensité", a-t-il fait valoir.
Le Premier ministre a aussi recommandé à l'ensemble de la population de respecter la règle de "pas plus de six personnes à l'occasion des moments conviviaux ou familiaux", comme cela avait été le cas lors des fêtes de fin d'année
Vaccination: Castex sonne mobilisation générale
"Nous devons tout faire pour éviter un nouveau confinement national", a répété Jean Castex, en promettant d'accélérer "significativement et dès ce week-end la vaccination" dans les départements à risque.
Ainsi, Jean Castex a annoncé ce soir que la vaccination contre le Covid-19 sera autorisée dans les pharmacies "à compter de la semaine du 15 mars" pour "les personnes ayant plus de 50 ans et présentant une comorbidité", les patients concernés n'auront "pas besoin d'une prescription médicale" et pourront se rendre "directement en officine" pour y recevoir le vaccin AstraZeneca. Le Premier ministre ajoutait que les personnes de 50 à 74 ans qui n'ont "pas de pathologie particulière" pourront se faire vacciner "à compter de mi-avril".
Appelant à la "mobilisation générale" pour gagner une "course contre la montre", Jean Castex a dit viser 10 millions de vaccinations d'ici mi-avril et 20 millions d'ici mi-mai en première injection.
À ce jour, 3,2 millions de personnes ont été vaccinées dans le pays, dont 1,8 million ayant reçu les deux doses du vaccin, a précisé le chef du gouvernement, qui a rappelé que la France attendait 22 millions de doses en mars-avril.
De bonnes nouvelles pour les résidents en Ehpad et leur famille
Parmi les personnes vaccinées, 80% des résidents dans les Ehpad le sont, ce qui "ouvre la voie à une adaptation des règles de vie" pour ces derniers, mais pas à un allègement généralisé des mesures restrictives dans le pays, comme le couvre-feu à 18 heures ou la fermeture des restaurants et des lieux culturels, a dit Jean Castex.
Pas assez de soignants vaccinés: "Ce n'est pas normal"
Le Premier ministre a en revanche déploré qu'un nombre insuffisant de personnels soignants soient vaccinés.
"Les soignants, médecins, infirmiers, aides-soignants, aides à domicile sont éligibles à la vaccination depuis début janvier. Or, seul un soignant sur trois est aujourd'hui vacciné", a regretté Jean Castex.
"Ce n'est pas normal et cela compromet notre capacité à lutter effectivement et efficacement contre le virus", a-t-il insisté.
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a aussi appelé les soignants à se faire vacciner, promettant de leur écrire "dès demain" pour les y inciter "très fortement".
"Quand on est soignant, il est de notre (sic) responsabilité de se protéger soi-même et ceux dont on a la prise en charge", a-t-il souligné.
Olivier Véran a indiqué que les pharmaciens pourraient vacciner à partir du 15 mars les personnes de plus de 50 ans présentant des facteurs de risque, et vanté les mérites du vaccin AstraZeneca, dont il a assuré que l'efficacité était au moins aussi élevée que ceux de Pfizer et Moderna.
"Nous avons demandé l'ouverture de centres de vaccinations et de centres éphémères de manière à vacciner tout ce week-end", a ajouté le ministre.
(avec Reuters et AFP)