Elections départementales : les enjeux du deuxième.... et du "troisième" tour

Pour le second tour des départementales, il y aura 278 triangulaires dans quelque 1.900 cantons. Certains départements pourraient se retrouver avec des majorités relatives du fait du poids du Front National. Ce qui ne sera pas sans conséquences pour le fonctionnement des départements. A commencer par l'élection du président départemental.
Jean-Christophe Chanut
Le 29 mars, il y aura 278 "triangulaires" pour le second tour des élections départementales. Les départements où la majorité ne sera que relative vont être difficiles à gouverner.

Départementales, acte 2. Dimanche 29 mars, les électeurs de près de 1.900 cantons (sur un total de 2.054) vont de nouveau se rendre aux urnes pour élire un "binôme" (homme/femme) qui siégera au sein du conseil départemental. A l'issue du premier tour, peu de binômes ont en effet déjà été élus : 196 classés à droite, 50 à gauche et 6 à l'extrême droite. D'ores et déjà, la gauche est éliminée dans 524 cantons.

Rappelons aussi que, dimanche dernier, l'UMP-UDI et ses alliés avaient obtenu 29,4% des voix, devant le Front National (25,19%), et le PS et ses alliés (21,85%). Le deuxième tour s'annonce difficile pour la gauche qui, actuellement, gère 61 des 101 départements concernés par les élections.

30 départements perdus par la gauche?

Dans une projection établie à partir d'un historique électoral de chaque canton, l'institut Opinionway table ainsi sur 71 départements "probablement à droite", 19 "probablement à gauche" et 3 "sans majorité" (Pas-de-Calais, Vaucluse, Seine-Maritime). Dans cette hypothèse, cela signifierait que la gauche perdrait environ une trentaine de départements. Un scénario jugé plausible, jusque dans les rangs du Parti socialiste...

En tout état de cause, dimanche prochain, on assistera à 1.614 duels et 278 triangulaires (voir la carte ci-dessous), selon les données du ministère de l'Intérieur. En réalité, il y aurait pu en avoir davantage.

CARTE DES TRIANGULAIRE AU SECOND TOUR DES DEPARTEMENTALES

carte

Carte réalisée par P. Laubacher et B. Manenti pour l'Obs. Sources : ministère de l'Intérieur, Experian, Cartosphere, IGN.

Mais, et c'est politiquement intéressant, certains binômes ont préféré se désister. Certes, cela était la consigne à gauche en cas de danger Front National.

Des candidats de droite se sont désistés pour barrer la route au FN

Mais des retraits sont également intervenus à droite de la part de binômes qui n'ont pas voulu écouter la consigne de Nicolas Sarkozy sur le respect de la règne du "ni-ni" (ni vote pour un binôme de gauche ni vote pour un binôme Front National).

Il est vrai que cette consigne UMP ne faisait pas l'unanimité à l'UDI et chez les "divers droite". De surcroît, c'est une "recommandation" qui s'adressait aux électeurs... pas aux candidats.

De fait, dans les départements très menacés par le Front National, on a assisté à divers mouvements de désistements. Il y a ainsi eu 7 retraits dans l'Aisne (4 à gauche et 3 à droite), ce qui a eu pour effet de faire passer de 8 à 1 le nombre des triangulaires dans ce département.

Dans le Pas-de-Calais, ce sont 4 retraits qui sont enregistrés (3 de gauche et 1 de droite). Dans le Vaucluse, il y en a eu 3 (2 de gauche et 1 à droite). Autant de départements où le FN diminue ses chances pourtant réelles de prendre la tête de l'exécutif local. Rappelons que pour pouvoir se maintenir au second tour, les binômes devaient avoir obtenu le 22 mars dernier au moins 12,5% des électeurs inscrits.

Les inconnues du troisième tour

Mais, on l'oublie un peu vite, il n'y a pas pas que ce second tour. Il y a aussi le troisième. En effet, les conseillers départementaux, une fois élus, doivent se réunir pour élire le président du conseil départemental. Et, là, les triangulaires vont laisser des traces car l'on risque de se retrouver avec des majorités relatives. Quelle est donc la règle de l'élection ? Si, clairement, un parti (par exemple UMP) dispose à lui seul de la majorité absolue, il choisit le président dans ses rangs.

En revanche, si aucun parti ne dispose de cette majorité absolue, les partis négocient entre eux et tentent de former des « familles », par exemple l'UMP avec l'UDI et les socialistes avec les communistes ou les écologistes. Le tout dans l'intention de former une majorité absolue.

Si après un premier vote, personne n'est élu à la présidence à la majorité absolue, on procède à un deuxième vote où la majorité absolue est de nouveau la règle pour accéder à la présidence. Si un troisième vote est nécessaire, alors, cette fois, le président peut être élu avec une simple majorité relative. Ouf !

La démocratie locale pourrait en voir de toutes les couleurs

Rappelons qu'à la différence de la règle du "ni-ni", valable pour les élections des 22 et 29 mars, Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, a interdit à ses ouailles de s'allier avec des conseillers départementaux FN pour former une majorité, sous peine d'exclusion. On verra la réalité des faits...

D'ailleurs, même après ce "troisième tour", il va être très intéressant de suivre la "vie" des conseils départementaux où le FN possèdera un groupe puissant, empêchant un autre parti de posséder à lui tout seul la majorité absolue.

En effet, selon les règles régissant les collectivités territoriales, les délibérations du conseil départemental - et notamment le budget annuel - doivent être adoptées à la majorité absolue de ses membres.

Dans certains départements, cela va nécessiter une alliance un peu inédite - pour ne pas dire totalement iconoclaste - entre l'UMP et le PS, voire également avec le Front de gauche ou les écologistes, pour contrer l'opposition du Front National. A noter qu'en cas d'impossibilité de fonctionnement répétée, le gouvernement peut dissoudre le conseil départemental par décret en Conseil des ministres.

Jean-Christophe Chanut
Commentaires 10
à écrit le 30/03/2015 à 9:57
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Le vrai enjeu c'est les finances des partis politique Les départements ne lèvent pas l'impôt et ne décident de pratiquement rien Ils appliquent la politique sociale du gouvernement rsa etc On pourrait mettre des fonctionnaires Ca serait plus simp...

à écrit le 29/03/2015 à 3:11
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Bon je vois que mon message a été censuré! Visiblement vous êtes des Charlie que quand çà vous arrange. Oritenter l'information, censurer les messages qui ne vous plaisent pas, ça fait partie de votre éthique de "journaliste". Ca me rassure sur le fa...

à écrit le 28/03/2015 à 14:35
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Tout est verrouillé depuis des années par les mêmes formations et dirigeants (FNUMPS) qui ont maintes fois prouvé leur inefficacité, soit aux urnes, soit au pouvoir, en symbiose avec les médias qui bloquent l'émergence de nouveautés politiques pouvan...

à écrit le 28/03/2015 à 11:46
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Je cite " des départements très menacés par le front national ". Je trouve sa scandaleux de dénigrer un parti politique à ce point. Cela signifie que la personne qui a écrit l'article dénigre 25% de la population française et incite le vote. Elle e...

le 28/03/2015 à 12:08
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@roberto, d'accord avec vous ! c'est le système d'une société qui se renouvelle uniquement par le haut depuis 40 ans . Pour tenir , il y a que la démagogie qui domine .

à écrit le 28/03/2015 à 5:24
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Pour le second tour, je voterais blanc pour ne pas donner de blanc sein à l'UMP UDI; et pour éviter que ma voie se transforme en une rente à des parties , car chaque voie obtenue se transforme en argent comptant pour les parties obtenant plus de 5%.

à écrit le 27/03/2015 à 20:39
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au premier tour, j'ai voté UMP. au deuxième tour, il reste le duel FN PS ! j'ai repensé à l'analyse du résultat dans le doubs par manuel Valls après le duel FN PS : les électeurs ont soutenu la politique du gouvernement face au FN !! Ma conclusion...

à écrit le 27/03/2015 à 13:07
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Dans les duels,rares, ou ne reste que le fn et l'ump, la sagesse est de voter fn, comme ça ça obligera ump et ps à négocier pour gérer le département, il n'est pas bon de laisser tout à l'UMP car n'étant pas de très bons gestionnaires.

le 27/03/2015 à 20:17
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Ces élections restent "local" mieux vaut voter pour ceux qui font du bien a votre région sans regarder son parti. Pour la raclé de Hollande ce sera en 2017 qui faut y penser mais n'oubliez pas non plus de mettre une raclé à l'UMP. Le top serait un se...

à écrit le 27/03/2015 à 11:39
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L'UDI n'existe dans les élections que grâce à l'UMP ,elle a peur de disparaitre comme les écologistes , leur représentation n'est pas en adéquation avec ce quelle représente .Elle joue toutes les cartes . A vous de voir électeurs s'il faut sanctionn...

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