Emmanuel Macron n'envisage pas de dissolution de l'Assemblée nationale

Par Michel Cabirol  |   |  887  mots
Emmanuel Macron n'envisage pas une dissolution de l'Assemblée nationale pour répondre à la crise des "Gilets jaunes"
Emmanuel Macron n'envisage pas une telle décision pour répondre à la crise des "Gilets jaunes". Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont réclamé dimanche des élections anticipées pour sortir de la crise des "Gilets jaunes".

Pas question de dissoudre l'Assemblée nationale. Emmanuel Macron n'envisage pas une telle décision pour répondre à la crise des "Gilets jaunes", a déclaré dimanche une source à la présidence à Reuters, alors que le Rassemblement national et La France insoumise le demandent. Interrogée sur cette possibilité, à l'issue d'une réunion à l'Elysée consacrée aux violences survenues samedi, avec en particulier le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur, la source a déclaré : "Ils n'en ont pas parlé à ma connaissance, je ne crois pas que le président de la République envisage de dissoudre l'Assemblée nationale". Selon Reuters, le chef de l'Etat ne s'exprimera pas publiquement ce dimanche.

"Il a beaucoup insisté sur la nécessité d'un suivi judiciaire pour qu'aucun des actes qui a été commis ne reste sans réponse judiciaire", a-t-elle précisé à Reuters.

Tout juste revenu du sommet du G20 à Buenos Aires, Emmanuel Macron, sous les huées de plusieurs "gilets jaunes", est allé constater les dégâts dimanche à Paris au lendemain des scènes de guérilla urbaine, avant de présider une réunion d'urgence à l'Élysée pour tenter de répondre à ce qui est devenu une crise politique majeure. Le chef de l'État s'est d'abord rendu à l'Arc de Triomphe, place de l'Étoile, théâtre de violences et de dégradations samedi. Accompagné du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et du secrétaire d'État Laurent Nuñez, il s'est rendu au pied de la tombe du soldat inconnu, avant d'entrer à l'intérieur du monument, en partie saccagé.

Edouard Philippe devra revoir les Gilets jaunes

Emmanuel Macron a demandé dimanche à Edouard Philippe de recevoir des représentants des manifestants et les chefs des partis représentés au Parlement, après les violences samedi en marge des manifestation des "Gilets jaunes", a annoncé l'Elysée. "Dans un souci constant de dialogue, le président de la République a demandé au Premier ministre de recevoir les chefs de partis représentés au Parlement ainsi que des représentants des manifestants", a affirmé la présidence de la République. Une tentative de dialogue a échoué vendredi entre les "Gilets jaunes" et le Premier ministre.

Seuls deux des "Gilets jaunes" invités à rencontrer le chef du gouvernement s'étaient présentés à Matignon, l'un choisissant de ne pas être vu par les journalistes et l'autre quittant l'entretien après leur refus que cette discussion soit retransmise en direct à la télévision. Personne n'était disponible dans l'immédiat à Matignon pour préciser le jour et l'heure de ces entretiens.

Instauration de l'état d'urgence?

Emmanuel Macron a par ailleurs demandé au ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, de réfléchir à "la nécessité éventuelle d'une adaptation du dispositif de maintien de l'ordre dans les jours à venir" face à l'évolution des techniques des casseurs, a ajouté la source, en précisant qu'il ne s'agissait pas en l'espèce d'une réflexion sur l'instauration de l'Etat d'urgence demandé par des syndicats policiers.

Le gouvernement étudie toutes les options pour éviter de nouvelles scènes d'émeutes y compris la piste de l'instauration de l'état d'urgence, a déclaré dimanche le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveau, sur Europe 1. "Il faut réfléchir aux mesures qu'on peut prendre (...)", a déclaré Benjamin Griveau. Mais la question d'une éventuelle instauration de l'état d'urgence "n'a pas été abordée" lors de la réunion dimanche à l'Elysée, a déclaré une source à la présidence de la République.

"Christophe Castaner a évoqué l'état d'urgence. Il a y une réunion tout à l'heure avec le président de la république, le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur pour faire d'abord un bilan de la journée d'hier et voir quelles sont les mesures que nous pourrions prendre pour éviter cela parce qu'il n'est pas question que chaque week-end devienne un rendez-vous et un rituel de la violence."

Le Pen et Mélenchon demande des élections anticipées

Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon ont réclamé dimanche des élections anticipées pour sortir de la crise des "Gilets jaunes", au lendemain des nombreuses scènes de violences qui sont survenues en marge des manifestations samedi. "Je ne vois pas, au niveau où nous sommes de la gravité de cette crise politique, comment sortir par le haut, à part en retournant aux urnes", a estimé la présidente du Rassemblement national sur France 3. "Je pense qu'il faut mettre en oeuvre la proportionnelle et qu'il faut dissoudre l'Assemblée nationale pour qu'il y ait de nouvelles élections à la proportionnelle", a-t-elle souligné.

L'option d'une dissolution de l'Assemblée nationale a également été avancée par le chef de file de La France insoumise (LFI). Entre la légitimité de l'exécutif et celle des "Gilets jaunes", "il n'y a qu'une manière de trancher, c'est le vote, alors ça s'appelle la dissolution", a-t-il affirmé dimanche sur BFM TV, en dénonçant l'attitude du gouvernement qui "choisit le pourrissement (au lieu de) choisir l'apaisement" et l'annulation de la hausse de la fiscalité sur les carburants. Les deux dirigeants, tout comme le président des Républicains Laurent Wauquiez, exigent également l'annulation de la hausse des taxes sur le carburant.