Et l'Etat continue de s'appauvrir inexorablement en tant qu'actionnaire

Par Michel Cabirol  |   |  544  mots
Depuis 2008, date à laquelle l'Etat avait encaissé un chèque global de 5,6 milliards d'euros de l'ensemble de ses participations, les dividendes, qui lui sont versés, se sont érodés d'année en année, surtout à partir de 2014 (4,1 milliards, contre 4,5 milliards en 2013) (Crédits : Jacky Naegelen)
Le montant des dividendes versés en 2017 par les entreprises à l'Etat s'est établi à 2,8 milliards d'euros (contre 3,5 milliards en 2016). Le plus bas niveau depuis dix ans.

A force de faire "respirer" (comprendre réduire) le portefeuille de l'Etat actionnaire, il "crache" de moins en moins. Et ce n'est pas terminé avec les ventes programmées en 2019 d'Aéroports de Paris (ADP) et de la Française des Jeux (FDJ) ainsi que la baisse souhaitée de la part de l'Etat dans Engie. Le montant des dividendes versés en 2017 par les entreprises à l'Etat s'est établi à 2,8 milliards d'euros, dont 1,3 milliard d'euros perçus en titres EDF (contre 3,5 milliards en 2016). Le plus bas niveau depuis dix ans.

Depuis 2008, date à laquelle l'Etat avait encaissé un chèque global de 5,6 milliards d'euros de l'ensemble de ses participations, les dividendes, qui lui sont versés, se sont érodés d'année en année, surtout à partir de 2014 (4,1 milliards, contre 4,5 milliards en 2013). Des dividendes qui passent de plus en plus dans les poches des actionnaires privés. Alors que les fonds souverains se sont multipliés dans les années 2000, cette politique dite de respiration du portefeuille de l'Etat actionnaire privera à l'avenir les gouvernements de marges de manœuvres financières toujours appréciables.

Forte baisse dans le capital d'Engie

Pourquoi une telle baisse ? Selon l'Agence des participations de l'Etat, qui a présenté vendredi son rapport d'activité, "la diminution des dividendes versés sur la période par rapport à l'exercice précédent (- 1 milliard d'euros) a pour origine la baisse de la contribution d'EDF (1,3 milliard en 2017, contre 1,7 milliard en 2016, ndlr) mais également la diminution du pourcentage de participation dans Engie ". En 2017, l'Etat a d'abord cédé en janvier 4,1 % d'Engie (1,14 milliard d'euros), puis, en septembre, 4,56% (dont 0,46% en vue d'une offre réservée aux salariés) pour 1,53 milliard. Auparavant, en juin 2014, l'Etat avait vendu pour 3,1 % de GDF Suez (1,51 milliard) puis 0,48% en juillet/août 2015. Résultat, les dividendes versés ont fortement baissé : 350 millions en 2017, contre 797,8 millions en 2016 et 1,3 milliard en 2013.

Outre Engie, l'Etat a vendu, en 2017, 12,7% du capital de Peugeot SA (1,92 milliard) en juin, puis 4,73% de Renault, dont 0,47 % en vue d'une offre réservée aux salariés, (1,21 milliard en novembre. En décembre, il a cédé une action Alstom pour 34 euros. Enfin, le fonds pour l'Innovation et l'Industrie, créé en janvier 2018, a été doté de 13,4% de titres EDF et des titres de la holding TSA, détenant 26 % de Thales, dont les dividendes seront portés en produits du fonds. L'Etat a également versé au Fonds une dotation en numéraire de 1,6 milliard d'euros.

Un rendement actionnarial en deçà de celui du CAC 40

En moyenne sur les cinq dernières années, le rendement actionnarial total du portefeuille de l'Etat est "mécaniquement et directement affecté par la situation du secteur énergétique", a également reconnu l'APE. Son rendement actionnarial en moyenne annuelle s'établit à 3,5 % alors que celui du CAC 40 a été de 6,8 % sur la période 2014-2018 (au 30 juin). "Ce chiffre se décompose en un rendement du dividende de 2,8 % en moyenne pour le portefeuille coté de l'État (3,3 % pour le CAC 40) et une plus-value de 0,7 % (le CAC 40 enregistrant pour sa part une plus-value de 3,5 %)", a précisé l'APE.

En revanche, le rendement actionnarial total du portefeuille hors énergie fait apparaître des performances globales annuelles en moyenne plus de deux fois supérieures à celles du CAC 40 : + 11% entre 2004 et 2018 (au 30 juin) contre + 4,5%.