Comment Paris se prépare à "l'Acte IV" des "Gilets jaunes"

Par latribune.fr  |   |  975  mots
(Crédits : Reuters)
"Quelques milliers de personnes" sont attendues dans la capitale samedi 8 décembre selon Christophe Castaner, ministre de l'Intérieur. 8.000 policiers et gendarmes seront déployés ainsi qu'une douzaine de véhicules blindés. La maire de Paris, Anne Hidalgo a pour sa part annoncé le retrait de 2.000 éléments de mobiliers urbains, pouvant servir de projectiles et "d'armes", et la fermeture de dizaines de bâtiments municipaux et d'institutions culturelles.

À la veille d'un quatrième samedi de mobilisation des "gilets jaunes", les équipes de la ville de Paris travaillent "d'arrache-pied pour prévenir au maximum les dégradations", a assuré ce matin Anne Hidalgo. 2.000 éléments de mobilier urbain dans "les zones les plus à risques" ont ainsi été retirés des espaces publics pour éviter toute transformation en "armes par les casseurs". Grilles d'arbres, barrières de chantier, colonnes à verre, tout a été retiré.

Paris, ville morte

Nombreux bâtiments municipaux n'ouvriront pas leurs portes demain : des centres culturels, sociaux, des gymnases, des stades, etc.

"La liste complète des équipements et des événements impactés" est déjà en ligne sur paris.fr, "complétée en temps réel, aujourd'hui et demain", a précisé la maire de Paris.

Un match de football au parc des Princes a ainsi été annulé de même que 158 stations Vélib seront inactives "à titre préventif".

Les monuments historiques sont également concernés, à commencer par l'Arc de Triomphe saccagé samedi dernier, les catacombes, la Chapelle expiatoire, la Conciergerie, le Palais Royal, le Panthéon, la Sainte-Chapelle, la tour Eiffel et les tours de Notre-Dame. Sans oublier les institutions culturelles : le Louvre, le Centre Pompidou, la Fondation Louis Vuitton, le Grand Palais, la Maison de la radio, les musées d'art moderne de la Ville, d'Orsay, Marmottan et du quai Branly et les opéras Bastille et Garnier. Auxquels s'ajoutent la Philharmonie de Paris, les théâtres des Champs-Élysées, de l'Odéon, Marigny ou encore la Comédie-Française.

"Manifester n'est en aucun cas le droit de violenter et de casser. Les violences et les dégradations ne peuvent pas et ne doivent pas se reproduire", a prévenu Anne Hidalgo.

"C'est une tristesse immense que de voir demain notre ville en partie à l'arrêt, mais votre sécurité est la priorité absolue."

Le Téléthon impacté

La maire de la capitale, qui disait lundi dernier avoir découvert à la télévision le dispositif de sécurité et le périmètre de la dernière manifestation, activera demain la cellule de crise de la Ville qui suivra "en temps réel et en lien étroit" avec la préfecture de police l'évolution de la situation. La marche pour le climat, qui devait relier la place du Trocadéro vers le Champ-de-Mars, partira finalement de la place de la Nation pour se terminer place de la République. En revanche, la "Marche des maladies rares" prévue au jardin du Luxembourg dans le cadre du Téléthon a été annulée "par précaution".

Toujours ce matin, Christophe Castaner a estimé que seuls "quelques milliers de personnes"  étaient attendues à Paris, parmi lesquelles "des éléments radicaux, des factieux vont tenter à nouveau de se mobiliser". Anne Hidalgo qui appelle chacun à la "prudence", à la "sérénité" et au "sang-froid", le ministre de l'Intérieur promet un dispositif de "grande envergure" axé sur "une plus grande mobilité" et "une plus grande réactivité" pour "répondre plus efficacement à la stratégie de dispersion et de mouvement" des casseurs.

Sur les 89.000 policiers et gendarmes mobilisés, 8.000 seront présents dans la Ville, accompagnés d'une douzaine de véhicules blindés.

"Ce n'est pas l'armée, ce ne sont pas les chars, ce sont des moyens spécialisés de la gendarmerie nationale qui permettent notamment de dégager les barricades", a ajouté Christophe Castaner. Dans le même temps, il redoute la présence de "gilets jaunes" venus d'Europe et d'ailleurs, rapportant que "des personnels de l'Arc de Triomphe disent avoir vu un Allemand et un Portugais casser".

Le tourisme pénalisé

Les commerçants, victimes de vitrines brisées voire de pillages samedi dernier, sont par ailleurs particulièrement choyés tant par la maire de Paris que par le ministre de l'Intérieur. Il en va en effet de l'attractivité de la capitale sur la scène internationale.

"Je leur redis mon soutien le plus total », a ainsi déclaré Anne Hidalgo. "Je sais l'impact négatif de ces violences et de ces dégradations sur leur activité, sur l'emploi local et sur l'image de Paris."

En début de semaine, c'est le ministre de l'Économie et des Finances qui estimait une perte de 35% de chiffre d'affaires le 17 novembre et de 18% le 24 novembre.

"La première demande de l'ensemble des artisans, commerçants, PME, distributeurs, présents à cette réunion c'est la garantie de la liberté de commerce et de circulation dans tout le pays" avait poursuivi Bruno Le Maire.

"Nous allons faire en sorte que cette liberté soit garantie sur le pays pour permettre à l'activité économique de poursuivre son cour."

La chambre de commerce et d'industrie (CCI) Paris Île-de-France a pour sa part communiqué auprès de ses adhérents sur le dispositif CESPPLUSSUR (Commerçants Entreprises Sociétés Professionnels Professions Libérales Usagers en SUreté), disponible sur le site Internet de la préfecture de la police et censé envoyer des messages en temps réel sur les risques liés aux manifestations.

"Si des commerçants ont été entravés dans leurs activités, il serait intelligent de permettre aux commerçants qui le souhaitent d'avoir des journées d'ouverture complémentaires au mois de décembre pour tenter de rattraper le chiffre d'affaires qu'ils ont perdu et écouler les stocks qu'ils n'ont pas vendus"estimait ainsi le président de CCI France Pierre Goguet dès le 26 novembre dernier.

Hier, la préfecture de police de Paris a recommandé aux professionnels des Champs-Élysées de "fermer portes et accès" et de "sensibiliser leurs personnels sur les risques encourus". Outre ce quartier, l'on apprenait ce soir que des grands magasins de l'Opéra et de Montparnasse seraient eux aussi fermés.

(avec l'AFP)