« L'entreprise concentre ce qui fait et défait la parole » (M. Atlan et Roger-Pol Droit)

La journaliste Monique Atlan et le philosophe Roger-Pol Droit publient un passionnant essai sur la parole (« Quand la parole détruit », L'Observatoire, 2023). Une dissection historique, linguistique, philosophique de la parole mise en perspective des conditions - technologiques et communicationnelles en tête - qui, aujourd'hui, la détournent de sa vocation : « bien parler, c'est parler humain ». L'entreprise met-elle en lumière (ou en abime) leurs travaux ? « La parole est un vecteur de l'intelligence collective », et à ce titre « l'entreprise pourrait être le lieu idéal pour vivre l'expérience d'une parole réendossée en toute responsabilité ». A condition de dépasser les nombreux obstacles qui entravent le vœu.
Monique Atlan et le philosophe Roger-Pol
Monique Atlan et le philosophe Roger-Pol (Crédits : DR)

« La parole en crise » constitue le thème central votre essai. De quelle(s) crise(s) la parole est-elle principalement l'objet ? Quelles en sont les manifestations les plus saillantes ?

Tout le monde le constate : la violence verbale s'intensifie, les invectives se multiplient, le cortège de harcèlements et de lynchages numériques s'accroît chaque année. Les entreprises connaissent plus encore que l'ensemble de la société une hyperinflation des messages, un flux de communications exponentiel, un tourbillon continu d'informations. Pourtant, dans ce torrent de paroles, on se parle de moins en moins. Chacun, isolé, poursuit son monologue, écoute peu, n'entend rien... ou presque. La quantité des messages semble faire imploser leur qualité.

Voilà la crise, schématiquement : les paroles stockées, relayées, dupliquées à l'infini échappent à leurs auteurs. Les destinataires ne répondent pas véritablement. Ce qui doit être le lieu des interactions humaines tend à devenir un nuage échappant à tout contrôle.

La technologie est-elle « seule coupable » ?

Depuis toujours, la parole humaine est à double face, « la meilleure et la pire des choses », comme disait déjà Ésope. Elle peut servir à dire vrai comme à mentir, à construire comme à détruire, bien des traditions l'ont dit et expliqué avant nous. Ce qui est nouveau, c'est l'ampleur des caisses de résonance, et la rupture de l'équilibre : à l'ombre de l'anonymat, la haine se donne libre cours, les fakes news déstabilisent.

Subrepticement, c'est la parole elle-même qui se détériore, se vide de sa force, de son sens. Or, on a tendance à l'oublier, elle est le fondement vital de l'humanité. On ne mesure pas assez les enjeux ni la gravité des menaces. C'est pourquoi nous avons voulu lancer cette alerte. En rappelant l'importance cruciale de la parole, dans sa double face, en tentant de faire le diagnostic de la situation présente, pour esquisser des issues.

Car il n'y a aucune raison d'être catastrophiste, ni de diaboliser les réseaux sociaux, le monde numérique ou l'IA. Le mot « crise » vient du vocabulaire médical d'Hippocrate. C'est l'instant où tout se décide, la croisée des chemins. Le malade va mourir ou guérir. La parole peut dépérir ou se revivifier. A condition de comprendre son statut, et de saisir ce qui lui arrive aujourd'hui.

Votre essai plonge donc dans les racines de la parole, historiques, philosophiques, linguistiques, comportementales, communicationnelles... Qu'en reste-t-il en 2023 ?

L'essentiel, heureusement, demeure : la parole continue d'instruire, de rassurer, de faire rêver, et de permettre les débats et les décisions, au sein des entreprises comme de toutes les organisations. Elle fait bien plus encore, car ce n'est pas simplement un outil. C'est le socle fondateur du monde humain. Sans parole, pas d'humanité. Montaigne le dit magnifiquement : « Nous ne sommes hommes, et nous ne tenons les uns aux autres, que par la parole ». Si elle se détériore, le lien entre nous se défait. Si elle venait à perdre son rôle central, c'est l'humanité même qui se perdrait.

En fait, la parole est le seul « super-pouvoir » dont nous disposons. Il permet la littérature, la poésie, la création, les sciences, la philosophie, les innovations, les techniques et leurs transmissions. L'inédit absolu qui bouleverse désormais le paysage, c'est que les machines parlent, nous parlent et que nous leur répondons. Enceintes connectées, agents conversationnels et même dead bots, qui font converser avec les morts comme s'ils étaient toujours vivants, n'en sont qu'à leurs débuts. Chat-GPT, et prochainement ses successeurs bien plus puissants, dessinent un horizon très différent de celui de la parole d'autrefois, où deux corps humains, présents au même endroit en face à face, échangeaient des propos.

Nous nous rapprochons du moment cru-cial ou cru-el qui verra la parole de l'homme et celle de la machine se superposer, devenir à la fois complémentaires et mimétiques, et même s'imbriquer dans une confusion de tous les dangers. Pire : la parole technologique pourrait disqualifier la parole humaine.

Il ne s'agit pas d'entretenir les fantasmes d'une prise de pouvoir par l'intelligence artificielle qui soumettrait les humains à ses volontés. Les machines n'ont ni pensée, ni volonté, ni représentation du sens, ni relation au monde tel que nous le connaissons. Mais il faut scruter attentivement ce qu'elles font à la parole. Car elles donnent de plus en plus l'illusion de parler « comme nous », et ce n'est qu'un début ! Le risque concerne évidemment la diffusion d'idées fausses, de biais cognitifs, de récits truqués. Mais, plus profondément, il s'agit, au niveau anthropologique, de savoir qui, de la parole humaine ou de la parole artificielle, va influencer l'autre. Les machines vont-elles imiter toujours mieux la parole humaine dans toutes ses intonations, ses inflexions, comme le recherche le courant de « l'informatique affective », ou serait-ce plutôt nous, les humains, qui allons peu à peu imiter le parler des machines, un parler devenu lapidaire, désincarné, artificialisé ?

La parole est bien l'une des principales « clé de voûte » civilisationnelle. Ce qu'elle est devenue est-il annonciateur d'un déclin, voire d'un dépérissement civilisationnel ?

Là encore, gardons-nous de tout catastrophisme. Nous sommes confrontés aux formes et aux dimensions nouvelles que le monde numérique globalisé donne à des tendances anciennes. Ce n'est pas Internet qui a inventé qu'on puisse médire, mentir, injurier ou harceler. Nous expliquons dans notre livre comment presque toutes les civilisations ont tenté de canaliser « la mauvaise langue » en la sanctionnant. Mais la parole négative a changé d'échelle. Anonyme, multidiffusée, dupliquée à l'infini, elle connaît un essor sans précédent qui intensifie sa nocivité. Nous ne croyons pas que la barbarie soit inéluctable. Mais, si nous lançons cette alerte sur la parole, c'est justement parce que le danger existe et qu'il faut sans cesse rappeler que les mots peuvent tuer aussi sûrement que des armes.

Chacun commence seulement à prendre la mesure du nouveau potentiel de destruction de la parole toxique, amplifiée par les réseaux sociaux et les connexions planétaires. Combien de personnes se trouvent attaquées de manière sauvage, et parfois irrémédiable, par des meutes de tweets et de messages, dans une surenchère de vindictes ? Plus préoccupant encore, combien d'entreprises voient leur réputation, et donc leur activité, entamée ou saccagée par le phénomène grandissant de fakes news incontrôlables, de campagnes de révélations mensongères, de rumeurs insidieuses ?

L'entreprise est-elle un théâtre singulier de la parole ?

Plutôt un lieu où se condensent et s'intensifient les caractéristiques présentes ailleurs. Car aucune entreprise n'est une île coupée du monde. Au contraire, tout ce qui traverse et agite la vie commune s'y retrouve, souvent de manière exacerbée. Si on regarde l'entreprise au prisme de la parole, on s'aperçoit d'abord que toute son existence, toutes ses activités reposent sur la parole. Le nom de l'entreprise, l'image qu'elle construit, sa réputation, sa communication, les relations internes entre salariés qui en font un théâtre permanent d'interactions sociales et parfois de conflits, tout cela est d'abord une affaire de mots, tout comme la promesse que comporte son activité. Quelle que soit la firme considérée, elle doit avant tout « tenir parole », sinon elle disparaît.

Au cœur du fonctionnement quotidien de l'entreprise, chacun sait combien la circulation des messages est cruciale, indépendamment de sa taille ou de son secteur. La rétention d'informations, les flux sélectifs, ou à l'inverse la surabondance inutile sont des entraves à l'efficacité, voire à la survie de l'entreprise. S'y entrechoquent aussi tous les conflits de caractère, de compétence, de concurrence, d'ambitions humaines. Les cas de harcèlement moral relevés dans les entreprises sont à la fois une affaire de pouvoir et de paroles nocives régulièrement proférées.

Sans parler des effets ravageurs de la parole négative dans la compétition avec les concurrents. Le numérique et l'anonymat favorisent à l'extrême la diffusion de rumeurs, l'émergence de « raids » ciblés qui nuisent gravement aux entreprises, les exemples ne manquent pas dans l'actualité. On peut y repérer les effets délétères du passage des arguments aux insinuations ou aux attaques personnelles. Au lieu de débattre des options et des contenus, on met en cause leurs auteurs pour ce qu'ils sont, et non pour ce qu'ils disent. Cette dérive, très ancienne, devient virale et finit par étouffer toute possibilité d'échange.

L'entreprise est théâtre d'enjeux qui peuvent se compléter harmonieusement ou faire conflit. Parmi eux, être soi - se réaliser - et faire un - contribuer à la réalisation de l'entreprise. La parole a-t-elle son « mot à dire » ?

De ce point de vue, ce qui est en jeu au sein de chaque entreprise est le premier modèle de l'articulation de l'individualisme et du collectif. A chacun sa carrière et ses ambitions, avec la concurrence et les luttes pour le pouvoir qui s'ensuivent. Mais à chacun aussi de faire en sorte que ses paroles et ses actes convergent pour réaliser les objectifs communs, sinon l'entreprise s'effondre. Cette tension est exemplaire de ce qui traverse la parole aujourd'hui.

Commence-t-on de mesurer ce que la généralisation du télétravail, et notamment la multiplication (effrénée) des visioconférences (minutées, avec ou sans visage, avec ou sans décor), provoque sur l'exercice de la parole ?

Cet impact est difficile à quantifier. Mais il est certain que la qualité du vécu s'en ressent. Les avantages des visioconférences sont impossibles à nier, mais leur excès n'est pas sans conséquences, avec le risque de généralisation d'une écoute passive, d'une présence absente, si l'on peut dire. Ce n'est pas un hasard, sans doute, si certaines visioconférences rappellent parfois ces séances de spiritisme où l'on est supposé dialoguer avec les esprits des morts : « Es-tu là ? Fais signe si tu nous entends ! On ne te voit pas... ».

Ce qu'est devenu le vocabulaire managérial - notamment pollué d'anglicismes - est-il symptomatique du délitement généralisé de la parole ?

L'usage forcené d'un vocabulaire managérial truffé jusqu'à la caricature d'anglicismes au nom d'une tyrannie marketing obsédante, ivre d'elle-même, participe à ce délitement d'une parole qui perd jusqu'à ses sonorités pour renforcer le club privilégié de « ceux qui en sont », au détriment des autres. C'est, en effet, très préoccupant.

Comment un patron, une gouvernance, l'ensemble d'un corps social doivent-ils « idéalement » considérer et exercer la parole ? Qu'est-ce qu'une « juste parole » du manager à son collaborateur, de la direction à ses actionnaires, de l'entreprise à son écosystème ?

La parole est interaction, ce qui signifie qu'elle s'adresse à des êtres parlants qui peuvent répondre et doivent être écoutés, quitte à être contredits ou combattus de manière argumentée. Le risque que génère une parole autoritaire, verticale, qui ordonne sans réplique possible, est l'exclusion, voire l'annulation, de l'autre. Il existe nécessairement des paroles sans répliques - des ordres, des consignes, des protocoles. Mais elles ne doivent pas envahir la totalité du paysage, sous peine d'une forme de totalitarisme. Il y a toujours, dans un accord commun tacite, le ressenti collectif partagé positivement d'une parole juste, équilibrée ou au contraire excédentaire, jouissant seulement de l'ascendant qu'elle veut forcer.

Une juste parole est celle qui commence par écouter et qui garantit la possibilité d'une réplique. Ce principe peut s'appliquer, selon des modalités chaque fois spécifiques, à tous les cas de figure.

Dans votre essai, le sujet de la liberté est indissociable de celui de la parole. Quelles sont, à vos yeux, les conditions justes et pertinentes de la "liberté de parole" en entreprise ?

Le sujet est important car, à nos yeux, l'entreprise pourrait être le lieu idéal pour vivre l'expérience d'une parole réendossée en toute responsabilité. La taille même des groupes humains que constituent les entreprises, où les individus passent une grande partie de leur vie, pourrait leur permettre de fonctionner comme laboratoire d'une expérience vécue au quotidien, d'une lutte contre la parole dévalorisée, qui deviendrait modèle pour la société dans son ensemble. Ce n'est pas censé être l'objectif premier de l'entreprise, mais les bénéfices humains engrangés seraient autant de progrès pour le fonctionnement collectif.

Bien sûr, la liberté absolue de parole, comme la transparence totale, est un fantasme irréalisable, mais aussi néfaste, dans les entreprises comme partout où doit s'exprimer un collectif.

La parole « levier de démocratie en entreprise », est-ce seulement un fantasme ou bien certaines conditions lui confèrent-elles d'être une possibilité ?

Des limites existent pour la parole en entreprise, telles des clauses de confidentialité ou de non-concurrence. Toutefois, à l'intérieur de ces frontières légitimes, le plus de démocratie possible doit se mettre en œuvre dans l'intérêt de l'entreprise elle-même. Car la confrontation des points de vue, des retours d'expériences est essentielle. La parole est aussi le vecteur de l'intelligence collective.

Et même si toutes les prises de décisions ne sont pas collégiales et n'ont pas à l'être, elles sont plus pertinentes si elles sont informées du maximum de données et de délibérations. Ce qui vaut pour les régimes politiques vaut pour les entreprises. « La démocratie est le pire des régimes à l'exception de tous les autres », disait Churchill. La perfection n'est qu'un idéal, dans ce domaine comme dans tous.

L'entreprise parfois réussit, souvent échoue à « tenir parole ». C'est le cas lorsqu'elle fait déshonneur à ses promesses, qu'elle rompt ses engagements, qu'elle ment. Tenir parole, c'est faire preuve de fiabilité, de courage, d'intégrité. C'est aussi l'une des manifestations de l'éthique. Le fréquent dévoiement de ces principes est-il l'une des causes du déficit de confiance des travailleurs ?

Rien de récent dans l'existence du mensonge, des manipulations et des tromperies. Il n'est pas certain qu'une déception morale soit la cause centrale du déclin actuel de la confiance. Il faut plutôt chercher du côté de la perte d'un horizon collectif, de l'effacement des récits positifs concernant l'avenir de tous, du sentiment que le travail ne fait pas vraiment sens. Ces phénomènes se tiennent à l'entrecroisement des mutations techniques et des changements des mentalités, et même de la conscience des individus. Des mutations de la subjectivité interviennent en effet, que nous tentons d'expliquer dans notre livre.

Individualisation, atomisation, externalisation, « archipélisation » caractérisent l'organisation des sociétés occidentales. Dans ce sillage, les collectifs humains (notamment au travail) se dissolvent. La parole numérique disqualifie de plus en plus la parole physique. Or n'est-il pas un fantasme fallacieux que la première peut « remplacer » la seconde ?

Aucune de ces deux formes, numérique ou charnelle, ne peut régner seule. Le tout numérique ferait des ravages, mais il serait absolument illusoire d'imaginer le remplacer intégralement par une situation de parole « à l'ancienne », en vis-à-vis, entre deux corps présents. Gommer l'histoire et les changements intervenus est pur fantasme. Le plus important est de garder en tête la puissance de la parole, ses conséquences concrètes, et notre responsabilité à son égard comme au nôtre.

Or ces points tendent aujourd'hui à s'oublier. En fait, la tendance de fond, qu'il s'agit de bien saisir pour la contrecarrer, est la tentation d'un grand « délestage » qui travaille les sujets contemporains. Nous forgeons l'hypothèse que notre société à l'individualisme forcené, d'où dérive un sentiment de grande solitude et d'isolement, est habitée par le désir de s'alléger du corps physique, charnel (avec ses limites, sa finitude, son déclin progressif) au profit d'une présence purement virtuelle, fantasmée comme éternelle. Pas de corps sur Internet, seulement des avatars et des mots, pas d'autre non plus, puisqu'on ne s'adresse qu'à ceux qui pensent pareil que soi, et qu'on annule et disqualifient ceux qui pensent autrement. Ainsi se débarrasse-t-on de tout horizon collectif, qui suppose des interactions, des compromis. Avec, au final, la tentation de se délester de toute responsabilité, en se laissant aller à une parole compulsive, incontrôlée, intarissable, comme si les mots n'avaient plus ni sens ni impact.

« Bien parler, c'est parler l'humain », estimez-vous. Parler l'humain est en péril, or c'est un impératif absolu, civilisationnel avant tout. Croyez-vous à sa reviviscence ?

Nous ne faisons la morale à personne. Quand nous disons qu'il s'agit de « bien parler », ce n'est pas une affaire de correction grammaticale ou de vocabulaire choisi. Nous désignons ainsi le fait de laisser place à la parole des autres, à l'écoute de ce qu'ils ont à dire. Quand existent des désaccords, parfois insurmontables, la haine, l'injure et le mépris ne sont pas des solutions.

Si nous lançons cette alerte sur la parole, c'est en pensant que rien n'est jamais joué, le dernier acte n'existe pas. Mais les menaces existent, et il s'agit d'établir le diagnostic et de le faire connaître. En rappelant inlassablement que les mots sont des actes.

A partir de là, le maître mot est « responsabilité » - au sens juridique comme au sens moral.

Que proposez-vous de concret qui protège la parole de ses dérives et des poisons qui la menacent, qui soutienne voire sanctuarise cet exercice « responsable » de la parole ?

Juridiquement, il convient de faire appliquer les lois existantes, et donc de porter en justice les cas d'atteinte à l'e-réputation, de diffamation, de racisme, d'antisémitisme, la difficulté étant que la violence verbale la plus répandue, de moyenne intensité, ne tombe pas forcément sous le coup des lois. Il convient aussi de limiter l'anonymat des messages et l'intraçabilité des émetteurs, et de mieux réguler les plateformes, avec leur aide. Ces mesures sont importantes, même si elles sont forcément imparfaites, puisque les législations sont nationales ou régionales, alors que les réseaux sont planétaires.

L'issue principale nous paraît résider dans la responsabilité morale individuelle. Chaque personne qui commence à reprendre conscience du pouvoir des mots, de leur poids et de leurs conséquences, ne parle plus mécaniquement, sans y penser, sans rien écouter.

« Respondeo » veut dire « je tiens mes engagements ». Être responsable, ce n'est pas seulement répondre aux autres, c'est « répondre de » la parole et de sa dignité, s'engager dans l'histoire commune et non lancer des invectives sans souci de leurs retombées.

Si cette prise de conscience s'étend, il y a des chances que la parole échappe à la destruction. Et l'humanité aussi. Cela dépend, en fait, de chacun.

Commentaire 1
à écrit le 15/02/2023 à 9:50
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