La baisse des exportations plombe le commerce extérieur français

Par Grégoire Normand  |   |  519  mots
Le déficit s'est établi à 6,01 milliards d'euros en mai, atteignant son montant le plus élevé depuis février 2017. Le déficit du mois d'avril a été revu à 5,21 milliards d'euros après 4,95 milliards en première estimation. (Crédits : Reuters/Benoit Tessier)
Le déficit commercial de la France s'est sensiblement creusé en mai, notamment sous l'effet du reflux des ventes aéronautiques après leur pic en avril, selon les derniers chiffres des douanes.

Le commerce extérieur français continue de connaître de sérieuses difficultés. Selon les derniers chiffres des douanes publiés ce vendredi 6 juillet, le déficit commercial s'est largement creusé au mois de mai pour s'établir à 6 milliards d'euros. Ces mauvaises performances interviennent dans un contexte de ralentissement économique au cours du premier semestre. Sur l'ensemble de l'année, les économistes de l'Insee et de la Banque de France ont révisé à la baisse leurs prévisions de croissance à 1,7% et 1,8% contre 2,3% pour 2017, qui reste une année exceptionnelle pour l'économie tricolore.

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Chute des exportations

Au mois de mai dernier, les exportations ont clairement reculé (-2% contre +2,9% en avril) alors que les importations se sont stabilisées (-0,1% après 2,8%). Le déficit cumulé sur les douze derniers mois s'élève à 61,6 milliards d'euros contre 63,1 milliards pour l'année 2017. Sur les cinq premiers mois de l'année, le déficit cumulé - en données corrigées de variations saisonnières et des jours ouvrés - atteint 27,1 milliards d'euros contre 29,2 milliards un an plus tôt.

Par secteur, les services de l'administration expliquent que les ventes relatives à l'industrie aéronautique ont clairement ralenti après avoir connu un pic au mois d'avril.

"En mai, les livraisons d'Airbus atteignent 1,6 milliard d'euros pour 22 appareils (dont aucun A380), contre 2,6 milliards d'euros en avril pour 26 appareils (dont trois A380)."

Pour les produits issus de l'industrie automobile, la balance commerciale se détériore également avec un reflux des ventes et une progression des achats. Enfin, en ce qui concerne les équipements électroniques, informatiques et électriques, et les machines industrielles, la détérioration du déficit s'explique principalement par une hausse des achats "car les ventes se maintiennent globalement à un haut niveau." À l'opposé, la balance commerciale s'est améliorée pour les produits énergétiques.

Repli des échanges avec le Proche et le Moyen-Orient

Par zone géographique, le solde avec le Proche et le Moyen-Orient s'est fortement replié en mai après un pic en avril. "Cette dégradation de la balance commerciale s'explique principalement par le contrecoup des très fortes livraisons aéronautiques vers le Qatar" indique le communiqué des douanes. Une dégradation du déficit est également visible avec l'Asie "sous l'effet conjugué de la baisse des exportations, après le rebond marqué d'avril, et d'une hausse des importations." Le service des douanes note une contraction des ventes aéronautiques à destination de la Chine, du Vietnam, de Singapour et de la Corée du Sud. Enfin, le solde avec l'Union européenne s'est amélioré en mai. La France importe moins de produits issus des pays membres de l'UE.

Pour le gouvernement qui veut favoriser les exportations des entreprises françaises, ces derniers chiffres représentent encore un mauvais signal. Même si la conjoncture a été très favorable en 2017 avec une croissance très favorable, le déficit commercial s'est encore creusé de 25% ces deux dernières années, au point de peser sur le PIB d'environ 0,6 point par an.