La croissance folle du financement participatif a ralenti en 2022 à cause de la baisse des dons

Par latribune.fr  |   |  740  mots
Le crowdfunding immobilier a récolté 1,6 milliard d'euros en 2022 en France, en hausse de 40% sur un an. (Crédits : DR)
Le crowdfunding sous forme de prêts ou de dons a augmenté de 25% en 2022. Une croissance époustouflante mais qui marque le pas par rapport à 2021 qui a connu une croissance de plus de 80% des financements participatifs. A l’origine de la perte de vitesse du secteur : l’inflation et la baisse du pouvoir d’achat des Français qui ont surtout fortement diminué leurs dons.

Le crowdfunding ou financement participatif a toujours la cote. Ce type de financement n'a jamais levé autant d'argent qu'en 2022, avec 2,3 milliards d'euros collectés selon le rapport annuel du groupe d'audit et de conseil Mazars et l'association Financement participatif France, publié jeudi.

Après une hausse de plus de 80% sur un an en 2021 et de 60% en 2020 et 2019, les fonds collectés par le financement participatif ont augmenté de 25% en 2022, marquant ainsi un record en termes de volume mais un ralentissement en termes de dynamique.

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Bonnes performances du crowdfunding immobilier et des prêts aux projets

Dans la famille des financements, les prêts participatifs se montrent particulièrement florissants ces dernières années. En 2022, sur les 2,3 milliards d'euros collectés - selon les réponses ou données estimées de 66 plateformes « qui représentent l'essentiel de l'écosystème » —, les projets en immobilier se taillent la part du lion avec plus de 1,6 milliard d'euros levés, en hausse de 40% sur un an. Le secteur aussi appelé crowdfunding immobilier se détache aussi par ses « performances insolentes », avec un taux de rendement interne de 9,4%, selon Bertrand Desportes, associé chez Mazars. Un fort rendement qui attire les investisseurs en quête de placements permettant d'éviter à leur épargne de se faire grignoter par l'inflation.

La santé de fer pour ce segment des financements participatifs pousse même certaines jeunes pousses françaises à s'internationaliser. Le 22 septembre 2022, la startup française ClubFunding Group, spécialisée dans les services financiers et l'investissement dans l'immobilier, a annoncé avoir levé 125 millions d'euros auprès de la banque publique d'investissement et de fonds privés. La raison de ce financement? Une croissance à l'international. « Le groupe nourrit de fortes ambitions dans un premier temps au sein des pays européens frontaliers comme le Benelux, l'Allemagne ou l'Espagne », a affirmé ClubFunding dans un communiqué.

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Toujours dans le segment des prêts participatifs, en 2022, près de 62.000 projets « à dimension sociale ou environnementale » ont aussi réuni 552 millions d'euros en demandant des prêts à des internautes sur des plateformes spécialisées. Il s'agit d'une hausse de 25% sur un an. L'entreprise TransOceanic Wind Transport a ainsi levé plus de 3 millions d'euros d'obligations convertibles en actions pour développer des voiliers-cargos, tandis que le village de Glange (Haut-Vienne) a recueilli 65.000 euros en prêt pour « rénover énergétiquement un ancien bâtiment de poste et le réhabiliter en centre de santé ».

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Diminution des dons

Mais un segment a véritablement marqué le pas : celui des dons. Les dons via le financement participatif sont en nette baisse pour ne représenter plus que 106,7 millions d'euros, presque moitié moins qu'en 2021 (196,8 millions) et encore plus loin du record de 2020 (218,5 millions). Pour les auteurs de l'étude, « la contraction des budgets des ménages en période inflationniste » a amplifié l'écart avec les années précédentes marquées par des « élans de solidarité des citoyens » face au Covid-19.

La diminution des dons s'est faite ressentir ailleurs en 2022. Selon l'édition 2022 de l'Observatoire des générosités, réalisée par Odoxa pour Leetchi et France Bleu, 35% des Français disent avoir moins donné ces 12 derniers mois. A 200 euros, le don moyen annuel a reculé, perdant 7 euros par rapport à l'année dernière. 81% des personnes interrogées ont déclaré qu'elles pouvaient « moins se permettre de [donner] qu'avant », en raison d'une baisse de leur pouvoir d'achat.

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Le 30 novembre, la  fédération des banques alimentaires a indiqué que les dons lors de sa « collecte nationale » organisée par les Banques alimentaires le week-end du 24 et 25 novembre étaient en baisse de 10% par rapport à l'an dernier. Celle-ci juge ce résultat « inquiétant » au vu du nombre croissant de personnes à aider. « Nous espérions collecter l'équivalent de 20 millions de repas. Nous n'en avons eu que 18 », a déploré auprès de l'AFP Claude Baland, le président de l'association.

Mais toutes les associations n'ont pas constaté ni subi cette baisse. Le Téléthon 2022 par exemple, s'est achevé sur un compteur de plus de 78 millions d'euros de dons, soit un niveau de promesses de dons supérieur à celui enregistré en 2021 en fin d'émission.

(avec AFP)