La popularité de Macron cesse de s'effriter

Par Grégoire Normand  |   |  1014  mots
"Dans un contexte de fortes attentes des territoires à l’égard de l’action publique, les bonnes opinions à l’égard d’Emmanuel Macron continuent de baisser chez les habitants de communes rurales (- 3 pts à 22%) et périurbaines (-6pts à 22%) alors qu’elles progressent chez les habitants de grandes agglomérations(+2pts à 37%)" souligne BVA. (Crédits : Philippe Wojazer)
L'enquête mensuelle réalisée par BVA pour La Tribune-Orange-RTL indique que 30% des Français ont une opinion favorable d'Emmanuel Macron contre 31% en janvier.

La popularité du président de la République a cessé de se dégrader. D'après le dernier baromètre réalisé par BVA pour La Tribune, Orange et RTL, la part des Français ayant une bonne opinion d'Emmanuel Macron se stabilise à 30% contre 31% le mois dernier. A l'opposé, la proportion de répondants ayant un jugement défavorable s'élève à 69%, au même niveau qu'en janvier.

Après une chute de presque de six mois, la popularité de Macron se stabilise dans les enquêtes d'opinion alors que le quadragénaire tente d'apaiser la colère des "gilets jaunes" depuis des mois. Cependant, les derniers rebondissements de l'affaire Benalla pourraient avoir des répercussions majeures dans l'opinion publique. Déjà à l'été dernier, lors des premières révélations sur l'ancien chargé de mission de l'Elysée, la part des opinions défavorables avait rebondi. Par ailleurs, si elle se stabilise, la popularité présidentielle reste à un niveau bas souligne BVA, "à proximité de notre mesure de février 2014 pour François Hollande (27% de bonnes opinions) et un net cran en dessous de celle réalisée pour Nicolas Sarkozy en février 2009 (41%)."

Fort rebond chez les indépendants

Le détail des résultats de l'enquête signale que la part des opinions favorables a fortement progressé chez les indépendants en passant de 30 à 39% en un mois. L'ancien ministre de l'Economie gagne également du terrain chez les salariés du privé avec quatre points en plus (de 28 à 32% de réponses positives).

En revanche, sa situation se dégrade nettement chez les salariés du secteur public où il perd 10 points en très peu de temps (32 à 22%). Le projet gouvernemental, hautement inflammable de réformer la fonction publique ne semble pas être bien accueilli par le secteur public. "Le texte de 33 articles a pour but de simplifier les instances de représentation du personnel, permettre un recours accru aux contractuels et mieux accompagner les mobilités des agents entre la fonction publique et le privé" rappelle Reuters. Chez les retraités, la cote de popularité du locataire de l'Elysée se détériore également passant de 40 à 37% alors que le gouvernement n'a pas prévu de reculer sur sa réforme à risque même si les événements des dernières semaines ont pu jouer sur le calendrier des travaux.

> Lire aussi : Emmanuel Macron peut-il accélérer les réformes  ?

Au niveau géographique, Emmanuel Macron est en mauvaise position chez les habitants des communes rurales (-3 points à 22%) et ceux des zones périurbaines (-6 points à 22%). Les dernières semaines marquées par les fortes mobilisations des "gilets jaunes" ont mis en avant ces populations qui réclament souvent une meilleure prise en compte de leur territoire par le pouvoir central. A l'inverse, la part des opinions positives est en progression chez les résidents des grandes agglomérations (+2 points à 37%).

En chute libre à droite

Sur le plan politique, les évolutions pour le chef de l'Etat sont très contrastées. Si sa cote de popularité grimpe de 15 points chez les sympathisants du Parti socialiste (à 45%), il perd 7 points chez les proches de la droite (à 28%) et conserve un socle très solide chez les sympathisants de la République en marche (95%). Du côté des sympathisants Rassemblement national (RN), l'ancien haut-fonctionnaire est toujours aussi impopulaire avec 93% de mauvaises opinions.

Dans le contexte du Grand débat, la part des répondants qui se disent prêts à attendre des résultats progressent de 13 points (45%) alors que la proportion des opposants aux réformes menées par le gouvernement baisse de 10 points (40%).  A l'approche de la fin de cet événement inédit, la prise en compte des synthèses de l'ensemble des réunions et consultations en ligne devrait être largement scrutée par une bonne partie de l'opinion publique après plus de trois mois de mobilisations des "gilets jaunes".

Edouard Philippe toujours devant

A Matignon, la popularité du Premier ministre se consolide. Après un net rebond entre décembre et janvier passant de 30 à 36%, la part d'opinions favorables se stabilise en février (36%). Cela fait ainsi plus d'un an que le chef du gouvernement voit sa cote de popularité dépasser celle du chef de l'Etat. "Les bonnes opinions à l'égard d'Edouard Philippe progressent chez les actifs (+3 points à 35%), une amélioration alimentée par une hausse chez les employés et ouvriers (+4 points à 26%) alors que les « CSP+ » (cadres et indépendants) restent des soutiens importants(+2 points à 44%)" souligne l'organisme de sondages.

Hulot toujours en tête

Au classement des personnalités, l'ancien ministre de la Transition écologique et des solidarités, Nicolas Hulot, arrive en tête du podium. 40% des personnes interrogées souhaitent ainsi que l'ancien présentateur de télévision ait davantage d'influence dans la vie politique française. Arrivent ensuite, Alain Juppé (29%, - 5 points) qui vient d'annoncer sa démission de la mairie de Bordeaux pour rejoindre le Conseil constitutionnel, et le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand (28%). L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy gagne également de la popularité chez les Français avec 27% d'opinions favorables (+3 points). Enfin, Marine Le Pen reste stable dans le dernier baromètre à 26%.

Du côté des partis politiques, Europe-Ecologie-Les Verts figure en tête du classement (45% de bonnes opinions). Loin derrière, le parti écologiste est suivi par République en Marche (33%) et les Républicains (27%). A l'opposé, le parti de Nicolas Dupont-Aignan Debout la France (20%), Générations (15%) de Benoît Hamon ou les Patriotes (13%) de Florian Philippot sont en bas  de tableau.

(*)Méthode : enquête réalisée auprès d'un échantillon de Français interrogés par Internet du 20 au 21 février 2019. Echantillon de 1012 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l'échantillon est assurée par la méthode des quotas appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, profession de la personne de référence du ménage et de la personne interrogée, région et catégorie d'agglomération.