La production industrielle continue de reculer en France

Par latribune.fr  |   |  768  mots
En août, la production industrielle avait reculé de 0,1% sur un mois, et celle de l'industrie manufacturière de 0,3%, selon l'Insee. (Photo d'illustration) (Crédits : Reuters)
La baisse de la production industrielle est particulièrement marquée dans le secteur des transports. L'automobile accuse le coup, avec une baisse de 5,8%. D'après une note récente du cabinet S&P, « l'industrie manufacturière souffre principalement de la morosité de la demande ».

Temps gris pour la production industrielle tricolore qui a baissé de 0,5% en septembre sur un mois, a indiqué l'Insee ce vendredi 3 novembre. Celle de la seule industrie manufacturière est en baisse de 0,4%. L'industrie française souffre particulièrement d'un repli dans les matériels de transports. Pour rappel, la production industrielle avait déjà reculé de 0,1% sur un mois en août, et celle de l'industrie manufacturière de 0,3%, selon des évolutions révisées en hausse par l'Insee.

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En septembre, la production s'est repliée dans un certain nombre de secteurs, comme les matériels de transport (-4,3%) dont l'automobile (-5,8%), les industries agroalimentaires (-1,4%), les industries extractives, énergie, eau (-0,8%) et les biens d'équipement (-0,5%), a détaillé l'Institut national de la statistique. A l'inverse, la production a progressé dans les « autres produits industriels » (chimie, pharmacie, métallurgie, etc., +0,7%) et la cokéfaction-raffinage (+6,4%).

Faut-il pour autant s'alarmer de cette baisse sur un mois ? Sur un an, la production industrielle a augmenté de 0,7% au troisième trimestre, et de 0,2% dans l'industrie manufacturière, grâce à une nette hausse dans les matériels de transport (+7%) ou la cokéfaction-raffinage (+10,3%).

Détérioration de l'activité manufacturière

La publication de l'Insee ce vendredi intervient alors que, la veille, le cabinet S&P Global et la Hamburg Commercial Bank (HCBO) a relevé une détérioration de l'activité manufacturière en France. Son indicateur a en effet reculé de 44,2 en septembre à 42,8 en août, son plus faible niveau depuis mai 2020, selon S&P. Pour rappel, une valeur supérieure à 50 est synonyme d'expansion de l'activité, tandis qu'une valeur inférieure à ce seuil est synonyme de contraction.

« Les fabricants français ont de nouveau été confrontés à une conjoncture très difficile en octobre, la production ayant reculé pour un dix-septième mois consécutif, tandis que le volume global des nouvelles commandes et les ventes à l'export ont affiché, hors mois de pandémie, leurs plus fortes baisses depuis mars 2009 », a commenté Norman Liebke, économiste à la HCBO.

« L'industrie manufacturière souffre principalement de la morosité de la demande, la faiblesse des ventes sur le territoire national et sur les marchés étrangers s'étant accompagnée de la plus forte réduction du travail en cours dans les usines françaises depuis le début de l'année 2020 », a-t-il ajouté.

Ce recul de l'emploi s'est traduit par des non-renouvellements de contrats temporaires, voire des licenciements. Selon le communiqué, les quelque 400 entreprises de l'industrie manufacturière interrogées ont fait part d'une diminution de la demande sur les marchés européens, notamment l'Allemagne, première économie européenne.

Une croissance française au ralenti

Les perspectives d'activité pour les douze prochains mois se sont aussi dégradées en raison de « la très grande faiblesse de la demande », le degré de pessimisme atteignant un point haut en trois ans et demi dans un contexte de taux élevés, a souligné S&P. Outre des suppressions de postes, les fabricants ont signalé la mise en place d'autres mesures de réduction des coûts, comme des volumes d'achats moindres.

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Plus largement, le produit intérieur brut (PIB) en France a progressé modestement de 0,1% entre juillet et septembre, selon une première estimation de l'Institut national de la statistique (Insee) dévoilée mardi dernier. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire y voit un signe de résilience de l'économie française, malgré le net ralentissement par rapport à la croissance de 0,6% enregistrée au deuxième trimestre et révisée en hausse de 0,1 point par l'Insee.

Il a confirmé la prévision du gouvernement d'une croissance de 1% en 2023, légèrement supérieure à celles de l'Insee et de la Banque de France (0,9%), après une hausse de 2,5% en 2022. Au troisième trimestre, l'activité économique française a bénéficié d'un rebond de 0,7% de la consommation des ménages, après une atonie printanière. Au troisième trimestre, les investissements des entreprises ont encore surpris par leur dynamisme (+1,5%). En revanche, les exportations se sont contractées de 1,4%, de sorte que la contribution du commerce extérieur à la croissance trimestrielle est négative.

Autre facteur défavorable pour la croissance à venir, la production manufacturière s'est repliée (-0,3%) et celle de services a ralenti (+0,3%). Pour Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, « l'économie française fait face à un ralentissement économique important, et celui-ci risque de perdurer ».

(Avec AFP)