Allemagne : le chômage repart à la hausse dans une économie morose

Selon l'Agence pour l'emploi allemande, le taux de chômage a atteint en octobre 5,8%, soit 0,1 point de plus qu'en septembre. Un effet négatif lié à l'essoufflement de l'économie allemande.
En octobre, le nombre de chômeurs allemands a augmenté de 30.000.
En octobre, le nombre de chômeurs allemands a augmenté de 30.000. (Crédits : MICHAEL DALDER)

En Allemagne, le climat économique morose produit ses premiers effets négatifs sur le marché du travail. Selon l'Agence pour l'emploi, le taux de chômage a atteint en octobre 5,8%, en données corrigées des variations saisonnières (CVS), soit 0,1 point de plus qu'en septembre. Le nombre de chômeurs a ainsi augmenté de 30.000 sur un mois. Une première en cinq mois. En données brutes, le nombre de chômeurs s'élève à 2,61 millions de personnes, soit environ 165.000 de plus qu'en octobre 2022.

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Au total, 3,44 millions de personnes étaient en sous-emploi en octobre, soit 191.000 personnes de plus qu'il y a un an, selon une définition plus large du chômage, qui inclut les personnes en incapacité ponctuelle ou bénéficiant de mesures pour l'emploi. Toutefois, cette augmentation est largement due au grand nombre de réfugiés ukrainiens en partie intégrés dans le marché du travail. Sans ce phénomène, le sous-emploi n'aurait représenté que 122.000 personnes de plus que l'année précédente.

Mauvaise passe pour l'économie allemande

« L'économie allemande est plus au moins à l'arrêt depuis maintenant une bonne année, ce qui ne reste pas sans conséquences visibles sur le marché du travail », a commenté la directrice générale de l'Agence fédérale pour l'emploi, Andrea Nahles, dans un communiqué. « Au vu des données économiques, il résiste relativement bien », temporise-t-elle.

Le gouvernement allemand table sur un recul annuel du produit intérieur brut de 0,4%. D'après le FMI (Fonds monétaire international), l'Allemagne sera le seul pays du G7 en récession en 2023. Son PIB pourrait en effet reculer de 0,5% selon l'institution.

La faiblesse de l'industrie en cause

L'essoufflement de l'économie allemande est lié notamment à l'affaiblissement de son industrie, affectée par la hausse des prix de l'énergie, l'inflation, les taux directeurs de la BCE élevés et une baisse de la demande externe. Au mois de juillet, la production industrielle allemande a ainsi reculé de 0,8% sur un mois, selon l'office de statistique Destatis. Une tendance baissière en cours depuis plusieurs mois déjà.

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À ces difficultés conjoncturelles s'ajoutent les problèmes structurels du pays, entre lourdeurs bureaucratiques freinant les investissements et vieillissement démographique. Selon l'institut de recherche économique IFO, l'Allemagne devrait connaître une crise démographique à partir de 2025, avec une population active en chute.

L'Autriche déjà récession

Les difficultés de l'Allemagne ont des répercussions au-delà de ses frontières. Et notamment en Autriche, où le PIB a diminué de 0,6% sur la période de juillet à septembre, par rapport au trimestre précédent, selon l'institut de référence Wifo dans une première estimation dévoilée lundi. Or, il s'était déjà contracté de -0,8% entre avril et juin. Il s'agit donc d'une récession au sens technique pour le pays alpin.

C'est une première depuis la pandémie de Covid-19, qui avait plombé l'économie autrichienne en 2020. Sur un an, l'indicateur a chuté de 1,2%. La tendance est morose depuis mi-2022 dans le prospère pays de 9,1 millions d'habitants, l'économie oscillant entre stagnation et déclin.

L'Autriche est particulièrement exposée aux difficultés en Allemagne voisine, qui est son principal partenaire commercial. Du côté du commerce extérieur justement, les exportations autrichiennes ont retrouvé de la vigueur, mais Wifo attribue cette performance à un probable effet de rattrapage après le net recul des mois précédents. Surtout, l'inflation élevée a continué à peser sur la demande des ménages (-1%) cet été. Les investissements des entreprises ont aussi marqué le pas.

(Avec AFP)

Commentaires 8
à écrit le 03/11/2023 à 8:38
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Que deviennent les milles et un esclaves du plus gros abattoir européen qui est allemand comme par hasard ? Ceux dont nous avons appris l'existence durant le covid.

à écrit le 02/11/2023 à 18:37
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Pitié @Idx, si vous ignorez aussi les subtilités, laissez moi au moins à Victor Hugo qui, dans le discours qu'il a prononcé en 1841 quand il a été reçu à l'Académie française, affirmait que son but est de "dévouer sa pensée au développement continu d...

à écrit le 02/11/2023 à 16:37
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Regardez la "locomotive économique allemande et inspirez-vous en!!!" n'ont cessé d'abreuver la plèbe les économistes "mainstream" durant des lustres, alors que les économistes hétérodoxes n'ont, eux, jamais cessé de dénoncer un "mirage économique", s...

à écrit le 02/11/2023 à 13:56
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Logique, mais comme le projet européen est de faire travailler comme le rsa, les gens payer en dessous du seuil de pauvreté, ben c'est juste qu'ils vont faire glisser une partie de la population dans des jobs a 1 euros.... Comme le travail forcé au...

le 02/11/2023 à 16:57
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@Gonzague. C'est dingue, n'est-ce pas, comme les économistes "mainstream" (pensée dominante) ont réussi durant si longtemps à "cacher" à la populace française les mini-jobs allemands, à 500 euros/mois et issus des réformes Hartz (qui ne datent pourta...

le 02/11/2023 à 17:45
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Pitié Raymond n'employez plus le mot populace qui n'appartient pas au langage soutenu vous avez le choix entre autres entre plèbe ou piétaille

le 03/11/2023 à 10:36
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Oui, car je pense aussi que le programme est décidé en dehors des pays ! nous ne pouvons pas dire non plus que l'europe a crée une cohérence économique si ce n'est pour faire de l'hélicoptère monnaie pour les banques et les établissements financier !...

le 03/11/2023 à 13:46
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@Gonzague. L'UE a en effet été fondée essentiellement sur le principe de la "société des marchands" et, en plus, (donc en pire) n'est aucunement dotée d'une zone monétaire optimale (ZMO selon les critères de l'économiste canadien, R. Mundell). Imparf...

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