La France affiche une croissance de 0,1% au 3e trimestre, signe d'un ralentissement

L'Institut national de la statistique a livré sa première estimation de l'évolution du produit intérieur brut au troisième trimestre, ce mardi. La conjoncture économique marque un ralentissement, à 0,1%, contre +0,6% au deuxième trimestre, relève l'Insee.
Bruno Le Maire salue une économie française qui se tient au troisième trimestre.
Bruno Le Maire salue une économie française qui "se tient" au troisième trimestre. (Crédits : BENOIT TESSIER)

[Article publié le mardi 31 octobre 2023 à 07h44 et mis à jour à 11h02] La croissance du produit intérieur brut (PIB) de la France a ralenti à 0,1% au troisième trimestre. Résultat, elle se maintient tout juste en territoire positif. Et ce, grâce au rebond de la consommation des ménages, selon une première estimation de l'Insee publiée ce mardi 31 octobre. L'exécutif n'a pas tardé à réagir. Bruno Le Maire a salué une économie française qui « se tient » au troisième trimestre.

Assurant avoir « tenu (ses) objectifs de croissance pour 2023 » (Bercy prévoit +1,0% sur l'année), Bruno Le Maire a estimé que le recul de l'inflation devrait permettre au gouvernement d'atteindre également ses objectifs en 2024, compris pour le moment dans une fourchette de 1,4 à 1,6%.

« Nous sommes parfaitement lucides sur les risques liés au conflit au Proche-Orient », a-t-il nuancé. « Toute extension du conflit amènera une flambée du prix des matières premières, une flambée des prix de l'énergie et par conséquent un impact sur la croissance européenne. »

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« La demande intérieure finale accélère et contribue positivement à la croissance du PIB ce trimestre (+0,7 point après +0,2 point au deuxième trimestre 2023), du fait de la hausse conjointe de la consommation des ménages, note l'Insee. À l'inverse, le commerce extérieur se contracte au troisième trimestre 2023 : les exportations se replient nettement après un deuxième trimestre dynamique (...). Dans ce contexte, le commerce extérieur contribue négativement à la croissance du PIB ce trimestre (-0,3 point après -0,1 point). »

Cette modeste progression du PIB entre juillet et septembre se révèle conforme à la prévision de l'Institut national de la statistique. Elle marque toutefois un net ralentissement par rapport à la croissance de 0,6% enregistrée au deuxième trimestre et révisée en hausse de 0,1 point par l'Insee. Ce solide résultat avait été « une surprise pour tout le monde », avait relevé Charlotte de Montpellier, macroéconomiste chez ING.

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Pour l'ensemble de l'année 2023, l'Insee anticipe une croissance de 0,9%, identique à la prévision de la Banque de France et un peu en dessous de celle du gouvernement (+1%).

Pour Charlotte de Montpellier, économiste chez ING, « bien que les détails soient plutôt bons » dans les chiffres du troisième trimestre, « ils ne modifient pas la réalité: l'économie française fait face à un ralentissement économique important, et celui-ci risque de perdurer ».

Avec un contexte économique qui se dégrade, une dette publique de plus de 3.000 milliards d'euros et un déficit public hors des clous de Bruxelles, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire n'a d'autre choix à présent que d'afficher une grande fermeté sur les finances publiques, s'il veut éviter de nouvelles dégradations de la note de crédit de la France par les agences de notation, ou des sanctions financières de la Commission européenne.

La consommation des ménages en hausse

Se disant « intraitable sur le désendettement », le locataire de Bercy a admis qu'il faudrait « revoir toute la copie » des prévisions « si le conflit au Proche-Orient s'étend », alors que Bercy table sur un redémarrage de la croissance à 1,4% en 2024. Dans le même temps, les taux d'intérêt élevés décidés par la Banque centrale européenne (BCE) pour refroidir l'inflation commencent à peser sur l'activité, pénalisant les investissements des ménages (dans la construction notamment) et des entreprises, quoique l'institution ait décidé une pause ce mois-ci, après avoir porté son taux directeur à 4%.

Les dépenses des ménages français en biens de consommation, elles, ont néanmoins connu un léger rebond de 0,2% en septembre. Dans le détail, elles ont été portées par une hausse des achats de produits alimentaires (+1,2%), a indiqué l'Insee, ce mardi. Les économistes interrogés par Reuters tablaient en moyenne sur une hausse de 0,4% des dépenses des ménages en septembre.

« C'est la preuve que pour la première fois depuis de nombreux mois, le revenu des ménages augmente plus vite que l'inflation », a commenté Bruno Le Maire lors d'une conférence téléphonique avec des journalistes.

« Ce redémarrage de la consommation est d'autant plus important que le taux d'épargne des ménages a explosé au cours des derniers mois », a-t-il poursuivi, estimant que ce taux, passé de 15 à 19% en France, explique en partie le différentiel de croissance avec les Etats-Unis où l'épargne a au contraire reculé de 9 à 5%.

Ce rebond est porté essentiellement par une hausse de la consommation alimentaire (+1,2%). Les ménages ont réalisé davantage d'achats de produits agroalimentaires, en particulier dans les rayons boissons, boulangerie et pâtes. La consommation alimentaire est toutefois inférieure en septembre de 3,9% par rapport à septembre 2022.

Les dépenses en biens fabriqués sont quasi stables (+0,1%, après -0,8% en août), surtout portées par une légère augmentation des achats d'équipement du logement (+0,8% après -5,5 %), notamment des ordinateurs et des téléphones. Les achats dans le secteur de l'habillement et du textile sont eux aussi quasi stables (+0,1% après -2,4% en août). La consommation d'énergie a en revanche diminué de 1,3% en septembre après un repli de 0,7% en août.

Sur l'ensemble du 3e trimestre, la consommation augmente ainsi de 0,8% par rapport aux trois mois précédents, malgré une baisse en août, révisée de 0,5 à 0,6%, précise l'Institut national de la statistique et des études économiques.

« Dans le contexte d'une inflation plus faible, (d'augmentations) des salaires et d'un marché du travail encore dynamique, on a une petite bouffée d'oxygène pour certains ménages », a commenté Ana Boata, directrice de la recherche économique chez Allianz Trade, auprès de l'AFP.

Les investissements des entreprises ont eux continué à faire preuve de dynamisme (+1,5%). En revanche, après un deuxième trimestre dynamique, les exportations se sont contractées de 1,4% sur la période, de sorte que la contribution du commerce extérieur à la croissance est négative. La production manufacturière s'est également repliée, de 0,3%, et celle de services marchands a ralenti à 0,3%.

(Avec agences)

Commentaires 22
à écrit le 31/10/2023 à 14:17
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La honte, quand on pense au triste ministre incompétent des finances bruno qui avait dit "nous allons couler l'économie Russe", alors que c'est nous qui allons rentrer en récession économique comme l'ensemble de zone Euro et on fini par acheter du ga...

à écrit le 31/10/2023 à 13:38
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comme mettre les russes a genoux... ah ah ah démonétiser l'information correspond au fait que le constat reste la seule réalité et celle ci dit qu'avec un commerce extérieur a -200 milliards , ben disons qu'a présent a force d'endettement, tout fi...

à écrit le 31/10/2023 à 12:59
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La sacro-sainte croissance, décidément nos décideurs ne savent pas ce qu ils veulent, entre la croissance et le serrage de ceinture, dur d avoir le beurre et l argent du beurre.

à écrit le 31/10/2023 à 12:21
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Avec l'inflation qu'on subit, peut être que en valeur ça augmente encore un peu mais les volumes diminuent. Cadre informaticien de 50 ans j'ai des revenus qui étaient confortables, mais avec 26% sur l’électricité et le camembert au lait cru qui attei...

le 31/10/2023 à 14:29
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Bonjour, Cadre fonction publique, je fais comme vous. Energie en hausse, alimentation +22% en 2 ans, essence, hausse du point d'indice limitée = pâtes

le 31/10/2023 à 15:02
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Vous voulez un psy ? il y a des millions de gens qui ont vraiment du mal à joindre les 2 bouts et qui ne s'épanchent pas publiquement, d'autant que "cadre informaticien", ça ne colle pas avec la situation de ces personnes : un ingé infratructure en s...

le 31/10/2023 à 18:13
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Je ne demande pas l’aumône, je vous explique que la croissance elle est fichue si même les gens privilégiés comme moi font attention. Et je vous dit que je ne sais pas comment font les autres qui eux galèrent surement. Évidemment je mange du camember...

à écrit le 31/10/2023 à 11:26
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La récession pour le 1er trimestre 2024, comme l'Allemagne et peut être l'Italie. Car après les fêtes de fin d'année ce sera le temps des vaches maigres des ventres mous et des poches vides. Déjà une consommation des ménages de + 0,2% c'est à peu prè...

à écrit le 31/10/2023 à 10:37
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En fait, comme l'écrivais déjà une journaliste économique en 2017 (ex-analyste dans la finance), notre prix de consolation en 2023 ressemble d'une certaine manière à sa vision de l"'économie Coca Zéro": "Avez-vous déjà bu un Coca Zéro? Il a presque ...

à écrit le 31/10/2023 à 9:54
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Faudra un jour que ce clown apprenne ce qu'est une croissance apres avoir revise la surface d'un ha. En deca de 3%, pas de croissance.

le 31/10/2023 à 11:10
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Quelle école économique enseigne que la croissance commence à 3 % ?

le 31/10/2023 à 13:14
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Quand l'inflation est a plus de 4%, 3 % c'est mieux que 0,1. Capito ? En l'occurence, on ne parle pas d'ecole, juste de calcul.

à écrit le 31/10/2023 à 9:45
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( les faillites des très petites entreprises s envolent de plus de 65% ). mauvaise nouvelle pour la fin d année ?

le 31/10/2023 à 11:11
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Et combien de créations d'entreprises ?

le 31/10/2023 à 11:42
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@marc469. Lorsqu'on s'appuie sur la création des micro-entreprises (sachant leur espérance de vie et leur chiffre d'affaire) pour faire parler les chiffres du gouvernement, alors c'est la preuve que nous sommes tombés bien bas. Par ailleurs, depuis t...

à écrit le 31/10/2023 à 9:33
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La croissance s'exprimera désormais avec trois chiffres après la virgule tant elle devient faible !!!

à écrit le 31/10/2023 à 8:40
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Le jour où le triste sire ministre bruno, révisera les fondamentaux de l'économie mais surtout avec de l'honnêteté intellectuelle qu'il n'a visiblement pas, on commencera à comprendre que nous sommes en très facheuse posture depuis des décennies avec...

à écrit le 31/10/2023 à 8:35
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À quoi sert un ministre de l’économie agrégé de lettres modernes ?

le 31/10/2023 à 9:30
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A faire des beaux discours, pas des économies !!

à écrit le 31/10/2023 à 8:11
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« Grâce à une hausse de la consommation des ménages »..De quoi parle t on du volume ou des prix pratiqués par les industriels et les distributeurs..? mon quotidien pencherait pour la 2eme… cadre, je déconsomme devient plus sélectif - pas de produ...

à écrit le 31/10/2023 à 8:11
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« Grâce à une hausse de la consommation des ménages »..De quoi parle t on du volume ou des prix pratiqués par les industriels et les distributeurs..? mon quotidien pencherait pour la 2eme… cadre, je déconsomme devient plus sélectif - pas de produ...

à écrit le 31/10/2023 à 8:10
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Grâce à une hausse de la consommation des ménages? De quoi parle t on du volume ou des prix pretzisuesvpat les industriels et les distributeurs.. mon quotidien pencherait pour la 2eme… cadre, je déconsomme devient plus sélectif - pas de produits ag...

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