Le déficit public français fait mieux que prévu et diminue à 4,7% du PIB en 2022

Par latribune.fr  |   |  997  mots
Pour stabiliser sa dette, Bercy compte présenter un nouveau programme de stabilité fixant la trajectoire des finances publiques pour les prochaines années. (Crédits : Reuters)
La dette publique et le déficit se sont résorbés d’après les derniers chiffres publiés par l'Insee, ce mardi 28 mars. Le ratio d’endettement public s'établit à 111,6% quand le déficit devrait s’est résorbé à 4,8%. Des chiffres bien meilleurs que ceux de 2020 et 2021 dus à une augmentation des recettes captées par l’Etat.

Les finances publiques s'assainissent lentement mais sûrement. Selon les chiffres publiées par L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), ce mardi 28 mars, la dette publique s'est résorbée à 111,6% du produit intérieur brut en 2022, ne dépassant pas le seuil de 3.000 milliards d'euros, et le déficit public s'est aussi contracté pour atteindre 4,7% du PIB. Il s'agit d'un résultat bien meilleur que celui fixé  par le gouvernement qui tablait sur 5% de déficit.

Peu après la publication de ces chiffres, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a déclaré que « La résilience de notre économie nous permet de réduire le niveau de dette publique à 111,6% du PIB et de respecter notre objectif de finances publiques », avec un déficit à 4,7%, a déclaré le ministre en réaffirmant sa « détermination » à rétablir les comptes publics.

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Une année 2022 meilleure que 2021 et 2020 grâce à la croissance

En janvier, le ministre délégué aux Comptes publics, Gabriel Attal, avait déjà annoncé que le déficit budgétaire pour l'année 2022 serait de 151,5 milliards d'euros, soit 19,5 milliards de mieux par rapport aux prévisions de la dernière loi de finances rectificative. Cette amélioration s'explique notamment par des recettes fiscales additionnelles de 7 milliards d'euros. Après son envol en 2020, à 114,6% du fait de la crise sanitaire, le ratio de dette publique avait amorcé un léger recul en 2021 grâce à un rebond de la croissance, atteignant 112,8% du PIB. Le déficit public quant à lui s'était établi à 6,5% en 2021 sur fond de ralentissement de la croissance à 2,6% l'an dernier.

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Néanmoins, ces niveaux restent bien supérieurs à ceux qui prévalaient avant les crises sanitaire puis énergétique, quand l'endettement était limité à moins de 100% du PIB et le déficit public s'affichait à 3% du PIB en 2019.

Fortes dépenses de l'Etat suite au Covid et à la crise énergétique

Chômage partiel, prêts garantis aux entreprises, chèques exceptionnels, ristourne à la pompe... Avec le « quoi qu'il en coûte », l'Etat a en effet dépensé sans compter afin de protéger ménages et entreprises du choc de la pandémie puis des conséquences de la guerre en Ukraine, dont une inflation galopante. Et cette envolée de l'endettement pèse sur les finances publiques en alourdissant considérablement la charge de la dette. « Le coût annuel des intérêts de l'emprunt est le deuxième poste budgétaire de l'Etat » derrière l'Education nationale, alerte Lisa Thomas-Darbois, responsable du pôle économie et action de l'Etat à l'Institut Montaigne.

Le problème de la remontée des taux

Problème, avec la remontée des taux directeurs de la Banque centrale européenne, passés de négatifs au printemps 2022 à une échelle entre 3 et 3,75% en mars 2023, le financement de la dette des Etats européens va coûter beaucoup plus cher à l'avenir. Les taux d'intérêt auxquels l'Etat emprunte sur les marchés sont fortement remontés avec l'inflation. Et pour ne rien arranger, un dixième de la dette française est indexé sur l'inflation, ce qui alourdit d'autant son coût. La charge des emprunts publics s'est accrue de 13 milliards d'euros en un an, à plus de 51 milliards en 2022, alors que les taux des obligations françaises à 10 ans ont brutalement rebondi autour de 3% après des années de taux très bas voire négatifs.

Pour rétablir les finances publiques, le gouvernement mise principalement sur une hausse du PIB plus rapide que celle des dépenses, qui feraient l'objet de « plusieurs milliards d'euros d'économies » dans le projet de finances (PLF) 2024, selon le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire. Mais ce pari est incertain. Alors que le gouvernement table sur 1% de croissance en 2023, dans sa dernière note de conjoncture dévoilée mercredi 15 mars, l'Insee a révisé très légèrement à la baisse (-0,1 point) ses prévisions de croissance du produit intérieur brut (PIB) pour le premier trimestre à 0,1% contre 0,2% en février. Pour le second trimestre, l'institut statistique table désormais sur une croissance de 0,2% après une fin d'année 2023 dans le rouge (-0,2%). L'objectif du gouvernement d'atteindre 1% de croissance en 2023 s'éloigne toujours plus. « Il faudrait atteindre 0,5% de croissance au troisième trimestre et au quatrième trimestre 2023 pour obtenir 1% de croissance en 2023 », explique Julien Pouget, chef du département de la conjoncture à l'Insee. A noter, les derniers chiffres de l'Insee s'alignent ainsi sur les dernières projections de la Banque de France pour le premier trimestre.

Le gouvernement veut "rétablir" ses finances publiques

La Cour des comptes a donc sonné l'alarme début mars, s'inquiétant de la lenteur du gouvernement à rétablir les finances publiques. Elle a estimé que le déficit se résorberait trop tardivement, ne passant sous la limite européenne des 3% du PIB qu'en 2027, tandis que la dette resterait peu ou prou à son niveau actuel, à 110,9%. Les magistrats financiers avaient même pointé le risque que celle-ci se creuse.

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« On assume qu'il faut rétablir nos finances publiques et on assume de ne pas le faire de manière brutale », avait rétorqué le ministre chargé des Comptes publics, Gabriel Attal, ce qui donnerait « plus de chômage, plus d'impôts et plus de dette ». Pour ce faire, le gouvernement prévoit de présenter vers la mi-avril son nouveau programme de stabilité fixant la trajectoire des finances publiques pour les prochaines années.  Il mise principalement sur une hausse du PIB plus rapide que celle des dépenses, qui feraient l'objet de « plusieurs milliards d'euros d'économies ». La croissance est anticipée par l'exécutif à 1% en 2023.

(Avec AFP)